Des centaines de Kényans piégés et enrôlés pour combattre aux côtés de la Russie en Ukraine
Plus de 200 ressortissants kényans auraient été recrutés pour certains à leur insu pour combattre dans les rangs de l’armée russe en Ukraine, après avoir répondu à des offres d’emplois ou de bourses d’études. Les autorités kényanes dénoncent un système de recrutement frauduleux et tentent d’obtenir la libération et le rapatriement de leurs citoyens.
Selon le Daily Nation, ce ne sont pas moins de 200 Kényans qui pourraient actuellement combattre pour la Russie en Ukraine après avoir été attirés par des propositions présentées comme des offres d’emplois ou des bourses d’études. Une fois arrivés en Russie, ils auraient été enrôlés de force et envoyés clandestinement sur le front ukrainien.
Le journal kényan révèle également que les noms d’au moins 82 recrues ont été identifiés, parmi lesquels figurent des morts, des blessés et des combattants capturés. Beaucoup chercheraient aujourd’hui à fuir la zone de guerre. Le Daily Nation parle d’une “escroquerie à l’emploi mortelle”, reposant principalement sur des réseaux criminels implantés au Kenya.
Ces recrues auraient versé entre 70 000 et 200 000 shillings kényans (entre 460 et 1300 euros) à des agences de recrutement, qui leur promettaient des salaires pouvant atteindre 300 000 shillings par mois, soit presque 2000 euros. La Direction des enquêtes criminelles kényane a mis en cause deux agences basées à Nairobi, révèle le quotidien kényan.
Des victimes détenues dans des camps militaires
Dans un communiqué du 27 octobre dernier, cité par l’AFP, le ministère des Affaires étrangères affirme que des Kényans ont été “attirés” par des recruteurs pour combattre auprès des troupes russes.
“Des Kényans sont attirés par des agents corrompus et impitoyables pour se rendre en Russie et se retrouvent, à leur insu, impliqués dans une opération militaire russe”, a déclaré le ministère kényan des Affaires étrangères dans ce communiqué signé par Musalia Mudavadi, secrétaire du Premier ministre et chef de la diplomatie.
Ces hommes se retrouvent aujourd’hui détenus dans des camps militaires à travers la Russie, selon le communiqué.
Le ministère évoque également des falsifications d’informations et des usurpations d’identité. “Le système a été compliqué par des agents qui se font passer pour des collaborateurs du gouvernement russe et qui utilisent des méthodes sans scrupules, notamment la falsification d'informations, pour attirer des Kenyans innocents sur le champ de bataille”, a continué le ministère.
Nairobi indique avoir tenu une “réunion cruciale” avec des responsables russes en septembre afin de faciliter la libération et le rapatriement des personnes concernées, sans toutefois fournir de chiffres précis.
Le quotidien kényan rapporte que la majorité de ces personnes n’avaient aucune expérience militaire et n’auraient reçu qu’une formation rapide de cinq jours, avant d’être envoyées au front.
La BBC rapportait en novembre que Musalia Mudavadi affirmait que certains Kényans secourus avaient été contraints d’assembler des drones ou encore de manipuler des produits chimiques sans formation adéquate ni même d’équipement de protection.
Lors d’une conférence de presse le mercredi 12 novembre dernier, Musalia Mudavadi déclarait que “Plus de 200 Kényans auraient rejoint l’armée russe… des réseaux de recrutement sont toujours actifs au Kenya et en Russie”. Il a également précisé que l’ambassade du Kenya à Moscou avait recensé des blessures parmi certaines des victimes.
Un phénomène plus large
Selon Daily Nation il y aurait 1436 citoyens originaires de 36 pays qui seraient actuellement sur le front russe en Ukraine.
La BBC parle de ressortissants de Somalie, de Sierra Leone, du Togo, de Cuba ou encore du Sri Lanka qui seraient détenus dans des camps de prisonniers de guerre ukrainiens, selon Petro Yatsenko, porte-parole ukrainien pour le traitement des prisonniers de guerre.
Le président kényan William Ruto a demandé début novembre au gouvernement ukrainien la libération des Kényans détenus dans cette zone de conflit. “Ces crimes constituent une grave menace non seulement pour la sécurité nationale du Kenya, mais aussi pour la sécurité mondiale”, a averti Musalia Mudavadi, selon la BBC.
Le Daily Nation rappelle que la Russie a déjà été accusée à plusieurs reprises de faire signer à des étrangers des contrats militaires rédigés en russe, incompréhensibles pour les intéressés. Malgré cette affaire, le ministère kényan des Affaires étrangères affirme rester déterminé à négocier avec Moscou un accord de travail officiel, censé offrir aux Kényans de “véritables opportunités d’emploi en Russie”, afin de lutter contre les filières illégales.
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