À Dakar, le 20 juillet 2025, un rassemblement citoyen a réuni des militants écologistes, scientifiques et membres de la société civile autour d’un enjeu encore peu débattu, mais aux conséquences lourdes : l’exploitation minière des grands fonds. Si le Sénégal n’a pas encore lancé d’opérations, l’autorisation récente de techniques exploratoires alimente les inquiétudes d’une partie de l’opinion publique.
Ce front écologique dénonce une logique extractiviste reconduite sous de nouveaux habits technologiques. Les fonds marins abritent des écosystèmes aussi fragiles que méconnus. Leur perturbation pourrait entraîner des effets irréversibles sur la biodiversité, mais aussi sur la régulation climatique mondiale. Une exploitation précipitée, sans cadre scientifique rigoureux ni transparence démocratique, reviendrait à ouvrir un nouveau front écologique dans un contexte déjà marqué par des tensions sur les ressources.
Les manifestants alertent sur un paradoxe. Alors que le pays s’engage officiellement sur des trajectoires de transition verte, l’ouverture à des pratiques minières en eaux profondes semble envoyer un signal contradictoire. Le discours sur la souveraineté environnementale, souvent affiché à l’international, se heurte ici à la tentation d’un gain économique rapide, au détriment des équilibres écologiques.
La pression monte donc sur l’État, sommé de clarifier ses intentions. Au-delà de la contestation immédiate, c’est une interpellation plus large qui se joue. Qui décide de ce que l’on sacrifie au nom du développement ? Et selon quelles priorités, alors même que la connaissance scientifique sur les impacts réels de ces activités reste lacunaire ?
Cette mobilisation pourrait bien marquer une première ligne de fracture autour des futurs modèles extractifs. Car face aux abysses, ce n’est pas seulement la profondeur géologique qui inquiète. C’est celle des choix politiques.
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