Renforcer la résilience des communautés face aux risques d’inondation grâce à l’approche basée sur les écosystèmes (Eba) à Thiès. Tel est l'objectif de l'atelier de trois jours, de co-construction et d'appropriation des solutions fondées sur la nature. Il se tient à Thiès, 3 jours durant : diagnostic, planification et mise en Œuvre Pratique pour l'Atténuation des risques d'inondation.

Au cours des dernières décennies, il ressort que les inondations sont responsables d’une part très importante des sinistres recensés à l’échelle internationale : près de quatre sur dix entre 1900 et 2022.

Les données globales montrent également qu’entre 1992 et 2021, leur fréquence moyenne tournait autour d’une centaine d’événements annuels. Depuis le début des années 2000, l’ampleur du phénomène s’est nettement amplifiée : le nombre d’événements a plus que doublé (augmentation d’environ 134 %), et près de 1,6 milliard de personnes ont été affectées, selon l’OMM.

Cette progression est cohérente avec les projections climatiques du GIEC, qui annoncent une multiplication des événements météorologiques extrêmes, particulièrement préjudiciables aux pays disposant de moins de ressources pour y faire face. Les agglomérations urbaines, en concentrant une forte densité humaine et de nombreuses infrastructures, figurent parmi les zones les plus exposées.

Le Sénégal, remarque la Directrice exécutive de GIPS/WAR, Madame Julie Cissé, « illustre bien cette situation : il fait partie des pays ouest-africains les plus touchés par les inondations. Malgré cela, certaines villes en expansion rapide, notamment Thiès, ne bénéficient pas de dispositifs comparables à ceux mis en place dans la capitale Dakar».

Thiès, en effet, connaît une croissance démographique importante et une urbanisation soutenue, donc un développement qui exerce une pression croissante sur les milieux naturels : recul du couvert végétal, installation d’habitations dans des secteurs vulnérables, et déforestation progressive du plateau qui domine la ville.

«Depuis le rétablissement d’un régime pluviométrique plus intense et l’affaiblissement du couvert forestier, les épisodes d’inondation y sont devenus plus fréquents», souligne Mme Cissé.

La sensibilité particulière de Thiès, dit-il s’explique aussi par ses caractéristiques physiques; un relief marqué par un plateau culminant à environ 133 m, générant des écoulements rapides vers les zones basses ; des sols majoritairement ferrugineux, sableux, facilement érodés et peu aptes à absorber les eaux ; une grande variabilité des pluies durant la saison humide.

Les quartiers situés en contrebas sont souvent occupés par des ménages disposant de faibles moyens, ce qui augmente encore leur vulnérabilité lorsqu’une accumulation d’eau survient.

Concernant la réponse institutionnelle, la gestion nationale des inondations repose principalement sur des ouvrages d’ingénierie lourde, ou infrastructures grises. Bien qu'ils aient permis d’alléger la pression dans certains secteurs, ces aménagements présentent des limites : coût très élevé, difficulté à suivre l’évolution future des risques, et parfois déplacement des problèmes vers d’autres zones urbaines.

Par ailleurs, l’étalement du béton dans les villes réduit la capacité d’infiltration naturelle des sols, ce qui intensifie les phénomènes de stagnation d’eau. Pour cette raison, remarque Julie Cissé, « les solutions exclusivement techniques ne suffisent plus à assurer une protection durable».

Le praticien avance que les Solutions fondées sur la Nature (SfN) se présentent comme un complément indispensable : elles permettent de réduire les risques tout en préservant les processus écologiques, en apportant des avantages socio-économiques et en s’attaquant aux facteurs qui rendent les populations vulnérables. Elles constituent un moyen efficace d’améliorer l’adaptation climatique, de maintenir les services hydrologiques et d’encourager une économie moins dépendante des ressources.

Au regard de l'ampleur des pertes causées par les inondations, il est impératif de renforcer la gestion des risques d'inondation. C’est dans cette perspective qu’a été lancé le projet intitulé : « Renforcer la résilience des communautés face aux risques d’inondation grâce à l’approche Adaptation fondée sur les écosystèmes à Thiès, Sénégal », mis en œuvre par le consortium Practical Action, EPT et GIPSWAR, et financé par le Global EbA Fund pour une durée de deux ans.

L’objectif global de cet atelier est d’assurer une appropriation durable du diagnostic des risques d'inondation et une pleine participation des communautés à la mise en œuvre, à la gestion et à la pérennisation des Solutions fondées sur la Nature (SfN) à Thiès.