La longue instruction du dossier qui a duré cinq ans de procédure judiciaire n’a pas permis d’asseoir la culpabilité de Cheikh Diallo, accusé du meurtre de P.Diagne (neuf ans) à Keur Massar.Son procès a révélé qu’il n’est pas l’auteur du ‘crime ignoble entouré de mystères impénétrables’.Il a été acquitté à la grande satisfaction de sa famille et de ses avocats.

Cheikh Diallo (37 ans) peut tranquillement regagner sa famille à Keur Massar, après avoir perdu cinq années de sa vie. Il est désormais libre comme l’air à la faveur d’un acquittement dont il a bénéficié, hier lundi. Nous sommes à l’ouverture de la troisième session 2011 de la Cour d’assises de Dakar. Durant toutes les phases de la longue procédure judiciaire (enquête préliminaire, instruction et débats d’audience), il est resté constant dans ses dénégations. L’accusé, qui a clamé son innocence depuis le début de cette histoire de meurtre, a simplement été victime d’une dénonciation des habitants du quartier qui l’ont indexé comme étant le meurtrier de la petite P. Diagne. Cette dernière a été retrouvée morte dans un bâtiment en construction, le 10 octobre 2006.

Le corps sans vie a été découvert par les éléments de la brigade de gendarmerie de Keur Massar qui recevaient un appel téléphonique du chef de quartier de l’unité II des Parcelles assainies. L’enquête diligentée sur place aura permis aux pandores d’apprendre, par plusieurs personnes, que Cheikh Diallo a, à deux reprises, voulu soudoyer des fillettes du même âge que la victime, pour les entraîner dans un endroit isolé.

Pourtant, Cheikh Diallo n’est pas adepte de la drogue et n’a jamais été interné dans un établissement psychiatrique, comme le prétend l’enquête de personnalité. C’est un délinquant primaire qui n’a jamais eu de maille à partir avec la justice. Sa vie carcérale a été marquée par les rigueurs de l’incarcération, parce que souffrant de la tuberculose qui lui a valu une paralysie, cinq mois durant. Célibataire sans enfants, il est aussi décrit comme une ‘personne violente’ et un cleptomane.

L’accusé est un soudeur métallique membre d’une fratrie de sept personnes. Il est fils d’un père polygame. Ses études ont été interrompues en classe de Cm2 pour aider son papa dans la prise en charge des besoins de la famille. Sa mère est une commerçante faisant la navette entre Dakar et Espagne. L’accusé est décrit par son entourage comme étant une ‘personne immature’ et ‘incohérente’ dans son discours. Sa jeunesse a été caractérisée par l’évolution en bande.

Un ‘crime ignoble entouré de mystères impénétrables’

Les faits sont étrangers à Cheikh Diallo qui dit qu’il n’a jamais versé de sang. Il ne connaissait ni d’Adam ni d’Eve la victime. Le pagne maculé de sang trouvé dans sa chambre lors de la perquisition des gendarmes, les chaussures de la fillette retrouvée non loin de chez lui, les témoignages à charge ainsi que les conclusions de l’autopsie n’ont pas permis à l’accusé de fléchir dans sa position de persister à clamer haut et fort son innocence. N’empêche, l’avocat général, qui s’est fondé sur la blessure profonde de la victime sur la tempe droite et le sang coagulé coulant de son front, requiert dix ans de travaux forcés.

La parade était ainsi toute trouvée pour que les avocats du sieur Diallo sauvent leur client qui est au bord du gouffre. A la suite de Me Iba Diop, pour qui l’absence de traces attestant de la culpabilité milite en faveur d’un acquittement, Me Amadou Aly Kane boucle la plaidoirie : ‘Le crime ignoble est entouré de mystères impénétrables. On ne réprime pas un crime en condamnant un innocent. L’assassin de Penda Diagne court toujours. Cheikh Diallo est un innocent qui dort en prison depuis 2006’. La défense aura obtenu gain de cause puisque son client sera acquitté.