Afrique du Sud : L’héritage de Mandela ébranlé

L'Afrique du Sud a trop souffert de l'apartheid, et il serait pitoyable que ce pays devienne un foyer de xénophobie. Doit-on rappeler à ce vaillant peuple que l'ensemble des peuples du continent ont soutenu contre vents et marées le peuple sud-africain opprimé et ont contribué à la fin de la ségrégation érigée en loi par le régime de l’Apartheid ? La présidente de la Commission de l’Union africaine est bien une Sud-Africaine, dont le pays s’apprête de surcroît, à accueillir le prochain Sommet de l’UA. Ce qui voudrait dire que l’Afrique du Sud est une terre promise pour l’ensemble des fils du continent, car le premier parti africain (ANC) fut créé en Afrique du Sud. Cette formation politique avait comme orientation politique l’émancipation des peuples opprimés du continent. L’Afrique du Sud n’a nullement intérêt à basculer dans la xénophobie extrême. 

Nous condamnons ce genre d’agissements barbares. Le pays de Mandela ne mérite pas de livrer une telle image xénophobe. Le président Zuma doit prendre ses responsabilités pour ne pas battre en brèche l'architecture de la nation arc-en-ciel prônée par Mandela. Jacob Zuma doit recadrer son fils et le Roi Zoulu qui ont tenu des propos malveillants à l'égard des étrangers, notamment des Africains, ce qui serait semblable à une incitation à la haine. C'est honteux. Le président Zuma et Mme Zuma doivent monter au créneau pour mener une action de conscientisation. Au cas contraire, il faudrait menacer le gouvernement sud-africain d'un mot d'ordre de boycott du prochain sommet de l'Union africaine de juillet prochain. 

L’Afrique du Sud n'en est certes pas à sa première émeute contre les «étrangers » et probablement pas à sa dernière. Tant que les masses déshéritées ne seront pas éduquées et conscientisées, il faudra s'attendre à la récidive. On ne peut soigner le diabète sans mesurer le taux de glycémie. Tout mal à une origine… Ce qui se passe actuellement à Durban et Johannesburg est abominable et condamnable, mais certainement pas un cas singulier sur le continent. Car ce genre de spectacle honteux a également été observé dans certains coins du continent peut-être pas avec la même barbarie comme au Congo-Brazzaville, en Angola où des ressortissants du Congo Kinshasa ont subi des sévisses lors de leurs expulsions par les forces de police. 

A l'époque de l'Apartheid, l’infatigable Fela Anikulapo Kuti, légendaire musicien nigérian, clamait haut et fort « South Africa Is Better Than Nigeria » (L'Afrique du Sud est mieux que le Nigéria) en parlant des droits humains. A l’époque, le pays était dirigé par Buhari. Ce que de nombreux micro-nationalistes reprochent aux émeutiers sud-africains, ils l’occultent (pour ne pas dire tolèrent) dans leurs enclos respectifs.