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Chronique du lundi : Champ de Macky…

Auteur: Galasse

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President Macky Sall

Selon qu’ils sont ensemble au pouvoir ou séparés par les vicissitudes du même pouvoir, nos hommes politiques sont comme larrons en foire, ou querelleuses de borne fontaine. Comme Don Quichotte, chacun se décrète chevalier errant, redresseur universel de torts, au nom du peuple et de la démocratie. Avec la complicité purement mercantile des médias, la parole publique est alors systématiquement confisquée et privatisée par ces politiciens qui prétendent être pour nous en ce 21ème siècle, ce que furent les Amis de l’A B C pour les Français du 19ème siècle au moment de la Révolution. Et dont le projet, à en croire Victor Hugo dans Les Misérables, était, «en apparence, l’éducation des enfants, en réalité, le redressement des hommes.» Si bien que finalement, les Amis de l’A B C sont devenus les Amis de l’Abaissé, c'est-à-dire du peuple authentique. Loin de cet idéal à hauteur d’homme et à portée de tous les citoyens, la querelle épistolaire de ces derniers jours entre l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye et son ancien patron, le Président Sall, par ses partisans interposés, les rabaisse tous plus bas que l’Abaissé qu’ils ont le devoir de relever. En effet, il ne s’agit que de monologues parallèles, purement communicationnels et résolument polémiques, qui nous renseignent plus sur la nature véritable de ceux qui prétendent nous gouverner que sur leur capacité à mettre en œuvre une véritable bonne gouvernance. De plus, c’est la cause même de tout ce déchaînement qui rend le «débat» parfaitement indigeste pour les citoyens ordinaires et non partisans : le pétrole et l’argent du pétrole. Comme toutes ces richesses qui, quoique nationales, n’enrichissent que les chevaliers d’industrie de la coterie politique. En l’occurrence, c’est El Hadji Hamidou Kassé qui, à son corps défendant, montre que les deux protagonistes (Macky Sall et Abdoul Mbaye) ne sont que l’envers et l’endroit de la même médaille d’une gouvernance qui n’est ni sobre ni vertueuse. En vérité, comme il le dit dans le premier de ses «Jets d’hivernage», «si Mbaye sait quelque chose», il a parlé hors de saison, «s’il ne sait rien (…), son agitation» est exactement la même que celle de tous les politiciens autour de questions aussi sonnantes et trébuchantes que celle du pétrole. En somme, la seule possibilité pour Abdoul Mbaye de formuler ces interrogations, jette le discrédit tout à la fois sur lui-même en tant qu’ancien Premier ministre, et sur son ancien patron, à qui il les adresse de façon si intempestive. L’un pour avoir attendu de n’être plus aux affaires pour montrer tant de lucidité et de patriotisme. L’autre pour avoir, en connaissance de cause, confié la mise en œuvre de sa gouvernance «sobre et vertueuse» à un homme qui «n’a connu que l’argent, les calculs froids, les sombres coups sans état d’âme, les inavouables jeux d’intérêts personnels et les montages financiers…» Pour cette raison, aux «questions suspicieuses» de M. Mbaye comme à celles purement polémiques de M. Kassé, au nom et pour la défense de son patron de Président, se superpose pour les enfoncer dans leur inanité, le bruissement du silence indigné des populations.  Au demeurant, la même «odeur de pétrole (qui) monte à la tête du banquier», chatouille si fort les narines de nos gouvernants, que tous ceux qui s’avisent d’aborder ce sujet ou d’autres semblables, sont perçus et traités comme des «illuminés (qui) entrent dans la danse des divinations, construisant un univers bruyant de pétrodollards fantasmés.» Pour conclure, permission me soit accordée de m’éloigner de ces senteurs fortes, pour celles de l’immuable hivernage, qui nourrit la terre et fait vivre les paysans. Mais «l’hivernage, semble-t-il, est un moment de détente (…) propice à la polémique utile.» Vérité pour étudiants et élèves en vacances, ainsi que pour nos gens d’en-haut, préoccupés de pétrole, d’argent et de pouvoir. Erreur chez les paysans, pour qui l’hivernage est plutôt un moment de labeur, pour que les mauvaises herbes n’envahissent pas les champs et compromettent les récoltes. Pour tous ceux qui se mêlent de nous vouloir gouverner, le vaste champ de la démocratie et de la bonne gouvernance est là, indéfiniment ouvert. Et le peuple, en permanence, malgré les interminables promesses électorales, attend toujours de s’y investir, sous la guidance de guides non égarés. En effet, ce n’est pas avec le pétrole, l’argent ou quelque autre richesse de cette nature que l’on connaîtra l’émergence. Aujourd’hui, c’est au tour du Président Sall de nous engager dans ce chantier. En se montrant sourd à tout autre chant, c’est ce champ qu’il a à cultiver, de façon solidaire et non solitaire…

Galasse             

Auteur: Galasse
Publié le: Lundi 29 Août 2016

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