En demandant plutôt d'« arrêter les massacres », Bruxelles va dans le sens des Etats-Unis en ne parlant plus de « cessez-le-feu »

Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ». La diplomatie européenne semble vouloir suivre cette préconisation d’Albert Camus datant de 1944. Et l’objectif est clair : ne pas froisser Washington sur l’Ukraine.

Fini donc les appels à un cessez-le-feu : depuis quelques jours, l’Union européenne exhorte plutôt la Russie à « arrêter les massacres ». Cette expression, qui signifie presque la même chose, a le mérite de ne pas contrarier Donald Trump.

Un changement depuis le sommet Trump-Poutine

Bruxelles presse depuis des mois Moscou d’accepter un cessez-le-feu en Ukraine, arguant que les négociations pour une paix « juste et durable » ne peuvent pas aboutir tant que des combats ont lieu. Si cette position reste inchangée, l’exécutif européen a toutefois légèrement adapté son vocabulaire sur la question depuis le sommet entre le président américain et son homologue russe Vladimir Poutine. Après cette réunion en Alaska, Donald Trump, qui menaçait jusqu’ici la Russie de sanctions si elle n’acceptait pas de cessez-le-feu, a réclamé « d’aller directement à un plan de paix » pour mettre fin à une « guerre horrible ».

« Notre message est clair : arrêtez les massacres. Tout ce qui peut arrêter les massacres est bienvenu », a martelé mardi Arianna Podesta, porte-parole de la Commission. Interrogée dimanche sur la nécessité d’appeler à un cessez-le-feu en Ukraine, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait esquivé : « Je ne pense pas que le terme soit si important que cela ». « Que l’on appelle ça un cessez-le-feu, ou un accord de paix […] ce qui compte, c’est son effet, et il faut arrêter les massacres », a assuré la cheffe de l’exécutif européen.

Mardi, le président du Conseil européen António Costa a lui aussi mis en avant une formulation alternative : « Comme première étape, la Russie doit immédiatement mettre fin à la violence […] Notre priorité absolue doit être d’arrêter les massacres. Que nous parlions de cessez-le-feu ou de trêve est secondaire ».

Merz ne change rien

Dans les couloirs des institutions européennes, on explique que la décision a été prise de ne pas contrarier Donald Trump sur une question de vocabulaire au beau milieu de négociations difficiles sur l’Ukraine et la sécurité européenne.

Les dirigeants européens n’ont toutefois pas tous adopté ce changement de vocabulaire. Lors d’une réunion avec Donald Trump lundi à la Maison-Blanche, le chancelier allemand Friedrich Merz a insisté plusieurs fois sur la nécessité d’un « cessez-le-feu » préalable aux négociations d’un accord de paix sur l’Ukraine.