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Amadou Lamine Fall, initiateur du Dakar Job Dating : « Le plein emploi n’est pas une utopie»

Auteur: Entretien réalisé par Adama SY et Omar SAMB

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Amadou Lamine, initiateur du Dakar Job Dating : « Le plein emploi n’est pas une utopie»

Le Salon Dakar Job Dating, tenu au Grand Théâtre National les 17 et 18 décembre 2025, a réuni entreprises, experts et demandeurs d’emploi pour favoriser des connexions directes. En marge de la clôture, son initiateur Amadou Lamine Fall, spécialiste du capital humain, s’est confié à Seneweb. Il revient sur le succès de l’événement, les défis structurels de l’emploi au Sénégal et lance un appel ferme aux autorités pour passer des paroles aux actes.

M. Fall, quelles sont vos impressions par rapport au salon que vous avez organisé ici au Grand Théâtre?

Cela fait des mois que nous travaillons à la réussite de cet événement et aujourd’hui, on peut clairement dire que c’est une réussite. La forte affluence, la confiance observée sur les stands et la qualité des échanges entre entreprises, experts et candidats témoignent du succès du Dakar Job Dating. Les interventions ont été riches, les secteurs représentés variés et les échanges très constructifs.

Comment est venue l’idée de tenir ce salon qui connecte les entrepreneurs aux jeunes demandeurs d’emploi ?

L’idée du salon est née d’un constat quotidien, car le chômage n’est plus seulement une question sociale, mais un véritable enjeu sociétal. Dans nos familles, dans nos activités, nous voyons des jeunes frères et sœurs passer des mois, voire des années, à chercher un emploi ou même un simple stage. Fort de mon expérience en tant que spécialiste du capital humain, j’ai eu la chance de réaliser au moins 3 000 à 4 000 recrutements depuis mon retour au Sénégal. C’est pour moi un acte, un geste, une manière de contribuer à la lutte contre le chômage. Nous avons voulu organiser ce grand événement qui connecte directement les entreprises qui recrutent et les demandeurs d’emploi. Mais le salon va plus loin que le simple job dating, car nous avons ajouté une dimension inspirante en invitant des DG, des DRH, des experts et des entrepreneurs à succès pour montrer qu’il est possible de réussir au Sénégal, soit par le travail salarié, soit par l’entrepreneuriat.

Quel est votre regard sur les enjeux de l’emploi et de l’entrepreneuriat au Sénégal dans un contexte

économique difficile ?

Face à un contexte économique difficile et à un marché du travail incapable d’absorber tous les diplômés, je ne peux que poser des actes et jouer un rôle d’acteur, car face à ce fléau, il n’y a pas d’alternative à part l’action. Selon moi, le plein emploi n’est pas une utopie. Je crois fortement qu’avec des politiques publiques incitatives, une réforme du Code du travail, un climat favorable à l’investissement et des formations adaptées aux besoins réels des entreprises, le Sénégal peut s’en rapprocher, car je rappelle que l’emploi est créé par le secteur privé et que le rôle de l’État est de créer des conditions favorables.

Avez-vous échangé avec les autorités et quel a été leur positionnement vis-à-vis de votre initiative ?

Sur cette question, l’organisateur se veut transparent, je suis mitigé, voire inquiet. En réalité, sur les nombreuses structures publiques sollicitées, seules quelques-unes ont répondu favorablement, et j’en profite pour remercier l’ANPEJ, le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle ainsi que certaines équipes étatiques pour leur soutien. Mais globalement, le niveau d’appui attendu en termes de logistique, technique, humain et surtout financier n’a pas été à la hauteur, et pourtant l’initiative n’avait pas pour objectif un retour quelconque. Nous l’avons faite par patriotisme et par solidarité envers notre jeunesse.

Quelles sont les failles que le salon a mises en lumière ?

Le salon a mis en lumière les limites du système éducatif. Beaucoup de contenus de formation ne sont pas adaptés aux besoins réels des entreprises ; par exemple, les formations en informatique et cybersécurité sont insuffisamment alignées sur les exigences du marché. La compétitivité passe par une refonte des curricula et une meilleure mise à jour des structures face aux évolutions des métiers.

Après le salon, quelles sont les perspectives ?

La prochaine étape consistera en une évaluation rigoureuse : nombre de participants, postes pourvus, niveau de satisfaction des entreprises et des candidats. Un mémorandum sera partagé avec les autorités, tout comme les résultats du suivi qualitatif et quantitatif. Par ailleurs, un magazine intitulé « Oser Plus », dont la première édition est prévue pour le 7 janvier, reviendra largement sur le salon et sur les enjeux de l’emploi et de l’entrepreneuriat.

Un message à la jeunesse ?

J’invite les jeunes à changer de regard sur le travail. Il ne faut pas sous-estimer les métiers. Créer son propre emploi, même à petite échelle, est une dignité et peut mener très loin. Pour moi, chaque individu est un « candidat », car chaque personne possède un talent. Il suffit de le réveiller, de le perfectionner et de le valoriser. « La richesse ne vient pas des salaires, mais de l’entrepreneuriat. »

Auteur: Entretien réalisé par Adama SY et Omar SAMB
Publié le: Vendredi 19 Décembre 2025

Commentaires (1)

  • image
    Abdullah il y a 9 heures
    Le plein emploi n'est une utopie, quoi que, il y aura toujours un chômage incompressible de 3-4%.
    Notre problème est que l'informel représente une très grosse part de économie, notre tissu industriel est embryonnaire, la formation est très peu adaptée aux besoins, etc.
    Il y a un défi à relever et nous pourrons collectivement le faire à certaines conditions:
    Stabilité, gouvernance, accompagnement (Etat), investissements, décentralisation et déconcentration, JUSTICE, etc.
    Retroussons nos manches et au boulot.
    Vive Le Sénégal

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