« Demain, armez-vous de couteaux, de machettes et autres, on va se venger par force ». Voilà l’appel qu’un responsable de Pastef à Dakar a lancé dimanche à ses partisans. Sous prétexte qu’ils ont été victimes d’attaques de la part des partisans de Barthélémy Dias, maire de Dakar, Abass Fall a promis vengeance aux siens.
Pourtant, l’ancien député soutient que malgré l’attaque, ses partisans ont bastonné ceux de Dias fils et les ont fait fuir. Mais pour lui, ce n’est pas assez. « Ça ne me suffit pas », dit-il. Il faut donc que ses partisans lancent à leur tour un assaut contre Dias et compagnies pour que Fall soit satisfait. C’est à la limite un appel à meurtre ! Certains de ses compagnons, certainement plus lucides que lui dans ces circonstances, ont essayé de le raisonner en lui faisant comprendre qu’il ne doit pas parler ainsi, mais Abass Fall n’en a cure, il ne veut pas qu’on lui rappelle que tout n’est pas à dire.
Et le plus grave dans tout cela, c’est que ce responsable politique avertit la force publique avant le passage à l’acte. « Je mets le ministre de l’intérieur devant ses responsabilités », dit-il. Et justement, les autorités doivent prendre leurs responsabilités. Et la première devrait consister à freiner tout de suite Abass Fall. Cela peut aller d’un communiqué à l’interpellation du concerné pour incitation à la violence voire appel au meurtre.
Peu importe le contexte électoral, contrairement à ce qu’affirme Abass Fall, la campagne électorale ne donne pas droit à tout. Ce n’est pas parce qu’on est en campagne que les lois sont suspendues et que la République doit devenir une jungle durant 21 jours. Abass Fall doit avoir une mémoire courte pour faire une telle affirmation. En 2019, lors de la présidentielle, une attaque ayant fait mort d’homme a eu lieu à Tamba impliquant des éléments du PUR. Les coupables présumés ont été arrêtés et mis en prison. Bref, une campagne électorale ne saurait transformer une république en un no mans land.
Si cet appel reste impuni, ce serait alors la porte ouverte à toutes les dérives. De 2021 à 2024, Pastef a été très souvent catalogué comme un parti violent. Aujourd’hui, ils ont les moyens de l’Etat, ils ont la capacité de recruter les nervis comme le faisait l’Apr il y a moins d’un an. C’est le moment ou jamais de démentir cette réputation de violence. La rupture tant annoncée doit s’appliquer à ce point.
Mais il n’est pas question de passer sous silence le comportement de Barthélémy Dias. L’homme est déjà connu pour son discours violent, mais aussi son attitude violente. Le cas Ndiaga Diouf devait lui servir d’exemple, mais apparemment il n’a pas appris de son passé. Barthélémy pense pouvoir défier la République sans conséquence. Lui aussi doit être freiné pendant qu’il est temps.
Comme aiment le dire les gens de Benno, l’Etat doit rester fort, il doit rester debout, mais sa puissance doit s’appliquer avec équilibre, sans parti pris. Autrement, sa violence doit rester légitime parce que s’appliquant à tous et de façon proportionnée.
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