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Sénégal : Mamadou Diop Decroix plaide pour des médias centrés sur les enjeux de développement

Auteur: Mor Mbaye CISSE

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Sénégal : Mamadou Diop Decroix plaide pour des médias centrés sur les enjeux de développement

Dans une contribution transmise à Seneweb, Mamadou Diop Decroix livre une analyse critique du paysage médiatique sénégalais et plaide pour une transformation profonde de la communication publique au service des enjeux de développement du pays.

Le constat : la domination des faits divers

L'auteur dresse un constat sans appel : les médias, tant occidentaux que leurs pendants africains, privilégient massivement les faits divers, les polémiques et les scandales au détriment des débats de fond sur le développement. Cette tendance mondiale, selon lui, détourne l'attention des véritables enjeux et menace même la stabilité internationale.

Pour le Sénégal, ce mimétisme médiatique pose,dit-il, un problème particulier. Contrairement aux pays occidentaux, où les besoins de base sont généralement satisfaits, le pays fait face à des défis existentiels : insécurité régionale, malnutrition, chômage massif, sous-emploi. Dans ce contexte, martèle Decroix, le Sénégal ne peut se permettre de traiter la question des médias comme le fait l'Occident.

La controverse de la dette cachée : un cas d'école

L'ancien député illustre son propos avec la polémique entourant la dette cachée révélée par les nouvelles autorités. Confirmée conjointement par la Cour des comptes et le FMI, cette dette non déclarée représenterait entre 11 et 13 milliards de dollars, selon les sources, soit potentiellement le double des montants initialement annoncés.

Pour Decroix, le débat médiatique a focalisé sur les aspects anecdotiques et partisans plutôt que sur l'essentiel : comment gérer cette situation et redresser l'économie. Il qualifie la controverse persistante entre anciens et nouveaux gestionnaires de "motivation politicienne" stérile, alors que les responsabilités sont établies et que l'urgence commande l'action.

L'appel public à l'épargne et les priorités nationales

L'intervention du Premier ministre Ousmane Sonko à Milan, lançant un appel public à l'épargne auprès de la diaspora, sert de second exemple. Decroix salue cette initiative inspirée des expériences italienne et turque, mais déplore que le débat public se soit enlisé dans des détails insignifiants (les modalités de transport des participants à Milan) plutôt que sur le fond du message.

"On ne discute pas économie, agriculture, éducation, investissements", regrette le Premier ministre cité par Mamadou Diop Decroix. Ce recentrage du débat public sur les priorités de développement constitue, selon Decroix, un impératif national.

Une réforme urgente et participative

La proposition centrale de l'auteur est claire : une réforme en profondeur des médias s'impose dans le cadre de l'ajustement global que connaît le pays. Cette transformation doit être menée de manière participative, avec une redéfinition des codes et du dispositif médiatique.

Le chef de file du parti de gauche And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) appelle à un "paysage médiatique tout à fait nouveau" structuré autour d'une seule ligne de partage : la défense et la promotion des intérêts fondamentaux du Sénégal. 

Les autorités doivent clarifier leurs attentes vis-à-vis des acteurs médiatiques, qui exprimeront en retour leurs propres exigences, créant ainsi une nouvelle perception des droits, devoirs, libertés et responsabilités d'après lui. 

Un combat politique et culturel

Au-delà de la question technique, le responsable politique identifie un enjeu politique, idéologique et culturel fondamental. Le succès des politiques de développement dépend de la capacité à porter les messages essentiels auprès des populations, à travers un travail d'explication et de mobilisation sur le terrain, dit-il. 

Les réseaux sociaux, aussi utiles soient-ils, ne peuvent remplacer "la présence physique et la chaleur humaine qui motive, qui galvanise".

Sans victoire sur ce terrain communicationnel, prévient Decroix, "les préoccupations de fond ne seront pas portées comme il le faut aux populations et cela impactera la marche vers l'avant".

La contribution se conclut sur une note résolument optimiste : "Transformer les difficultés en opportunités a été la voie que d'autres ont suivie pour être aujourd'hui sur les cimes du monde. Nous le pouvons et nous le ferons sans aucun doute !"

Auteur: Mor Mbaye CISSE
Publié le: Vendredi 03 Octobre 2025

Commentaires (7)

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    Finis ! il y a 21 heures

    Ah ces vétérans de l’extrême gauche sénégalaise !
    Des vies politiques ratées
    L’ère Wade les a tous carbonisés
    Tous compromis

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    Pape il y a 20 heures

    Je doute bien que vous prêchiez dans le vide Doyen Diop Decroix: ces médias populistes à sensation n'ont pas suffisamment de capacités intellectuelles pour maintenir un début constructif au service des intérêts du pays. Tant qu'ils ont comme patrons des politiciens encagoulés qui tirent les ficelles et qui orientent l'actualité sur des considérations partisanes, pire sur du sabotage assumé de l'action gouvernementale, nous serons toujours servis de faits divers et de nouvelles de caniveau.

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    Fmi il y a 20 heures

    Je ne comprendrez jamais que des Sénégalais puissent se se réjouir de cette situation difficile et incompréhensible que le Fmi fait subir à notre pays.

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    Abbaye Fall il y a 20 heures

    Merci beaucoup mor mbaye cissé pour ce rendu. Le Doyen Diop Decroix fait toujours de bonnes analyses qui peuvent aider tout le monde à s'y retrouver.

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    Anonyme il y a 20 heures

    Efforçons nous à de réelles débats d'idées. Une suggestion intéressante. Chez nous, l’émotion et la stigmatisation l’emportent sur le rationnel. Pour parler moins de faits divers il faudrait que se produisent moins de crimes, moins d’accidents, moins de vols, moins de meurtres, moins de détournements, de polémiques stériles, de violence, moins de lanceurs d’anathème, de controverses, de dissensions, moins de faits justiciables, etc. Que notre volonté commune de changement l’emporte réellement en chacun de nous et collectivement’ C’est la volonté collective qui détermine la Nécessité, la Providence et le Destin d’un peuple. La nôtre est défaillante et génère une société défaillante. Nos pensées, nos jugements sont défaillants. Nous sommes dans un monde, dans une société non d’Information mais d’Incarnation. Pour changer cela et arriver à poser et débattre de nos véritables problématiques, il nous commande de vaincre d’abord nos bas instincts, nos tares et nos tensions sociales

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    Saly diedhiou il y a 19 heures

    Merci SG pour votre contribution trop de futilités dans ce pays

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    Xeme il y a 10 heures

    Pas encore. Ils sont nuls. Ils n'ont pas de spécialistes. Et ils n'ont pas le temps de se former. Parce que, vite, il faut de l'argent, et beaucoup d'argent.

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