L'Afrique connaît une croissance solide depuis plusieurs années. Elle a par ailleurs été une destination privilégiée pour les investissements étrangers en 2013. Le signe d'un premier réveil. Même si la route est encore longue.
"Renforcer les liens avec l'une des régions les plus dynamiques du monde". Tel est le souhait de Barack Obama, qui a invité 47 dirigeants africains lors d'un sommet aux États-Unis les 5 et 6 août prochains. De fait, c'est en Afrique sub-saharienne qu'a eu lieu le plus fort accroissement de capitaux étrangers en 2013, avec, c'est une surprise, un engouement pour les valeurs mobilières. Et le continent, dont la population a dépassé le milliard, a vu son économie croître à un rythme de 5% en moyenne au cours des dix dernières années. Alors l'Afrique, nouvel Eldorado des investisseurs ?
Le paradis des investisseurs aventuriers
"Certains fonds américains ont ajouté 4 à 5% de valeurs africaines dans leurs portefeuilles", confirme Gabriel Fal, président des conseils d'administration de la Bourse régionale des valeurs mobilières, la Bourse ouest africaine à Abidjan. Un symptôme de la recherche de performances surnaturelles de la part d'investisseurs étrangers dont les hardeurs ont été dopées par l'argent facile des banques centrales des économies avancées ces dernières années.
Mais le continent, dont les économies sont très diverses, reste encore une terre pour les investisseurs aventuriers. Les Français, déjà très présents en Afrique, ont par exemple été trop frileux pour aller plus loin, explique Gabriel Fal.
Pourtant, les opportunités existent. L'opérateur téléphonique historique sénégalais Sonatel, détenu en grande partie par l'État sénégalais et Orange mais dont près de 30% du capital est flottant, en est sans doute un bon exemple. Coté à la Bourse d'Abidjan, son titre a en effet progressé de 110% depuis la mi 2012.
Le marché des télécoms, grâce à l'arrivée du mobile dans les pays d'Afrique, a d'ailleurs connu un essor fulgurant sur le continent. Celui-ci, vierge des anciennes technologies, est un territoire idéal pour le développement des nouvelles technologies et l'innovation.
En témoigne le développement à grande vitesse du e-commerce qui devrait permettre au continent de "s'affranchir d'un système de distribution classique", selon Philippe Labonne, directeur général de Bolloré Africa Logistics. Selon lui, le e-commerce y est sans aucun doute le prochain grand relais de croissance.
On assiste par ailleurs à la formation d'une petite classe moyenne qui intéresse de plus en plus les grandes firmes dans le monde, à l'image du géant coréen Samsung qui a développé des modèles de réfrigérateurs spécialement conçus pour supporter les grandes chaleurs et destinés à l'Afrique du Sud.
Le défi majeur des infrastructures
Attention toutefois à ne pas verser dans l'excès d'optimisme. Car, c'est une rengaine, les défis sont encore nombreux pour des économies au développement très inégal et largement tributaires des exportations de matières premières comme les hydrocarbures et les produits de l'agriculture. En premier lieu, l'Afrique souffre d'une faiblesse chronique de ses infrastructures. A titre d'exemple, une part conséquente des récoltes en Afrique subsaharienne pourrit aux abords des champs faute d'un réseau de transports permettant de les acheminer en temps et en heures vers les clients.
C'est notamment de l'évolution de la qualité des voies de communication, maritimes et routières, que dépendra la capacité du pays à transformer l'essai et à réussir son intégration régionale. Mais pour cela, il faut des fonds. Jusque là, le continent comptait essentiellement sur l'aide au développement. Mais depuis quelques temps, les dirigeants africains commencent à comprendre l'intérêt des partenariats public privé (PPP).
Cette méthode de co-financement entre l'État et un partenaire privé a permis par exemple de financer la construction de ports, gourmands en capitaux mais essentiels aux exportations de matières premières vitales pour la plupart des économies africaines... mais aussi pour leurs partenaires, à qui les États confient généralement l'exploitation des ressources en échange.
La Chine, partenaire de choix ou colon à la place du colon ?
Un intérêt bien compris par les grandes entreprises chinoises. Souhaitant faire de l'Afrique son grenier à matières premières, la deuxième économie mondiale investit massivement dans les infrastructures qui doivent lui permettre d'acheminer le mieux possible les ressources dont elle a besoin pour alimenter sa croissance. Depuis que la Chine s'intéresse à l'Afrique, la part relative de la France dans le commerce et les investissements est d'ailleurs en nette diminution.
"Il est temps pour nous d'ôter les lunettes teintées de rose à travers lesquelles nous voyons la Chine", s'était toutefois agacé il y a un an le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria Lamido Sanusi, dans une tribune au vitriol publiée par le Financial Times.
"La Chine nous prend des matières premières et nous fournit des biens manufacturés. C'est aussi l'essence du colonialisme", s'était-il emporté, non pas à destination des Chinois directement, mais plus à l'adresse des dirigeants africains eux-mêmes. "L'un des enjeux, souligne Nana Owusu-Afari, président de la principale organisation patronale du Ghana, c'est de réussir à localiser la production."
L'objectif est double. D'une part, être moins dépendant des capitaux chinois, qui au final servent aux Africains à financer des achats de produits et infrastructures… chinois. D'autre part, créer des emplois grâce à un tissu économique varié et localisé. Car si la croissance en Afrique sub-saharienne est solide depuis 2000, elle ne suffit pas à générer suffisamment d'emplois pour les nouveaux entrants sur le marché du travail. D'après le Bureau international du travail (BIT), la croissance a permis de créer 63 millions d'emplois entre 2000 et 2007, mais dans le même temps, 96 millions de jeunes sont venus gonfler la population active.
Développer l'entrepreneuriat local
En ce sens, l'afflux d'investissements directs étrangers en 2013, dont une part croissante a été placée directement dans des entreprises africaines constitue un espoir. Le besoin nouveau qu'ont les Africains de valoriser leur épargne, notamment la classe moyenne naissante, en constitue un autre pour favoriser le financement des PME. Encore faut-il faire un effort de transparence sur la santé financière des entreprises africaines.
"Il est très compliqué d'obtenir des informations fiables lors de la première notation car les entrepreneurs ont peur d'être mal notés et ne donnent pas tout", explique Stanislas Zeze, président-directeur général de Bloomfield investment corporation, une agence de notation spécialisée dans les sociétés africaines qu'il a fondée en 2007. "Lors de la deuxième notation, lorsque le rapport de confiance est établi, cela va mieux en général", tempère toutefois ce diplômé ivoirien de l'Université du Michigan passé par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le géant pétrolier Shell.
Le retour des "cerveaux" formés et dotés d'expériences à l'étranger, dont Stanislas Zeze est un exemple, constitue par ailleurs une force pour créer une nouvelle classe d'entrepreneurs aguerris. Mais il reste encore à former la main d'oeuvre, abondante, jeune et disponible, pour produire selon des standards industriels adéquats.
15 Commentaires
Lo
En Février, 2014 (06:48 AM)Mooo
En Février, 2014 (07:01 AM)Ahbon
En Février, 2014 (07:11 AM)Niaf
En Février, 2014 (07:19 AM)La démocratie est la seule porte qui libère. Hugo disait que la liberté est la chose la plus chère et forte pour tout humain digne de ce nom et la république l'ordre le plus cher et entier de toute société politique.
Tant qu'on ne sortira pas de nos démocraties bananières, nous n'aurons ni sentiers ou trajectoires propres ni progrès collectif.
Croissance, oui, parce qu'on est largement en retard sur les autres.
Mettez un jeune (40-50) au pouvoir et exigez de lui des garanties systémiques : le respect équitable de la loi, l'optimum de compétence dans le travail gouvernemental et le droit du peuple à réagir institutionnellement et politiquement à toute trahison de l'État. En trois ans l'Afrique marchera rien qu'avec cela.
Au niveau international, soyons méfiants car on ne parle de l'Afrique que pour des intentions de prédation.
Tenons bon, nos pays ont tout pour réussir, mais ils ont été malmenés par nos dirigeants et par leurs complices ou maître d'ailleurs.
Sunu Gaal Leer
En Février, 2014 (07:28 AM)On nous parle de croissance du PIB alors que le chiffre en soi ne signifie rien c'est juste une moyennne entre les revenus du plus riche et ceux du plus pauvre, en omettant toujours volontairement l'IDH. En plus le PIB mesure la quantité de richesse produite qui est différente de la quantité de richesse disponible pour la consommation.
On nous parle de financements alors que dans ce systeme financier l'argent ne sert a pas creer du travail mais a creer de l'argent. Et surtout la plupart ces investissemements visent a implanter de grandes societes alors que l'utilisation la plus large possible des méthodes autochtones est souvent plus appropriée et plus efficace que les transferts de technologie parce qu'adaptée aux besoins locaux. Le développement sera ainsi endogene au lieu d'être un placage d'un modele occidental sans rapport avec le pays et ses besoins reels.
Kekh
En Février, 2014 (08:07 AM)Le Vrai
En Février, 2014 (08:29 AM)Le vrai.
Oui
En Février, 2014 (08:31 AM)Ils travaillent pour la Chine
Klay
En Février, 2014 (08:37 AM)Le budget de l'Union Africaine est en grande partie financé par l'UE, nous ne sommes pas encore indépendants...
Pfffff
En Février, 2014 (11:42 AM)Les Africains sont des complexés autant vis à vis de la Chine que de l'Occident... Toujours à voir l'autre comme le diable.
Dans un pays normal on dirait:
"La Chine nous prend des matières premières et nous fournit des biens manufacturés. C'est aussi l'essence du commerce"
Il faut déjà être content d'exporter quelque chose!
Pharoah
En Février, 2014 (12:48 PM)Comment on fait les Dragons Asiatiques ? Education + Travail.......le Vietnam qui a connu 50 ans de guerre terrible a déjà un PIB double du Sénégal , cherchez l'erreur .
Pharoah
En Février, 2014 (18:48 PM)MOO je ne suis pas Sénégalais mais j'ai voyagé en Europe , Moyen Orient , Extreme Orient et Afrique et tu comprends rapidement pourquoi ce continent est sinistré : poids énorme des coutumes et de la religion , le travail n'est pas une Valeur ( aucune productivité ) d'ailleurs malgré des salaires dérisoires aucune entreprise manufacturière occidentale ne vient investir ici , depuis les indépendances , en dehors du Sénégal aucun état de droit ne s'est construit ( voir les litiges électoraux et non respect des constitutions) et plus grave la jeunesse de ce continent n'a aucune curiosité et culture des autres pays : il suffit de lire toutes les conneries écrites sur l'Europe ou autres pays occidentaux
Pauvre débile de MOO à chaque entrée de village il y a 5 o 6 panneaux "projets d'appui" et rien ne change ,
tu fais parti de ces Sénégalais juste bons à faire de grands discours pompeux et à tendre la main comme un mendiant ! réveille tes méninges et moi toi au travail .....l'exemple pitoyable récent est les 20 jours de coupures d'eau à Dakar pour remplacer un vulgaire tuyau
TRAVAIL : du latin Trépanum , instrument de torture
Mooo
En Février, 2014 (21:16 PM)Pour Une Afrique Digne
En Février, 2014 (21:34 PM)Il reviendra sûrement parmi les siens
Cela est écrit en or dans notre ciel
Sa longue hibernation prendra fin
Il réintégrera son aimable peuple.
S’ouvrira alors pour la nation
Une ère de jubilation et de paix.
Il reviendra dans sa maison purifiée
Des signes du temps bien bavards
Annoncent cet événement prévu
Ce n’est qu’une question de saison
La nation entière délivrée de ses maux
Chantera enfin à l’unisson son hymne.
Qu’on ne s’y trompe pas ! Pour sûr.
Qu’il pleuve ou qu’il grêle sur nous
Qu’on monte sur des monts abrupts
Ou plonge dans les sombres abîmes
Qu’on le veuille ou non, pian !
Il nous reviendra bien pimpant.
O bien-aimé peuple d’Eburnie
Retiens les flots de ton souffle
Et prends ton mal en patience
Que ton espérance ne s’altère pas
L’obscurité cèdera à la lumière
Le renouveau attendu de tous.
Ne te décompose point à l’attendre
O peuple consacré d’Eburnie.
Ta persévérance demain fleurira
Il nous reviendra le béni de ton sein
Pour réunifier la nation fragmentée
Et pour redresser les chemins tordus.
Ne te laisse donc pas détourner
Par les prophètes du désespoir
Bouche tes oreilles sensibles
Aux coassements des corbeaux
Car, il nous reviendra assurément
Dans toute sa splendeur vivante
O mon peuple, contiens tes plaintes.
Oui, il nous reviendra plus tonifié
Il nous reviendra rempli d’audace
Il sera là profondément renouvelé
Et enrichi de saines intensions
Pour le salut de tous en Eburnie.
Pharoah
En Février, 2014 (22:14 PM)Les grands hommes qui ont changé le monde Lénine , Mao , Roosevelt , Martin Luther Kung , Gandhi , Mandela et d'autres ) en plus de leurs discours de Leaders avaient du charisme , des idées et la volonté de changer les choses........en 60 ans d'indépendance seul Anouar Al Sadate et Mandela avaient cette dimension , l'un a été assassiné , l'autre est arrivé au pouvoir trop tard hélas.;;;Mandela disait toujours qu'il faut s'instruire , je n'ai pas l'impression qu'il soit tres écouté hélas !
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