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Diasporas africaines en France: Moussa Baldé, un bijoutier dans la cour des grands [5/5]

Auteur: RFI

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Diasporas africaines en France: Moussa Baldé, un bijoutier dans la cour des grands [5/5]

D’origine malienne, cet expert au savoir-faire très recherché a travaillé pour de grands noms de la mode.

Il s’appelle Moussa Baldé, mais on l’appelle Baldé, tout simplement. À 67 ans, ce bijoutier malien exerce ce métier depuis 37 ans. Autodidacte, il a fait toute sa carrière dans le milieu très fermé du luxe et de la mode. Un univers où derrière des grands noms se cachent des petites mains. Dans son atelier situé à Pantin, dans le nord de Paris, il revient sur son parcours. « Je suis un forgeron de naissance, et un bijoutier ensuite. Ce métier, je l’ai appris avec mon papa », c’est avec ces mots que Baldé s’exprime, heureux de revenir sur ses débuts.

De la forge à la bijouterie, il n'y a qu'un pas

Dans les années 1980, le voilà parti à la conquête de la Côte d'Ivoire. Dans ce pays où il se lance dans la création de bijoux, il découvre qu'il a un don : « C'est Dieu qui me l’a donné. Je le remercie beaucoup. » Et en effet, il lui suffit d’observer un modèle pour qu’il sache le reproduire.

Sa première clientèle d’expatriés – des Français, des Américains, des Libanais, des Marocains – il les fidélise et lorsqu'il part en France, son savoir-faire va lui ouvrir des portes. Il va travailler pour de grands noms : Givenchy, Balenciaga, et surtout Christian Lacroix, avec qui il va collaborer neuf ans en tant que maquettiste.

Maquettiste, bijoutier et joaillier… Baldé navigue entre différents métiers

Baldé sait tout faire ou presque. Ses souvenirs se bousculent : « C’est Naomi Campbell qui a porté ces bracelets, ces broches... Ah oui, c’était magnifique ». Ses yeux pétillent lorsqu’il évoque les 40 ans de la Maison Dior.

« Votre don, ce sont vos mains ? », l’interroge-t-on. « Écoutez, c'est aussi la tête, parce que ça ne suffit pas d'avoir uniquement les mains. Parfois la nuit, je ne dors pas, je réfléchis. Par exemple, lorsqu’on a un projet à construire, avec des maquettes à réaliser, je me dis parfois, mais comment je vais faire ? C’est un véritable casse-tête Alors, je cherche, je cherche même en marchant et finalement quand je trouve la solution, je suis soulagé et fier de moi. » Une fierté qui l’accompagne aux défilés : « Je me dis "tiens, voilà ce que j'ai fait". Je suis le seul à le savoir, mais ça fait vraiment plaisir. »

Pas de regrets

Un homme de l'ombre ? « Ah, vous savez, ça reste vraiment un monde à part. Même si les gens ne savent pas, nous, on ne doit rien dévoiler. Même si on voit des choses, tout doit rester confidentiel », précise-t-il, comparant la bijouterie au secret médical, puisqu’il y a des secrets qu’on ne divulgue pas.

Baldé a tout de même un seul regret : « Je ne suis jamais allé à l'école, c'est un handicap. Je sais de quoi je parle, et aujourd’hui, je n’ai pas honte de le dire. Ce savoir-faire, Dieu me l’a donné, mais quand vous n'avez pas fait d’études, et que vous devez remplir un dossier, c'est compliqué, il faut chercher quelqu'un qui t’aide et c'est gênant. Moi, le seul regret que j'ai, c'est celui-là ».

Dans son atelier à Pantin où il réalise ses créations, il se prépare à transmettre son savoir-faire à la nouvelle génération.

Auteur: RFI

Commentaires (1)

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    guimzo il y a 9 heures

    AH OUI FORMIDABLE ET CHAPEAU ..
    En fait, c'est une pratique très courante dans le monde de la mode. derrière les grands noms des couturiers reconnus et adulés , se trouvent très souvent des artisans plutôt des artistes de l'ombre qui font le travail d'invention et de création des modèles.
    Je me souvenais lors de mes études en France dans les années 80 d'un modeste tailleur sénégalais niché sous mon immeuble d'habitation qui cousait dans son minuscule atelier de la rue, X. des habits ( robes, pantalons , chemises vestes et autres avec une dextérité incroyable et sur lesquels, on collait des étiquettes de grands couturiers de la place pour les défilés de mode auxquels il n'était même pas convié. Et il se plaisait dans cette situation d'anonymat qui lui est imposée par les en-haut- d'en haut de la haute couture. Comme quoi derrière chaque grand NOM, il y'a toujours un PETT PRENOM qui tient la barque. JAJEFFETTI...

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