CNSA: quatre mois sans salaire, les travailleurs crient leur détresse.
Le Conseil National de Sécurité Alimentaire (CNSA), bras technique de l’État dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, traverse une crise interne grave : depuis quatre mois, son personnel n’a pas perçu de salaire. Dans une lettre ouverte adressée au Premier Ministre Ousmane Sonko, les agents dénoncent une situation intenable, marquée par le silence administratif, la suspension des prises en charge médicales et l’absence de toute coordination.
Créé en 2000 par arrêté primatoral, le CNSA a assuré le suivi des politiques de sécurité alimentaire, la surveillance des indicateurs nutritionnels, la production de rapports stratégiques et l’organisation des enquêtes de terrain. Son rôle est central dans le dispositif d’alerte rapide et dans les sessions du cadre harmonisé, qui permettent d’identifier les zones vulnérables et d’orienter les interventions.
Mais depuis la suppression du Secrétariat Exécutif en décembre 2024 (arrêté N°034102), remplacé par un secrétariat technique en mars 2025, le service est désorganisé. Le nouveau secrétaire technique, nommé en septembre, n’a pas encore pris fonction. Résultat : aucun interlocuteur pour les agents, aucune information sur leur situation, et un blocage total des salaires.
“Nous qui sommes chargés de veiller à la sécurité alimentaire des populations sommes aujourd’hui en insécurité alimentaire,” écrit le syndicat.
Les conséquences sont dramatiques : agents de terrain délogés pour loyers impayés, chefs de bureau contraints de solliciter des crédits pour nourrir leurs familles, stress généralisé, motivation en chute libre. Les prises en charge médicales auprès de TRANSVIE ont été suspendues sans explication, alors que les retenues sur les bulletins de salaire sont toujours effectives.
“Un salaire ne représente pas seulement le prix d’une prestation. Il constitue un socle de stabilité sociale. Retarder un salaire, c’est mettre en péril des vies et des rêves”, déballe le syndicat.
Il dénonce une méprise dangereuse: considérer le salaire comme une faveur et non comme une obligation légale et morale. Il interpelle le Premier Ministre sur la sacralité du salaire, rappelant que les retards sont récurrents depuis octobre 2024.
Le CNSA est pourtant salué par les partenaires internationaux FAO, PAM, Agrhymet, CILSS comme une référence sous-régionale en matière de résilience et d’innovation. Son travail est indispensable pour anticiper les crises alimentaires. Cette année, le Sénégal risque de manquer l’organisation du cadre harmonisé, pourtant crucial pour l’action gouvernementale et humanitaire.
“Le Sénégal est devenu une grande école sous-régionale sur les innovations en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire. Ne laissons pas cette dynamique s’effondrer”, alertent les travailleurs.
Le syndicat appelle à une clarification urgente, au versement immédiat des salaires et à la reprise des activités de terrain. Il demande également les moyens logistiques nécessaires pour poursuivre les enquêtes et fournir les données essentielles aux décideurs.
“Nous ne vivons ni crise, ni troubles. Pourquoi devons-nous souffrir des procédures trop administratives ?”
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