El Hadji Ibrahima Sall : « On ne peut gouverner sérieusement qu’en doutant de sa propre légitimité »
L’économiste, philosophe et mathématicien El Hadji Ibrahima Sall a livré son analyse sur l’exercice du pouvoir et les défis majeurs auxquels fait face le Sénégal, lors de son passage à l'émission Jury du Dimanche sur Iradio. Sa déclaration principale, « On ne peut gouverner sérieusement qu’en doutant de sa propre légitimité », est présentée non pas comme un avertissement, mais comme un principe de sagesse politique essentiel dans un contexte national marqué par les tensions, les replis identitaires et la crise de confiance envers les institutions.
Pour El Hadji Ibrahima Sall, le doute est loin d’être une faiblesse. Il est au contraire une condition essentielle pour gouverner avec justesse et responsabilité. Il affirme qu’« Un pouvoir qui ne se remet jamais en question, qui se croit absolument légitime, court inévitablement à sa propre perte ». Tous les pouvoirs qui sont sûrs de leur légitimité finissent par se casser, selon lui. Le doute est ainsi un principe d’humilité, mais aussi un garde-fou contre l’arrogance, le populisme et la tentation autoritaire.
Dans sa lecture de la situation actuelle, El Hadji Ibrahima Sall insiste sur le caractère fondamentalement ouvert du Sénégal : « le Sénégal est condamné à être dans le temps du monde. Il ne peut se permettre le repli, la fermeture ou l’isolement ».
Il rappelle que par sa composition ethnique, son histoire, sa tradition d’hospitalité et de métissage, le Sénégal est un « peuple d’ouverture ». Cette ouverture est une force stratégique majeure dans un monde globalisé. Les nouvelles ressources naturelles (pétrole et gaz) et le développement du capital humain sont des opportunités, à condition qu’elles soient inscrites dans une vision universelle, inclusive et tournée vers le progrès. Le Sénégal, affirme-t-il, doit contribuer à la civilisation universelle, et non se contenter d’imiter.
L’un des dangers majeurs identifiés par l’intellectuel est la montée des « résistances au progrès ». Le populisme, l’exclusion, la remise en cause des élites intellectuelles et le « nivellement par le bas » constituent des menaces directes contre l’avenir du pays.
Pour Sall, une nation est grande lorsqu'elle respecte et assume ses élites, non pas comme une caste privilégiée, mais comme une force au service du peuple. « La responsabilité principale de l’élite est de tirer le peuple vers le haut et non de vivre de privilèges ». Il souligne que la disparition de cette exigence morale ouvre la porte au déclin.
Le véritable combat du Sénégal se situe donc dans la capacité à préserver l’unité nationale, à accepter le débat contradictoire et à résister aux logiques d’exclusion. Dans ce contexte, El Hadji Ibrahima Sall plaide pour un renforcement des contre-pouvoirs. La démocratie, rappelle-t-il, ne se limite pas aux élections ; elle repose sur la capacité des institutions, de la société civile et des intellectuels à questionner, critiquer et équilibrer le pouvoir. « Plus nous aurons des contre-pouvoirs, mieux le pays se portera », affirme-t-il. Le progrès naît de la contradiction. Il conclut en affirmant que « Gouverner n’est pas dominer, mais servir dans le doute, l’humilité et l’écoute ».
Commentaires (29)
Depuis 65 ans on nous sert toujours ce même langage mais point de développement.
Y en a assez. !!!
Ce qu il faut dire et cessez la mal gouvernance, la
corruption, la concussion etc.
Travaillez et encore travaillez !!
Vous etes un homme brillant Mr Sall . Nous le savons mais il faut dire aux peuples ce qu ils comprennent et dans leur langues.
Si tu as 100 tu investis 100. Et non 30 et le reste dans des poches occultes. Suivez mon regard.....
Alors, là où je suis parfaitement en phase avec lui, c'est que oui dans un état de droit, il faut des contre-pouvoirs forts et pas ce que nous voyons malheureusement chez nous.
Si Diomaye ne veut plus entendre que Sonko est à l’origine de son élection, qu’il démissionne et organise une présidentielle anticipée pour l’affronter directement. Sinon, quelqu’un qui n’a même pas pu gagner dans son village natal, Ndiagagnao, manque de légitimité pour diriger le pays.
Ah tu es à jury du Dimanche... Le dimanche en général je vais promener mon chien 🐶
Quand on doute de la légitimité du pouvoir qu'on exerce l'honnêteté recommande de démissionner et laisser quelqu'un d'autre prendre les rênes
c'est intellectuels de salon nous pompent l'air
À César ce qui lui revient.
Les salopards qui s'attaquent à lui, mettant sa vie en péril, v9nt payer cher,très cher. Ils sont ignorants des vierualités peuls. Mais ils verront et le temps des regrets sera déjà passé. Très bientôt, in cha Allah !!!
Je suis déçu du dogmatisme de Mr Sall alors que ses méninges auraient dû nos aider à sortir des sentiers battus , à trouver des solutions, à élaborer de nouveaux concerts. Pour une fois, trêve de complexe de supériorité
Un homme brillant d'un point de vue intellectuel et très compétent aussi.
Par patriotisme, par probité intellectuelle, si une quelconque autorité doute devant une décision à prendre ou d'un choix à faire face aux hautes responsabilités à sa charge, la raison, le respect et l'honnêteté imposent la démission en toute humilité.
Arrêtez de prendre les Sénégalais pour des demeurés parce que vous êtes de hauts diplômés. Nous sommes à l'air du numérique et, le savoir et la connaissance est disponible à toutes les couches sociétales...
Participer à la Discussion
Règles de la communauté :
💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.