Le 19 mars 2000, la première véritable conquête du pouvoir par le peuple sénégalais se confondait avec la sempiternelle et obsessionnelle quête du pouvoir par un septuagénaire qui, comme les chats des croyances populaires, semble avoir mille et une vies. Sur le coup, on fut porté à croire que la trajectoire lunaire de ce destin individuel, toute en courbes ellipsoïdales imprévisibles et fantasques, était intimement liée à la longue et éprouvante marche des Sénégalais vers la démocratie. De cette conjonction circonstancielle de deux trajectoires a résulté la période de confusion et de malaise que vit le Sénégal depuis ce fatidique soir de mars 2000. Plongés dans une longue éclipse, nous en sommes venus à perdre de vue le sens de notre destinée collective en tant que peuple souverain.