À Nantes, une trentaine d'anciens élèves du collège-lycée Saint-Stanislas, un établissement scolaire privé catholique, se disent victimes de viols ou d'agressions sexuelles, lors de leur scolarité entre 1958 et 1995. Ces personnes ont pour la plupart répondu à un appel à témoins lancés conjointement, fin août, par l'Église – l'évêché de Nantes – et par la direction locale de l'enseignement catholique, une démarche rare.

Un appel à témoignages a été lancé le 29 août par l'évêque de Nantes et le directeur diocésain après la révélation de viols, agressions sexuelles et attouchements commis au sein de l'établissement Saint-Stanislas par cinq prêtres et un membre du personnel éducatif. Les faits se sont déroulés entre 1958 et 1995. Aujourd'hui, les cinq prêtres sont tous morts. Parmi les dix victimes mineures qui avaient été d'abord recensées, neuf hommes et une femme, tous collégiens à l'époque des faits.

En France, dans la plupart des scandales qui ont éclaté après l'affaire Bétharram en février dernier et ses 200 plaintes, ce sont les anciens élèves qui ont permis la libération de la parole de leurs camarades. À Nantes, l'initiative vient directement de l'Église et de l'enseignement catholique.

Une démarche commune saluée par l'Inirr, l'instance qui accompagne les victimes de violence dans l'Église. « Quelle que soit l'époque concernée, les délais, le temps passé », « l'important, maintenant, c'est que d'autres victimes potentielles puissent également s'exprimer », avait souligné l'évêque de Nantes, Laurent Percero, lors de l'appel à témoignages. Moins d'une semaine après cet appel, une trentaine de messages ont déjà été adressés à la cellule d'accueil et d'écoute du diocèse, actuellement composée de sept personnes.

80% des faits survenus au collège de Saint-Stanislas

« Ça fait plusieurs mois que l'on sensibilise les évêques et qu'on les incite à faire des appels à témoignage, explique Marie Derain de Vaucresson, la présidente de la cellule d'accueil et d'écoute du diocèse, au micro de Marie Casadebaig du service France de RFI. À cette échelle-là, qui est un niveau important, on a un diocèse et un évêque qui est très précis dans son appel à témoignage. Il a pris le risque. Parfois, cela se fait plus discrètement, avec un communiqué sur un site du diocèse ou bien juste dans la presse locale. Mais ça n'a pas les échos que cet appel à témoignage a pu avoir. »

Sur la trentaine de témoignages recueillis, 80% des faits sont survenus au collège de Saint-Stanislas et les 20% restants dans d'autres établissements scolaires, à Nantes et en dehors.

Le parquet de Nantes a parallèlement ouvert une enquête après le suicide en 2024 d'un quadragénaire qui avait confié avoir été agressé par un surveillant lorsqu'il était interne au collège Saint-Stanislas.