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Huchard imagine une Mama pour la sauvegarde du patrimoine musical

Auteur: Aps

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Ousmane Sow Huchard a en projet d’installer à Ziguinchor, sa ville natale, une Maison de la musique africaine (MAMA), un projet qui se présente comme la traduction des convictions de cet homme de culture total, qui compte contribuer par ce biais à la sauvegarde du patrimoine musical africain. ‘’Le projet en lui-même, ça s’appelle la Maison de la musique africaine qui doit être composée d’un musée d’instruments africains de musique, d’un centre international de documentation et d’information sur la musique africaine et ensuite d’une radio pour la promotion de la musique africaine’’, a précisé M. Huchard, musicien professionnel du temps de sa jeunesse, devenu plus tard musicologue et muséologue par vocation autant que par nécessité. Déjà, a-t-il indiqué dans un entretien avec l’APS, ‘’j’ai obtenu à Ziguinchor le terrain d’un hectare’’ sur lequel sera bâti ce complexe culturel’’. ‘’Malheureusement, a-t-il ajouté, la commission, qui devait se prononcer là-dessus, n’a pas pu se tenir à cause du changement de gouvernement qui est intervenu suite aux élections du 25 mars. Là, je suis en train d’attendre que la commission siège pour qu’on me donne mes papiers.’’ ‘’Après ça maintenant, j’ai des partenaires québécois, français et suédois qui sont prêts à m’accompagner dans la réalisation de ce projet, y compris les institutions de financement des acteurs culturels qu’il y a sur la place, notamment le ministère de la Culture (…)’’, a dit l’ancien guitariste. Avec André Lô, Ousmane Sow Huchard avait formé, dans les années 1970, le Groupe Wato Sita, dans l’idée de révolutionner la musique sénégalaise. Il avait auparavant fait ses armes dans de nombreux groupes, dont le Dakar Université Sextet, à la fin des années 1960. ‘’Implanter un projet comme ça, demande bien sûr beaucoup de moyens. Mais moi, je vais y aller à mon rythme et à celui de mes partenaires, au fur et à mesure qu’ils accepteront de me suivre’’, a-t-il fait observer, soulignant que dans un projet comme ça, ‘’le plus compliqué, c’est le bâti’’. ‘’Pour le contenu, c’est rien du tout. Aujourd’hui, au moment où on se parle, j’ai comme des spécimens d’une centaine d’instruments de musique africains. Chaque fois que je voyage, et j’ai fait tous les pays du continent - attendez, quel est le pays où je ne suis pas allé, il y en a peut-être quatre ou 5 sur les 52 ou 53 - je reviens avec deux ou trois instruments’’, a confié M. Huchard, par ailleurs consultant international. ‘’J’ai fait ça depuis longtemps. J’ai un appartement à l’immeuble Dièse (à la Gueule Tapée), c’est sur la rue 6, tous mes instruments sont là-bas emballés, en partance pour Ziguinchor. Donc la collection est en constitution’’, a-t-il assuré. ‘’J’ai les esquisses architecturales du projet, maintenant il reste à aller plus loin dans les esquisses’’, a encore indiqué M. Huchard, soulignant que la façade d’entrée de l’édifice sera inspirée de l’architecture néo-soudanaise. Deux instruments mythiques de l’Afrique - une harpe égyptienne et une kora - seront dessinés et gravés sur le portail. ‘’En contraction, la Maison de la musique africaine ça donne la Mama. Alors moi, je dis la Mama de la musique africaine. C’est comme la mère. C’est parti pour être la mère de la musique où l'on trouverait tous les instruments de musique fabriqués par les Africains’’, a-t-il commenté. Le bâtiment, a-t-il confié, se fera sous la forme d’un village diola avec huit cases et une grande case à impluvium centrale. Il comportera un auditorium sous forme d’une agora, avec à peu près 1500 places pour les concerts, en plus des gradins et de la scène. Des spécimens d’instruments modernes qui ne sont pas fabriqués par des Africains, mais joués par eux, seront également exposés dans cette enceinte culturelle, a par ailleurs révélé Ousmane Sow Huchard, qui se propose d’aller à la rencontre des ‘’premiers grands musiciens africains’’ pour recueillir leurs premiers instruments. Il a cité Sékou Diabaté, Franco de Miamor. ‘’Des gens qui sont décédés ça fait maintenant 15-20 ans. Je vais aller à la recherche de leurs instruments. Certainement que ça dort sous des lits ou jetés dans un magasin. Alors, ces instruments qui sont porteurs d’histoire, vont être des prétextes pour raconter des histoires de ceux qui les ont joués’’, a-t-il relevé. ‘’Ça fait partie de la mémoire. Il ne faut pas qu’on les oublie. Ce musée, c’est tout cela. Ça c’est l’aspect musée d’instruments. Non seulement il y aura les instruments, mais les instruments ne vont pas sans la musique. Alors, il y aura aussi le centre de documentation. Nous allons enregistrer toutes les musiques d’instruments africains. Systématiquement’’, a expliqué Ousmane Sow Huchard. ‘’Il existe une collection à l’UNESCO de disques de musique africaine. Il y en a d’autres. Nous-mêmes, nous allons à aller à la conquête de ça avec des enregistrements partout, en collaboration avec toutes les radios africaines, les télés, etc.’’, a encore dit le spécialiste. Huchard a révélé que le patron du label Syllart Productions, Ibrahima Sylla, a promis de lui donner un exemplaire de tous les disques qu’il a produits. ‘’Lui m’a déjà fait une promesse ferme. Je ferai la même démarche. Ce sera enregistré. On aura une banque de données informatisée’’, à partir de laquelle les gens pourront, via un ordinateur, écouter la musique de leur choix, a-t-il indiqué. ‘’J’ai moi-même au moins (…) une collection de 3 à 4000 disques 33 tours. Je garde beaucoup de disques. Là j’ai au moins quelque chose comme mille CD. J’achète partout ce qui a été gravé sur la kora. J’ai toute sorte de musique’’, a-t-il renseigné. ‘’Tout ça va entrer dans la collection des archives du musée. Parce qu’il y aura des archives sonores, des archives écrites aussi. Je collectionnerai des journaux où on parle de musiciens. Eventuellement, il y aura également une collection de partitions de musique africaine. Il y aura des disques, des CD, des cassettes et même des films, on a prévu ça aussi. Il y aura tout’’, promet Ousmane Sow Huchard. Parlant de la genèse de ce projet, il a dit qu’il est né des suites de sa thèse de doctorat (900 pages) soutenue à l’Université Laval du Québec. Ce travail portait sur une anthropologie musicale des mandingues et s’intitulait ‘’La kora, objet-témoin de la civilisation mandingue : essai organologique d’une harpe-luth négro-africaine’’ (1985). Selon lui, c’est suite à cette thèse qu’il a créé l’association "Silaba" (la grande route en mandingue), pour ‘’aller plus loin’’ dans le sens de la sauvegarde du patrimoine musical africain dont il percevait déjà l’urgence. ‘’J’ai commencé par créer cette association qui va prendre en charge la mise en œuvre de recherches musicologiques sur la musique africaine. Et les choses les plus urgentes, à mon sens, c’est de sauvegarder les instruments africains de musique’’, a noté le musicologue. BK/ASG/DND
Auteur: Aps
Publié le: Jeudi 09 Août 2012

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