Côte d’Ivoire : le camp Gbagbo récuse Raila Odinga médiateur de l’Union africaine

Raila Odinga, l’émissaire de l'Union africaine pour la crise ivoirienne, a une nouvelle fois quitté Abidjan le 19 janvier sur un constat d'échec. Avant de partir, le Premier ministre kényan a déploré que Laurent Gbagbo n'ait pas honoré sa promesse de mettre fin au blocus de l'hôtel où Alassane Ouattara est retranché. Le camp Gbagbo qui, après le départ du médiateur de l'UA, l'a récusé, estimant qu'il avait pris parti pour son rival. Raila Odinga a menacé Laurent Gbabgo de sanctions économiques s'il continuait à s'accrocher au pouvoir.

Le médiateur de l'Union Africaine, « a failli à sa mission » selon le camp Gbabgo. Il n'est plus le bienvenu dans le pays. Alcide Djédjé, ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo estime que Raïla Odinga ne s'est pas comporté comme un médiateur, un facilitateur : « Dans le communiqué qu’il a fait, il prend carrément partie pour Monsieur Ouattara. Il est resté assez superficiel (..). On ne peut pas nous dire que le blocus du Golf Hôtel est un frein à l’ouverture des discussions (..).D'autant que ceux qui sont au Golf Hôtel voyagent à travers le monde, reviennent. Pourquoi ils ne pourraient pas sortir et participer à une réunion avec le président de la République, s'est-il insurgé. Nous avons décidé de le récuser parce qu’il n’a de volonté affichée de régler le problème en Côte d’Ivoire ».

Dans le camp Ouattara, on n'est pas surpris par l'échec de la médiation du médiateur de l'Union africaine. Jean-Marie Kacou Gervais, ministre des Affaires étrangères d'Alassane Ouattara constate que Laurent Gabgbo ne tient pas parole, il ne voit pas sur quoi il pourrait y avoir un dialogue avec lui. Il souhaite que la voie diplomatique l'emporte, mais il en doute :

« Nous régissons comme Mr Odinga. Encore une fois, on s’aperçoit que Mr Gbagbo ne tient pas parole. Je ne veux pas être sarcastique, mais constater simplement que Mr Odinga s’est fait lui-même encore rouler encore une fois dans la farine. C’est toujours la même histoire. Mr Gbagbo ne tient pas ses engagements ».

Alassane Ouattara affirme, dans une interview au quotidien français La Croix, qu'une «intervention militaire» de la Communauté économique des Etats d''Afrique de l'Ouest «est déjà prévue, pour chasser le président sortant ».

Ce mercredi, le Premier ministre ivoirien nommé par Alassane Ouattara est arrivée dans la capitale burkinabée. Guillaume Soro fait une tournée qui devrait le mener au Togo, au Niger, au Bénin et au Nigeria avant qu'il ne se rende au Mali pour le sommet de l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), prévu le 22 janvier à Bamako.

Dans ce contexte, Ali Coulibaly, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, est arrivé ce mercredi à Paris. Il a été reçu dans la matinée par la chef de la diplomatie Michèle Alliot-Marie qui lui a confirmé qu'il était le seul ambassadeur ivoirien reconnu en France. Ali Coulibaly n'a toutefois pas encore pris ses fonctions à l'ambassade. Et pour le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo, c'est toujours le représentant de ce dernier, Pierre Kipré, qui est en poste.

De son côté, Raïla Odinga menace désormais Laurent Gbabgo de sanctions économiques s'il continuait à refuser de céder le pouvoir. Après l’échec de sa médiation, le Premier ministre kényan a été longuement reçu par le chef de l'Etat burkinabé Blaise Compaoré. Après le Mali et le Ghana, Odinga doit se rendre, ce jeudi 20 janvier, en Angola, qui penche clairement pour Laurent Gbagbo, puis en Afrique du Sud, hostile à la manière forte contre le président ivoirien sortant.

« La question était de savoir comment nous pouvons engager les deux parties dans une discussion afin de donner des assurances à monsieur Gbagbo pour une sortie honorable. Nous avons discuté avec monsieur Ouattara, qui a accepté de former un gouvernement dont le quart serait composé de personnalités du camp de Monsieur Gbagbo. A ce niveau nous avons été clairs et fermes. Si Monsieur Gbagbo ne prend pas en compte les propositions qui lui ont été faites, la fenêtre des négociations va se refermer bientôt. Et nous allons donc passer à une autre étape qui inclut notamment l’utilisation d’autres moyens tels que les sanctions économiques. Ces sanctions pourraient être complétées par l’usage légitime de la force pour le déloger ».

Alors que le camp Gbagbo annonçait qu'il le recusait comme médiateur, Raïla Odinga dit qu'il revient plutôt à l'Union africaine d'en décider : « Monsieur Gbagbo n'a pas le choix. J'ai été nommé par l'Union africaine pour conduire cette misssion. Et je compte m'employer pour continuer la mission jusqu'a ce que l'Union africaine me dise ce qu'il y a lieu de faire. »

Après le Mali, le Ghana, et le Burkina, Premier ministre kényan doit se rendre ce jeudi 20 janvier en Angola, puis en Afrique du Sud.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo dit encore croire à une solution diplomatique. « Qu'on s'assoie pour discuter, mais quand on utilise des prétextes fallacieux, tel que le blocus du Golf Hôtel, c'est qu'on a une idée derrière la tête, accuse-t-il. On pense peut-être que ce problème peut être réglé de façon violente par les armes en refusant de discuter.»