Le cardinal Barbarin, visé par quatre plaintes pour non-dénonciation d'agressions sexuelles, multiplie les gestes. Comme recevoir des familles de victimes.

Mgr Philippe Barbarin veut apaiser la colère des victimes du père Bernard Preynat, ce curé soupçonné d'actes de pédophilie sur des scouts lyonnais durant les années 1980.

Critiqué pour sa gestion du scandale et son manque de compassion, l'archevêque de Lyon tente ainsi d'inverser la tendance. Selon nos informations, celui qui est visé par quatre plaintes pour non-dénonciation d'agressions sexuelles a, vendredi et samedi derniers, rencontré en pleine Semaine sainte des parents d'enfants ayant été la proie, il y a plus de trois décennies, des déviances du père Bernard . Les faits de pédophilie concernant ce curé mis en examen fin janvier viennent d'être déclarés non prescrits par le juge d'instruction, la procédure peut donc se poursuivre.Parmi les parents d'anciens scouts rencontrés en fin de semaine dernière par M gr Barbarin figure un couple qui cherchait à dialoguer personnellement avec lui depuis plusieurs mois, et qui a enfin décroché un rendez-vous. « Il a fallu qu'on insiste. Le cardinal n'a jamais réagi que sous la menace », regrette-t-il. Il reproche au dignitaire religieux de ne pas avoir écarté immédiatement le prêtre pédophile lorsqu'il a été au courant de ses agissements en 2007-2008 et d'avoir attendu 2015 pour le suspendre de ses fonctions.  

On lui a dit : Si vous ne reconnaissez pas que vous vous êtes trompé, les gens ne vous lâcheront jamais ! »

Cet entretien a duré « une heure trois quarts ». « On ne demande pas des excuses et des pardons, on lui demande de reconnaître qu'il n'avait pas pris la mesure du problème et qu'il a commis une faute. On lui a dit : Si vous ne reconnaissez pas que vous vous êtes trompé, les gens ne vous lâcheront jamais ! » confie le couple. Pas de commentaire dans l'entourage du cardinal qui refuse de préciser si d'autres rendez-vous sont programmés ces jours prochains. « Ces rencontres ne sont pas l'objet de communication », justifie son directeur de cabinet.Dans ce qui ressemble à une opération reconquête, M gr Barbarin, conseillé par une agence spécialisée en communication de crise, avait déjà il y a une semaine demandé « pardon » aux victimes de prêtres pédophiles lors de la messe chrismale.Autre geste d'apaisement : il réfléchit à « renouveler » et à « renforcer » la « cellule d'accueil, d'écoute, de soutien et d'orientation » des victimes au sein de l'archevêché. Celle-ci avait été jugée totalement incompétente ces derniers mois par la Parole libérée, le collectif de victimes de prêtres pédophiles. « Il faut faire en sorte que cette structure ne repose plus sur une seule personne », décrypte un proche du primat des Gaules. L'archevêque envisage également de s'entourer d'une commission d'experts composée, notamment, de juristes et de psychologues, afin de l'aider à « évaluer les cas compliqués » au sein de son diocèse. Autrement dit : « Qu'est-ce qu'on fait d'un prêtre soupçonné d'agressions sexuelles ? » Ces signaux envoyés aux victimes ne convainquent pas l'association la Parole libérée. « C'est une stratégie très tardive qui l'affranchit de toute responsabilité sur ses non-décisions en 2007-2008. Nous, on souhaite qu'il se positionne sur ce qu'il n'a pas fait. On attend donc qu'il reconnaisse ouvertement qu'il a mal apprécié la situation », insiste Bertrand Virieux, l'un de ses fondateurs.

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