La «djihad» lancée par le Khalife général des Tidianes, Serigne Mansour Sy, lors du Gamou annuel de Tivaouane et réaffirmée dimanche dernier à l’occasion de la Ziaara générale, ainsi que les attaques perpétrées par la ligue des imams et prédicateurs du Sénégal contre les homosexuels, ne sont pas du goût de Seydi Gassama, président de la section sénégalaise d’Amnesty International. M. Gassama qui a abordé cette affaire en marge de la cérémonie de publication officielle du rapport annuel d’Amnesty International, a déclaré : «Depuis des mois, certains chefs religieux profèrent des menaces contre des minorités religieuses, les témoins de Jéhovah.

 J’ai entendu des menaces également contre des homosexuels et des lesbiennes. Nous voulons être clairs, la tolérance religieuse est une caractéristique fondamental du peuple sénégalais. Il faut qu’on se ressaisisse rapidement». Sur la cas précis des homosexuels devenus les cibles des discours des religieux, M. Gassama a plaidé pour leur tolérance en posant son argumentaire sur l’ancienneté de la pratique bannie par l’islam. «Pour les homosexuels qui ont été de tout temps présents dans ce pays et qu’on a tout le temps protégés, il est inacceptable, aujourd’hui, que des soi-disant Ong ou des chefs religieux instrumentalisent cette question-là pour créer des problèmes qui n’existent pas. Nous sommes tous nés avec des goorjigeen dans ce pays, il faut les tolérer. Le monde entier ne laissera pas le Sénégal tuer ses homosexuels. Demander au gouvernement de les persécuter, c’est peine perdue. Parce que ça n’aura pas lieu», a-t-il assuré devant la presse. 

Revenant sur le combat contre ce que la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal appelle «la permanente violation de domicile perpétrée par les témoins de Jéhovah», le président de la section sénégalaise d’Amnesty international, Seydi Gassama, ajoute : «les témoins de Jéhovah sont présents dans le Sénégal depuis les indépendances. Et ils ne se cachent pas. Ils s’activent en plein jour. Il n’est pas question de laisser dire aujourd’hui que les témoins de Jéhovah menacent l’islam, menacent le catholicisme, il faut les bouter dehors.

C’est inacceptable. L’Etat doit protéger ces minorités comme toutes les autres églises minoritaires établies au Sénégal. Chacun doit prêcher pour attirer des fidèles, chacun doit prêcher pour garder ses fidèles». Comme s’il voulait indiquer aux guides religieux engagés dans ce combat la voie à suivre, M. Gassama a soutenu : «Mame El Hadji Malick et Serigne Touba n’ont pas utilisé la violence pour emmener les gens dans l’islam. Ils ont prêché par l’exemple et les gens les ont rejoints». Aussi prévient-il les autorités : «Si les gens ont des velléités de violence dans ce pays, l’Etat doit agir pour protéger ces minorités»