Nouvel espace ouest-africain : Plaidoyer pour une réintégration de la Mauritanie et l’adhésion du Maroc à la CEDEAO
Face aux recompositions géopolitiques qui redessinent l’Afrique de l’Ouest, experts, responsables politiques, diplomates et acteurs de la société civile ont plaidé, samedi à Dakar, pour un nouvel espace ouest-africain plus inclusif et mieux adapté aux réalités contemporaines. À l’initiative du Millenium African Institute, Nations et Démocratie (MAI), une table ronde de haut niveau s’est tenue autour du thème : « CEDEAO, Nouvel espace ouest-africain : plaidoyer pour une réintégration de la Mauritanie et l’adhésion du Maroc à la CEDEAO ».
Cette rencontre intervient dans un contexte régional marqué par le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO, ainsi que l’émergence de nouvelles architectures d’intégration au Sahel, posant avec acuité la question de l’avenir du projet communautaire ouest-africain.
Repenser la CEDEAO face aux mutations géopolitiques
Les échanges ont porté sur les enjeux politiques, économiques, culturels et sécuritaires liés à un éventuel élargissement de la CEDEAO, notamment à travers la réintégration de la Mauritanie, ancien membre fondateur, et l’adhésion du Maroc, dont la demande officielle remonte à 2017. Pour Meissa Lo, président du Think Tank Millenium African Institute, l’heure est à une réflexion stratégique de fond : « La CEDEAO doit évoluer pour rester pertinente. Il ne s’agit pas seulement d’élargir l’espace communautaire, mais de bâtir une organisation plus inclusive, plus efficace et mieux arrimée aux réalités géopolitiques, économiques et sécuritaires actuelles ». Les participants ont souligné la nécessité de repenser la gouvernance, les mécanismes de décision et les priorités stratégiques de l’organisation régionale, afin d’éviter une fragmentation durable de l’espace ouest-africain. S’appuyant sur un rapport de réflexion présenté lors de la rencontre, le MAI a mis en avant le concept de « CEDEAO+ », une approche innovante visant à élargir l’espace communautaire à des États candidats ou partenaires, tout en respectant leur souveraineté et leurs spécificités nationales.
Dans cette dynamique, la proposition de CEDEMOA (Communauté Économique et de Développement des États du Maroc, de la Mauritanie et Ouest-africains) a été évoquée comme une piste de réflexion pour renforcer les synergies entre le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest. La Mauritanie, de par sa position géographique et historique, a été présentée comme un trait d’union stratégique entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, notamment dans le cadre de projets structurants tels que le pipeline Nigeria–Maroc, susceptible de renforcer l’intégration énergétique régionale.
Des retombées économiques et géopolitiques majeures
Les intervenants ont relevé que l’adhésion du Maroc à la CEDEAO pourrait offrir : un accès à un marché régional de plus de 380 millions de consommateurs, une diversification des partenariats économiques et commerciaux, ainsi qu'un renforcement de la diplomatie économique Sud-Sud. Pour les États ouest-africains, cette dynamique pourrait favoriser le transfert d’expertise marocaine dans des secteurs clés comme les finances, les télécommunications et les infrastructures, la stimulation des échanges commerciaux intrarégionaux, et un renforcement de la stabilité régionale dans un contexte de défis sécuritaires persistants.
Une mobilisation d’acteurs de premier plan
La table ronde a enregistré les contributions de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre de la Guinée, Mankeur Ndiaye, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, Mariétou Dieng, ancienne parlementaire, le colonel Antoine Wardini, Alain Dupouy, consul honoraire de la Mauritanie en cours d’installation, des élus de la Ville de Dakar, des économistes, le président des jeunes diplomates africains, ainsi que des journalistes et analystes de renom. Réunissant responsables institutionnels, diplomates, chercheurs, universitaires, jeunes leaders, acteurs de la société civile et professionnels des médias, la rencontre a permis un dialogue ouvert et multidimensionnel sur l’avenir de l’intégration régionale. À l’issue des travaux, les participants ont appelé à la poursuite des concertations régionales, à une implication accrue de la jeunesse et de la société civile, ainsi qu’à l’élaboration de recommandations concrètes pour une intégration ouest-africaine plus dynamique, solidaire et résiliente. Un rapport de synthèse des échanges et recommandations sera rendu public dans les prochains jours.
Commentaires (6)
Les blancs sont de vrais stratèges.
Et nous alors, on va continuer à subir jusqu'à quand?
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