Dans un entretien accordé à Le Soleil, Pr Abdoulaye Sakho, vice-président du Jaraaf et spécialiste en droit du sport, estime que les droits télévisés du football sénégalais ne représentent pas encore une source de revenus significative. Trois obstacles majeurs expliquent cette situation, souligne le spécialiste.

Le premier est d’ordre juridique. La «Charte du sport» de 1984, toujours en vigueur, est aujourd’hui largement dépassée. Elle ne prévoit aucun mécanisme pour que le football puisse bénéficier des revenus liés à la diffusion télévisée. Un projet de Code du sport est en cours d’adoption, mais il devra combler plusieurs décennies de retard.

Le deuxième obstacle est lié à la qualité du spectacle sportif. Les matchs du championnat sénégalais peinent à susciter un réel engouement, notamment parce que les meilleurs joueurs quittent très tôt le pays pour des ligues étrangères plus rémunératrices. Une situation que le professeur Sakho résume ainsi : le Sénégal est devenu un simple «fournisseur de matières premières brutes» pour le football mondial.

Enfin, le troisième frein est stratégique et économique. Les clubs sénégalais manquent d'une vision à long terme et d'une structure solide pour se positionner comme de véritables acteurs économiques. L'interlocuteur du quotidien national appelle à une refondation du modèle et plaide pour que les clubs deviennent de véritables «champions économiques», capables de générer des revenus durables et de valoriser les droits liés aux spectacles sportifs, y compris ceux mettant en scène les joueurs africains évoluant à l’étranger.