Quand Macron affirmait en janvier dernier, qu’il avait proposé aux chefs d’Etat africains de réorganiser la présence militaire française sur le continent et que par politesse, il leur « a laissé la primauté de l’annonce », plusieurs dirigeants africains se sont insurgés contre les propos du locataire de l’Elysée. Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko est par exemple monté au créneau pour dénoncer une déclaration erronée. Le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby, a abondé dans le même sens, indiquant que l’annulation de l’accord de coopération militaire entre N'djamena et Paris était une décision souveraine du Tchad.
Pendant ce temps, on observait un silence assourdissant du côté d'Abidjan. Comme l’indique l’expression : « Qui ne dit mot consent ».
Rétrocession de la base française de Côte d’Ivoire à l’Armée ivoirienne
On comprendra mieux, ce mutisme, lors de la rétrocession de la base militaire française d’Abidjan à l’armée ivoirienne en février dernier. Le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, présent lors de la cérémonie, a clairement affirmé que la « France transforme sa présence, mais ne disparaît pas ». En clair, les soldats français vont rester en Côte d’Ivoire.
Ouattara qui n’est pas moins malin, sait que les idées souverainistes existent dans son pays. Il faut donc anticiper, et laisser croire au peuple, qu’il n’y a plus de base militaire contrôlée par la France en Côte d’Ivoire. Cela a le mérite d’étouffer de possibles revendications populaires dans le futur. Il en a peut-être discuté avec Emmanuel Macron qui analyse aussi la montée des mouvements souverainistes sur le continent. C’est mieux de se faire discret.
Débaptisation des rues et avenues d’Abidjan
L’autre décision prise récemment et qui n'est visiblement pas innocente, c’est la débaptisation des avenues et rues d’Abidjan, portant des noms hérités de la colonisation française. Ces noms sont remplacés par des noms de figures nationales.
Par exemple, le boulevard Valéry- Giscard d’Estaing est devenu, le boulevard Félix-Houphouët Boigny. Même si les autorités se défendent d’être dans la logique plutôt radicale des régimes militaires sahéliens, il y a tout de même un suivisme qui ne dit pas son nom.
Le but est certainement d’aller au-devant des choses, pour ne pas se laisser surprendre par des mouvements qui pourraient réclamer demain, la débaptisation des rues et avenues aux noms français. Ouattara semble tout simplement s’adapter à la montée du souverainisme en Afrique de l’Ouest, tout en gardant solidement ses liens avec la France. Abidjan et Paris filent le parfait amour. La rétrocession de la base militaire française et la débaptisation des rues et avenues apparaissent comme des miroirs aux alouettes.
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