« Résistance » : El Malick Ndiaye redéfinit le combat politique au pouvoir
Le Sénégal conserve désormais une trace écrite de son histoire politique récente. Ce week-end, El Malick Ndiaye, président de l’Assemblée nationale et secrétaire national à la communication de PASTEF, a présidé la cérémonie de dédicace de l’ouvrage « Résistance, Chronique de la révolution patriotique du Sénégal », signé par Ibrahima Diallo, cadre de la communication à la présidence. Plus qu’une présentation littéraire, l’événement s’est transformé en manifeste politique, esquissant la transition du statut d’opposant à celui de gouvernant.
En prenant la parole, El Malick Ndiaye a salué la mémoire de la cantatrice Khar Mbaye Madiaga avant de revenir sur les années de lutte du PASTEF. Il a qualifié les militants d’« incassables », résistants face à la répression, l’exclusion et la violence.
Un hommage solennel a été rendu aux martyrs "tombés pour la liberté" , aux blessés et mutilés, aux détenus et exilés politiques, ainsi qu’aux citoyens ayant perdu leur emploi ou leur stabilité sociale par engagement souverainiste. Pour El Malick Ndiaye, l’ouvrage d’Ibrahima Diallo constitue un « acte de vérité » destiné à préserver la mémoire de ces sacrifices.
Son discours s'est porté sur la redéfinition du concept de « résistance ». Selon lui, la lutte ne s’arrête pas avec l’accession au pouvoir , elle change de visage.
« Résister, aujourd’hui, c’est gouverner avec intégrité. C’est refuser les privilèges indus et protéger les institutions au lieu de les instrumentaliser », a-t-il affirmé, rappelant que le pouvoir est une charge sacrée et non une récompense. Cette vision impose, selon lui, une transparence supérieure à celle des prédécesseurs.
Cap sur l’avenir
El Malick Ndiaye a invité les militants à sortir de la posture d’opposition pour assumer pleinement leurs nouvelles responsabilités. Il a insisté sur la discipline communicationnelle, en conformité avec les directives du leader Ousmane Sonko.
Deux objectifs majeurs ont été fixés. La massification : atteindre un million de nouveaux adhérents. La pérennisation de l’histoire : produire des films et créer un musée des victimes patriotes (MVP), destiné à honorer la mémoire du combat pour les générations futures.
En conclusion, Ndiaye a présenté l’ouvrage comme une « boussole » pour tous ceux qui croient en un Sénégal souverain. Pour lui, l’exercice du pouvoir est une nouvelle épreuve de sacrifice, où la résistance se traduit désormais par l’intégrité et la responsabilité.
Commentaires (12)
Le décès de Khar Mbaye Madiaga, icône de la musique sénégalaise et patrimoine vivant de notre culture, en est une illustration frappante. De par son parcours, son engagement et sa portée symbolique, le président Diomaye aurait dû être parmi les premiers à lui rendre hommage. Ni lui, ni son Premier ministre ne l’ont fait. C’est regrettable.
Ce silence n’est malheureusement pas un cas isolé. La même attitude a été observée lors du décès de Dial Mbaye et d’autres personnalités qui ont pourtant marqué l’histoire culturelle, intellectuelle et sociale du Sénégal.
À ce stade, force est de reconnaître que l’ancien président Macky Sall se montre bien plus constant et humain dans ces moments. Il rend régulièrement hommage, félicite, encourage et reconnaît les mérites des Sénégalais, même en dehors de tout calcul politique.
À titre d’exemple, il y a à peine deux semaines, Macky Sall, et lui seul, a publiquement félicité le Pr Souleymane Bachir Diagne, lauréat du Prix Paris-Liège 2025, saluant une œuvre qui honore la pensée africaine et rappelle l’importance d’un humanisme ouvert et du dialogue entre les cultures. Là encore, aucune réaction officielle du président en exercice ni de son Premier ministre.
Un président n’est pas seulement un gestionnaire ou un chef d’institutions : il est aussi le garant de la mémoire collective, le symbole de la reconnaissance nationale. Rendre hommage ou féliciter une œuvre n’est pas de la politique politicienne ; c’est affirmer nos valeurs, notre humanité et notre identité.
À l’ère du numérique, cela ne demande pourtant pas grand-chose : un simple message sur Twitter/X, Facebook ou d’autres plateformes officielles. Le service de communication de la Présidence a un rôle essentiel à jouer.
C’est aussi cela, le Sénégal : reconnaître celles et ceux qui ont contribué à son rayonnement, qu’ils soient artistes, intellectuels ou citoyens engagés.
Ce manque de sensibilité est décevant. Gouverner, c’est aussi savoir dire merci, saluer une œuvre, honorer une mémoire. Sur ce terrain, l’actuel pouvoir doit clairement faire mieux.
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