Soudan : ce que l’on sait de la vidéo d’une femme pendue par les bras
La vidéo d’une Soudanaise pendue par les bras à une branche d’arbre, au Darfour, circule en ligne depuis le 10 septembre. La jeune femme serait morte des suites de cet acte de torture. Les Forces de soutien rapide, groupe paramilitaire engagé dans la guerre civile contre l’armée soudanaise, sont désignées responsables par des ONG et des enquêteurs indépendants.
Les images sont difficilement soutenables : une vidéo de 38 secondes montre une jeune femme dans un robe rouge pendue par les bras à une branche d’arbre. Ses pieds sont également ligotés. Elle va et vient, tourne sur elle-même. Pendant deux secondes, le téléphone qui filme semble passer en mode selfie, révélant le visage d’un homme en tee-shirt à motif camouflage et qui n’affiche aucune émotion particulière. Cet homme a été identifié comme un combattant des Forces de soutien rapide (FSR), groupe engagé dans la guerre civile contre l’armée soudanaise, par plusieurs comptes et médias.
La vidéo a été relayée par plusieurs comptes suivant la guerre civile au Soudan, qui se sont indignés de ces images et ont enquêté dessus, notamment @HkZuk, @EastKordofan et @Sudan_tweet. Elle circule depuis le 10 septembre sans qu’aucune des sources la relayant n’apparaisse comme étant l’originale. Elle a donc probablement fuité et il n’est pas possible d’établir la date exacte à laquelle elle a été filmée.
Plusieurs médias ou enquêteurs en ligne ont cependant rapidement affirmé que la victime se nommait Qisma Ali Omar, ce qu’ont confirmé le ministère de la Protection sociale – lequel est aux mains de l’armée, qui tient le pouvoir au Soudan et est engagé dans le conflit contre les Forces de soutien rapide – mais aussi le groupe d’avocats soudanais Emergency Lawyers dans un communiqué du 12 septembre.
Selon ces mêmes sources, la jeune femme a été arrêtée par les Forces de soutien rapide, qui l’accusaient d’être liée à un groupe allié de l’armée soudanaise. Ces sources affirment qu’elle est morte. La famille de la victime a posté puis rapidement retiré un hommage à Qisma Ali Omar sur les réseaux sociaux. Contacté par la rédaction des Observateurs, Mohamed Salah Bonawi, membre du groupe d'avocats soudanais Emergency Lawyers, ajoute :
"Aucun rapport judiciaire indépendant ne précise si la mort est survenue directement à la suite des tortures ou après qu'elle ait été laissée suspendue, mais la vidéo montre que les tortures ont entraîné sa mort."
Selfies en uniforme des FSR
S’il n’est pas possible en l’état de savoir d’où la vidéo a fuité, plusieurs comptes d’enquêteurs en ligne et de médias ont rapidement dit avoir identifié l’homme qui apparaît dans la vidéo. Ils pointent vers un profil TikTok au nom d’Abdallah al-Saka. Selon le média de vérification égyptien Matsda2sh, une recherche avec des outils de reconnaissance faciale pointe vers le même compte.
Ce profil publie depuis le 21 avril 2025 des vidéos montrant la plupart du temps le même homme, en tenue militaire, souvent au volant de pick-up. Dans plusieurs d’entre elles, il porte l’uniforme avec la mention des Forces de soutien rapide. Dans d’autres, il mentionne clairement le groupe paramilitaire. Alors qu’il postait quasi quotidiennement depuis avril – 143 vidéos en tout –, il n’a plus mis en ligne de contenus depuis le 29 août.
Les Forces de soutien rapide ont réagi aux accusations les concernant dans un communiqué publié le 11 septembre. Les paramilitaires reconnaissent que l’homme porte "l'uniforme militaire distinctif de nos forces" mais "nient catégoriquement tout lien entre leurs personnels et la vidéo diffusée, et affirment que toute cette scène est une naïve invention médiatique visant à déformer l'image de nos forces et à répandre de fausses accusations de torture". Ils ajoutent que "ces accusations n'ont rien à voir avec [leur] morale".
Sur la base des dernières vidéos postées par le compte TikTok, Matsda2sh a également pu établir qu’elles avaient été tournées à Zalingei, capitale du Darfour central. Une des vidéos, sur laquelle il est écrit "Salutations de Zalingei", montre ainsi l’homme dans un pick-up manœuvrer devant une base militaire, sur laquelle il est écrit "Forces de soutien rapide", à proximité d’un pont de Zalingei. Il s’agirait d’une ancienne base militaire de l’armée, utilisée par les FSR depuis qu’ils ont pris le contrôle de la ville.
Cependant, si l’homme s'est très probablement filmé à côté de la victime lorsqu’elle était pendue à un arbre, rien ne permet d’affirmer de façon indépendante qu’il serait celui qui l’a accrochée et dans quelle mesure il serait responsable de sa mort.
Les FSR contrôlent Zalingei depuis l’automne 2023, dans le cadre de la guerre civile commencée le 15 avril de la même année. Ils ont aujourd’hui la main sur une grande partie du Darfour.
"Aucune poursuite judiciaire ne peut être engagée en raison du contrôle sécuritaire exercé par les Forces de soutien rapide"
Cette situation compromet la perspective d’une enquête indépendante sur cette affaire, estime Mohamed Salah Bonawi d'Emergency Lawyers :
"À ce jour, aucune enquête officielle indépendante n'a été menée et aucune poursuite judiciaire ne peut être engagée au niveau local en raison du contrôle sécuritaire exercé par les Forces de soutien rapide dans la région. Les conclusions d’Emergency Lawyers sont donc le résultat d'un travail de documentation juridique et médiatique direct de l'incident. Ce crime s'inscrit dans un schéma récurrent de violations commises par les Forces de soutien rapide à l'encontre de civils, en particulier des femmes et des groupes les plus vulnérables."
Selon les avocats d'Emergency Lawyers, la torture de Qisma Ali Omar doit être qualifiée de crime contre l’humanité.
Début septembre, la mission internationale indépendante d'établissement des faits pour le Soudan de l’ONU a publié un rapport estimant que l’armée comme les FSR sont coupables de crimes de guerre.
Commentaires (10)
l'homme n'a pas besoin du diable, tout seul il est capable de toutes les atrocités, des gens comme ça par exemple, en quoi, leur appliquer une peine de mort aussi horrible que possible, n'est pas acceptable ? la peine de mort ne sert pas à dissuader les meurtriers mais c'est pour en finir avec eux définitivement et protéger le reste de la population, un assassin mort, ne tuera plus jamais, c'est fini pour lui, c'est ça le véritable but; de toute façon tu fais ça à une femme de famille, sawaay ce n'est qu'une question de temps mais tu es déjà un cadavre ambulant.
Ce sont les Emirates qui soutiennent ces bandits uniquement pour controler le negoce de l or
Ils violent tout ce qui bouge en plus. Gnii douniou dakh ay nitt! Et le pire c'est qu'on ne le mediatise pas autant que Gaza, et pourtant ca dure depuis plus de 10 ans
Sauvages vraiment
Le summum de la connerie humaine
Seneweb, vous n'avez pas d'autres chats a fouetter?
non, c'est pas vrai.
Repose en paix, jeune femme !
Terrible! Terrible! Et si on envoie les auteurs de cette barbarie à la CPI, des troupiers putschistes félons et analphabètes diront qu'on ne s'en prend qu'aux Africains. Moi j'applaudis des deux mains quand un criminel africain est conduit devant la CPI. Pourvu qu'il paie pour ses crimes. Chacun son combat. Celui des autres , ils n'ont qu'à le mener eux-mêmes.
Ce qui passe dans ce pays dépasse tout entendement. Mais les africains n'ont d'yeux que pour la Palestine
Seneweb, si vous ne pouvez pas ne pas publier ce genre d’image, de grace, avertissez le lecteur. Tout le monde n’a pas la même sensibilité face a la violence.
C'est crapuleux !
C TRISTE LE MONDE DANSLEQUEL NOUS VIVONS😌
au nom de quoi vous tués cette dame que le tout puissant vous maudisse bande de criminelle
Eupeu ko doolé rek, ndeysaan. Puisse Dieu lui accorder le Paradis.
Participer à la Discussion