Alors que l’AS Pikine espérait entamer sereinement sa préparation hivernale après avoir assuré son maintien en Ligue 1, le club est désormais secoué par une crise interne profonde. Un bras de fer oppose le président Mamadou Gueye à son président délégué, Modou Fall, avec en toile de fond des tensions autour du poste d’entraîneur, des accusations de mauvaise gestion et une gouvernance fracturée.

Tout a basculé après que l’entraîneur et directeur technique de l’équipe, Lamine Diagne, a affirmé dans la presse que son transfert vers le Jaraaf de Dakar avait échoué à cause de blocages orchestrés par Modou Fall.

Le comité directeur a qualifié ces accusations de « très graves », niant toute tentative de sabotage.

Président du club, Mamadou Gueye, a, pour sa part, rappelé que Lamine Diagne reste sous contrat pour deux saisons et que son départ n’a jamais été formellement finalisé entre les deux clubs.

Mamadou Gueye limoge Modou Fall, qui contre-attaque

Resté à l’étranger pendant plusieurs mois, Mamadou Gueye a publié, le 17 août 2025, un communiqué officiel annonçant la révocation de Modou Fall de ses fonctions de président délégué. Cette décision, prise avec effet immédiat, visait à rétablir l’ordre et à maintenir Lamine Diagne à la tête de l’équipe.

Mais Modou Fall ne l’a pas entendu de cette oreille. Soutenu par plusieurs membres du comité directeur, il a convoqué une réunion au cours de laquelle Massamba Cissé a été désigné président par intérim, tandis que lui-même était reconduit dans ses fonctions. Deux camps se font désormais face, avec des visions opposées et une gouvernance éclatée.

La version de Modou Fall : « J’ai prêté 14 millions au club »

Dans une émission à Dsport, Modou Fall a tenu à se défendre contre les accusations portées à son encontre. Il affirme avoir personnellement prêté 14 millions FCFA à l’AS Pikine lors de difficultés financières rencontrées l’année dernière.

« J’ai prêté à l’équipe 14 millions quand elle traversait une période compliquée. Concernant le véhicule de 24 millions promis à la cellule communication, il est déjà payé. Il ne reste que la mutation administrative pour qu’il soit officiellement mis à disposition », a-t-il déclaré.

Une sortie médiatique qui vise à réhabiliter son image et à contrer les soupçons de détournement qui circulent au sein du comité.

Membre du comité exécutif, Alioune Diagne décrit un climat délétère. Selon lui, une réunion de plus de cinq heures n’a permis d’aboutir à aucune décision, malgré un ordre du jour de cinq points. La majorité des membres, affirme-t-il, soutient le maintien de Lamine Diagne comme coach principal.

Il s’interroge également sur la gestion financière du club, notamment :La prime de 24 millions FCFA liée au véhicule destiné à la communication. La deuxième tranche de subvention de 50 millions FCFA, dont l’utilisation reste floue.

Entre conflits d’ego, absence de leadership clair, et soupçons de mauvaise gestion, l’AS Pikine traverse une période critique. À quelques semaines du début de la saison, aucune direction n’est officiellement reconnue par tous, et le staff technique reste au cœur des tensions.

Les supporters, déjà éprouvés par une saison difficile, observent avec inquiétude ce climat de division qui menace à la fois la stabilité sportive du club et sa crédibilité institutionnelle.