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Partisans, courtisans…

Auteur: Galass

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Macky Sall, president de la Republique du Senegal (photo : Seneweb.com)

Un jour viendra, qui n’est pas loin, on dira : il était une fois, Son Excellence Macky Sall, président de la République. Comme avant lui, «la seule constante», Me Wade, que par son triomphe du 25 mars 2012, il a réduit en simple variable, désormais solitaire et anonyme. Comme les Présidents Diouf et Senghor, que Wade a combattus 26 ans durant pour le triomphe du «Sopi». Ainsi de suite jusqu’à l’extinction du soleil, point de repère improbable du 4ème Président avorté de notre République, pour prouver qu’aucun centime d’origine illicite ne lui pourra être imputé.

De façon implacable, le temps exerce ainsi son emprise sur toutes choses humaines. Mais quand ils sont au pouvoir, nos gouvernants en sont si enivrés qu’ils sont oublieux de tout, y compris d’eux-mêmes. La conscience du temps se fait alors bonne conscience : s’entasse et s’alourdit en un instant qui dure, durcit leur cœur et obstrue leur conscience. C’est précisément dans cette sorte de présent sans passé ni futur, que veulent nous enfermer nos dirigeants, où la seule réalité est celle de la tonalité de leur discours monolithique.

Ainsi, suivant une démarche purement manichéenne, les citoyens sont par les partisans du Président Sall, décrétés bons ou mauvais, selon qu’ils intègrent ou non leur grille de lecture de la réalité, elle-même comprimée à leurs seules ambitions politiques. C’est pour cette raison qu’en une semaine, le décret présidentiel mettant fin au mandat de Madame Nafi Ngom à la tête de l’Ofnac nous installe littéralement dans une véritable atmosphère de guerre, où «tous les êtres sécrètent une nouvelle sueur, tous les événements revêtent un nouveau vernis, qui est le mensonge.»

Pour avoir perdu la confiance du Président, les partisans de ce dernier veulent à toute force que la dame soit sans honneur ni vertu, sorte de Cassandre dont la langue maléfique ne profère que mal et malheur. La vérité est plutôt que, comme l’affirme La Rochefoucauld : «les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves se perdent dans la mer.» Sauf qu’en l’occurrence, c’est la mer déchaînée des passions partisanes et des manipulations politiciennes qui submerge littéralement toute vertu, tout sens de l’honneur.

Chacun croit devoir s’échauffer la bile et déverser sa «colère» sur la pauvre dame, uniquement pour être entendu vociférer par le Président. Au demeurant, si tout le mal que l’on dit actuellement de Madame Ngom est avéré, le mal véritable aura été de l’avoir nommée, malgré Tout. Cela signifierait qu’on a voulu combattre le mal par le mal.

Par contre, si ce ne sont que calomnies, ses contempteurs actuels se comportent exactement comme le renard de cette fable : «Certain renard gascon, d’autres disent normand, mourant presque de faim, vit au haut d’une treille des raisins mûrs (…) et couverts d’une peau vermeille. Le (coquin) en eût volontiers fait un repas, mais comme il n’y pouvait atteindre : ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.» Qui plus est, consciemment ou inconsciemment, renard parmi les renards, la presse se mêle au concert.

La preuve en a été administrée par le quotidien La Tribune dans son Billet du Jour (04-08-2016) : «Abou Abel Thiam a «accordé» une interview à au moins cinq quotidiens de la place. (…) il y a quelque chose de dégueulasse dans cette histoire d’interview. Clairement, (…) cet entretien n’a été sollicité par aucun des journaux qui l’ont publié.

Il a été pensé et rédigé par son auteur, qui l’a ensuite donné à publier à des potes. (…) Dix mille signes environ : mêmes mots, mêmes expressions. Points, points-virgules, deux points, points d’exclamation et d’interrogation, points de suspension, virgules…, tous placés aux mêmes endroits ! Comble du ridicule, «l’interview» porte la signature de différents Red-chefs et Dirpubs !» Au milieu de cette équipée inquisitrice, la sortie de Maître Alioune Badara Cissé, Médiateur de la République, semble ramener les choses à la position médiane qu’elles n’auraient jamais dû quitter. «Je la connais certes, mais je pense que je la connais moins bien que le chef de l’Etat.

Tous les deux ont en partage la mission de service public, qui va au-delà de leurs personnes respectives.» Si bien qu’en définitive, un jour viendra, qui n’est pas loin, l’Etat, la République, la démocratie, comme l’Ofnac, survivront à Macky Sall et Nafi Ngom. Inexorablement.

En attendant, le pouvoir de nomination et de destitution appartient au Président Sall. Pourvu seulement que par son action, il ne donne pas raison à La Rochefoucauld, selon qui «il n’appartient qu’aux grands hommes d’avoir de grands défauts.» Celui pour un Président, de ne penser qu’à ses partisans, ses courtisans.

Auteur: Galass
Publié le: Lundi 08 Août 2016

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