Offensive sonkiste: quel avenir pour la rupture ?
Ousmane Sonko a repris la parole publique, et c’est tout l’équilibre politique du pays qui en est bousculé. Son meeting du 8 novembre, au pied du stade Léopold Sédar Senghor, n’avait rien d’une simple démonstration de force. C’était un rappel à l’ordre. À ses partisans d’abord, à l’establishment ensuite, mais surtout aux autorités étatiques.
Le chef de Pastef s’est adressé à une foule dense, galvanisée par le retour du tribun qui a porté la vague électorale. Son discours, ponctué de références à la justice, à la transparence et aux combats qui ont mené au changement, sonnait comme le rappel d’un contrat moral toujours en vigueur. Pour Sonko, l’histoire de la rupture ne doit pas se dissoudre dans la gestion quotidienne du pouvoir.
Cette prise de parole a surtout révélé un enjeu majeur : la redistribution de l’autorité politique. La victoire de mars n’a pas effacé le rôle central de Sonko dans la dynamique révolutionnaire. Et samedi, il a réaffirmé que la force mobilisatrice du projet reste connectée à son nom. Diomaye préside, certes, mais l’énergie militante reste sonkiste dans l’âme.
Derrière les marques de loyauté, un bras de fer silencieux se dessine. Le pouvoir institue, le mouvement impulse. Le premier gère l’État, le second revendique la fidélité au récit qui a permis l’alternance. Qui détient véritablement les clés de la rupture ? Celui qui parle pour la nation ou celui qui parle au cœur des militants ?
Le style des deux hommes matérialise cette divergence. Le président avance à pas feutrés, préfère l’action à la proclamation et tente d’incarner l’apaisement après la tempête. Sonko, en contraste, revendique la dimension populaire du pouvoir, c'est-à-dire l’émotion, la ferveur, le tempo des rues. Deux légitimités se croisent : l’une institutionnelle, l’autre charismatique.
Mais un paradoxe menace l’équation. Pour gouverner, il faut composer avec les contraintes ; pour transformer, il faut parfois bousculer ces mêmes contraintes. Or la révolution promise ne saurait, aux yeux de Pastef, devenir un souvenir. Si les symboles tardent à se concrétiser, la frustration pourrait s’organiser en nouvelle contestation. Et Sonko apparaît déjà comme la voix de ceux qui craignent une normalisation du projet.
Sa formule la plus commentée — qu’il ne sera pas responsable d’une éventuelle rupture dans le duo — sonne comme un avertissement à peine voilé. Le leader du parti au pouvoir se donne le rôle de gardien de la promesse, de garant de l’exigence. Le président, lui, porte le risque de l’usure.
Les Sénégalais observent. Ils ont élu un binôme, avec deux visages et une seule ambition : rompre avec les pratiques d’hier. Mais lorsque la vision et la gouvernance divergent, lequel des deux impose le tempo ?
Sonko vient de rappeler qu’il n’est ni à la retraite politique ni prêt à se satisfaire des lenteurs du pouvoir. Il veut que le pays sente encore le souffle du changement, pas seulement son écho institutionnel. Diomaye, désormais pleinement aux commandes, va-t-il démontrer qu’il peut incarner cette rupture… sans rester dans l’ombre du mentor.
La suite dépendra de leur capacité à conjuguer leurs forces au lieu de les opposer. Mais une chose est certaine : en rebattant les cartes, Sonko a rouvert la partie. Et le peuple, qui n’aime ni les faux départs ni les renoncements, attend désormais la suite du match.
Commentaires (2)
Le Pdt Diomaye avait fait campagne avec un balai à la main, tout un symbole. Il semble oublier le sens de ce balai. S'il avait battu campagne avec une rose à la main, on aurait compris sa posture aujourd'hui. Le peuple n'acceptera pas le "afficher cow-boy, dawal indou" qu'il veut faire. Justice, Justice, Justice. Jub Jubal Jubanti.
Le fou du village fait toujours ^parti de la garde rapprochée du PM.
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