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Pénurie de carburant au Mali après un mois de blocus jihadiste

Auteur: AFP

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Pénurie de carburant au Mali après un mois de blocus jihadiste

Au Mali, chaque entrée dans Bamako de camions-citernes escortés par l'armée est désormais un exploit, conséquence d'un blocus jihadiste en cours depuis un mois sur le carburant importé des pays voisins et dont la pénurie commence à perturber fortement ce pays sahélien enclavé.

Depuis le mois de septembre, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, s'attaque aux camions-citernes de carburant venant notamment du Sénégal et de la Côte d'Ivoire, par où transite la majorité des biens qu'importe le Mali.

Selon le JNIM, c'est en représailles à l'interdiction par les autorités maliennes de la vente de carburant hors stations en milieu rural, où le carburant est transporté dans des jerricanes pour être vendu ensuite. La mesure avait pour but d'assécher les moyens d'approvisionnement des jihadistes, selon les autorités.

Malgré les escortes de l'armée malienne, plusieurs camions ont été incendiés, des chauffeurs et militaires tués ou enlevés dans des embuscades jihadistes.

Le JNIM "cherche ainsi à asphyxier (la capitale malienne) Bamako en coupant ses artères logistiques", analysait fin septembre le think tank Timbuktu Institute, basé à Dakar.

- Stock de sécurité "épuisé" -

Après un mois de blocus jihadiste, le stock de sécurité de l'Office national des produits pétroliers (ONAP), censé couvrir trois jours de consommation nationale, est désormais "épuisé", car déjà injecté dans le circuit de distribution, indique l'organisme à l'AFP.

"La semaine dernière, une dizaine de citernes ont été brûlées sur la route de la Côte d'Ivoire. Cela a joué énormément sur nos prévisions. A ce jour, nous n'avons aucune visibilité sur la fin de la pénurie et sur l'approvisionnement correcte du pays", ajoute l'ONAP.

Bamako, capitale jadis épargnée par la pénurie grâce à son rang prioritaire dans l'approvisionnement, est désormais touchée comme l'intérieur du pays, où la pénurie frappe depuis quelques jours.

"Nous avons clairement fait savoir aux autorités que nous ne pouvons pas garantir la fourniture dans les régions. La priorité c'est vraiment Bamako et les usagers", déclare à l'AFP un responsable du groupement des professionnels du pétrole.

Depuis lundi, de longues files de voitures et de motocyclistes et des attroupements d'usagers munis de jerricanes sont visibles devant les quelques stations encore ouvertes dans la capitale malienne.

"Hier (lundi), j'ai passé toute l'après-midi dans les files d'attente pour ne rien trouver. Ce matin, je ne peux malheureusement pas sortir pour faire des livraisons", témoigne un conducteur de tricycle.

"Depuis lundi, j'ai eu toutes les difficultés du monde. J'ai dû pousser ma moto du quartier Djicoroni à Badalabougou, environ neuf kilomètres, sans jamais avoir de carburant", explique un autre.

Selon le groupement des professionnels du pétrole, "le carburant va arriver au compte-goutte", car les "citernes ne peuvent prendre le départ que sur autorisation des escortes militaires", non régulières et toujours attaquées.

- "Fourniture du courant à l'arrêt" -

La pénurie exacerbe les graves coupures d'électricité récurrentes qui plombent l'économie malienne depuis cinq ans, l'énergie du pays étant essentiellement thermique.

De 19 heures par jour, la fourniture d'électricité a été ramenée à six heures par endroit "pour permettre aux pétroliers de servir en premier les stations essence", déclare à l'AFP un responsable de la société Energie du Mali.

"Dans certaines villes de l'intérieur, la fourniture du courant est à l'arrêt, faute de carburant pour nos groupes. A Bamako, nous fournissons du courant seulement 6 heures par jour", ajoute-t-il.

"Nous n'avons pas d'électricité depuis plus de deux semaines à San", affirme un habitant de cette ville au sud-ouest du Mali.

"Avant, ma glacière restait froide toute la journée. Maintenant, avec les coupures d'électricité qui peuvent durer 20 heures, mon stock de poissons pourrit (...) Mon commerce est en train de mourir", déplore une vendeuse à Mopti (centre).

A Ségou (centre), "pour avoir du carburant, il faut aller faire la queue tôt le matin à six heures pour espérer en avoir à 15 heures", témoigne un habitant.

"La ville de Ségou est en train d'être paralysée si rien n'est fait", déplore un responsable local des jeunes.

Depuis lundi, le gaz butane est aussi difficile à obtenir à Bamako, selon des témoignages sur les réseaux sociaux.

Face à la pénurie, la junte - au pouvoir depuis deux coups d'Etat en 2020 et 2021 - a prolongé mardi des missions d'escorte de camions et de contrôle des prix dans les stations.

"Ce n'est que passager, dans les prochains jours la situation s'améliorera", a assuré à la presse Soumaïla Djitteye, directeur général adjoint du Commerce.

Mi-septembre, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga a assuré aux professionnels du pétrole: "Même s'il faut aller chercher le carburant à pied avec des cuillères, nous allons le faire. Nous n'avons pas d'autres choix."

Depuis 2012, le Mali fait face à une crise sécuritaire nourrie notamment par les violences du JNIM et de l'Etat islamique au Sahel.

Auteur: AFP
Publié le: Mercredi 08 Octobre 2025

Commentaires (9)

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    #### il y a 20 heures

    Le Mali avait demandé a la CEDAO de quitter son territoire et de ne plus l'aider dans sa lutte contre le terrorisme. Ca commence a faire longtemps que la Russie est là et je n'ai pas l'impression que la situation s'ameliore.

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    tagueule il y a 20 heures

    La situation n'était pas mieux quand la France était là avec près de la moitié du pays inaccessible aux FAMAS

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    Hé! il y a 20 heures

    Des lâches, tout simplement. En Wolof, un dicton dit: "Il est plus facile de détruire que de construire". Il illustre tout à fait ce qui se passe au Mali 🇲🇱 Malgré les slogans répétés au sein de l'AES, les spots télévisés (ORTM 1 ORTM 2) vantant les militaires au pouvoir et les troupes, les FAMAs ont des difficultés face à l'ennemi qui se cache au sein de la population.

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    Lamtooro il y a 20 heures

    Signe que la situation sécuritaire et économique se détériore. Depuis quand la venue des camions est devenue un évènement à célébrer? Ça en dit long sur les problèmes de la junte.

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    Karoza il y a 20 heures

    Encore cet Timbuktu institut du nègre de maison esclave de salon Bakari sambe

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    WAGNER il y a 20 heures

    Où est Afrika Corps ?
    Où est Wagner ?
    Où est la Russie ?
    Les colonels avaient justifié leur coup par le manque de sécurité.

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    Malien il y a 19 heures

    Article puclié par AFP (Agence France Presse) commenté par l'IA, jeunesse africaine réveillez vous, c'est de la pure désinformation !!!!!!

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    Tourem il y a 19 heures

    C'est des dirigeants qui n'aiment pas leur pays, se mettre à dos presque toutes les puissances étrangères capables de vous aider dans votre lutte et croire que ça marchera avec des slogans creux...

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    Deug il y a 19 heures

    Ha les blakros de vrais incapables .Le Sénégal doit intervenir dans la sécurisation du corridor Dakar Bamako.Ils sont orgueilleux pour demander de l'aide des Djambars.

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    mor il y a 17 heures

    il ne fallait pas chasser LA MISSION DE l'ONU. grave erreur.

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