On peut le dire. L’Union Européenne, n’aime pas l’activisme de Nathalie Yamb. L’organisation a durement sanctionné la Suisso-camerounaise pour ses prises de positions « pro-russes », fin juin. La Dame de Sotchi, comme on la surnomme, est interdite d’entrée et de transit dans l’espace Schengen. Ses avoirs dans l’UE sont gelés et elle ne peut bénéficier directement ou indirectement de fonds ou de ressources économiques venant de l’espace communautaire européen.

« Impossible d’acheter un billet d’avion, d’écouter de la musique, de prendre un Uber… »

Ces mesures punitives ont frappé de plein fouet la militante panafricaniste comme elle le témoigne dans une vidéo publiée sur X.

« A une cadence extraordinaire, j’ai expérimenté les tentacules de l’extraterritorialité du non droit européen. L’une après l’autre, mes cartes de crédit sur des comptes en Suisse , en Afrique, et dans les banques en ligne ont été bloquées. Mes comptes eux-mêmes bloqués ; mes cryptos inaccessibles. Mes comptes Paypal fermés, tout comme mes comptes Amazon, Airbnb, Deezer, Ebay. Des contrats annulés. Impossible de payer mon loyer, mes impôts, mes assurances, mes avocats, mes médicaments. Impossible d’acheter un billet d’avion, d’écouter de la musique, de prendre un Uber, de passer une commande en ligne, de régler une note d’hôtel » avait égrené Nathalie Yamb.

Le lundi 11 août 2025, elle a été reçue par le président nigérien, le général Abdourahmane Tiani. Ils ont discuté bien évidemment des sanctions de l’UE. Quelques semaines plus tard, on apprend qu’elle a été nommée conseillère spéciale du putschiste.

« Chaque obstacle qu’ils dressent sur le chemin des peuples africains en quête d’émancipation devient… »

Dans un message publié sur Facebook hier mercredi, l’activiste a « exprimé sa profonde gratitude au Président de la République du Niger, Chef de l’Etat, le Général d’armée Abdourahmane Tiani, pour la confiance témoignée à travers sa nomination » à ce poste. Ce geste selon elle, est « un acte de solidarité et une reconnaissance de notre combat collectif pour la souveraineté et la dignité africaines ».

« A ceux qui croient que sanctions, menaces, mensonges, harcèlement et tentatives d’isolement pourraient nous réduire au silence, la réalité est claire : notre détermination est intacte. Chaque obstacle qu’ils dressent sur le chemin des peuples africains en quête d’émancipation devient une marche supplémentaire vers notre victoire commune » a-t-elle poursuivi.

En la nommant conseillère spéciale, le général Tiani lui octroie de fait un passeport diplomatique.

Une nomination qui ne la tire pas d’affaire

Un document qui ne règle pas du tout ses problèmes de mobilité dans l’espace Schengen. Rappelons que le passeport diplomatique ne permet pas de voyager dans un pays où l’on est interdit de séjour car il s’agit d’un document de voyage qui facilite les déplacements pour les missions officielles, mais n’accorde pas d’immunité ni de droits particuliers qui outrepassent les lois d’un Etat sur son territoire. La Dame de Sotchi ne peut donc pas entrer ou survoler les pays limitrophes de la Suisse, qui sont tous membres de l’UE. C’est-à-dire, la France, l’Autriche, l’Allemagne et l’Italie.

Ce passeport diplomatique est, de toute évidence, un cautère sur une jambe de bois face aux sanctions de l’UE. Toutefois, la nomination de Mme Yamb comme conseillère spéciale, peut être considérée comme une mesure réconfortante pour l’activiste, surtout qu’elle est privée de ressources. Si on ajoute foi à ses dires.