S’il est une industrie qui a toujours dépassé les attentes en Afrique, c’est sans conteste celle des télécoms. Aujourd’hui, le continent compte plus de 500 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles. Presqu’un Africain sur deux.
Bien au-delà de ce qu’aurait pu imaginer en 1987 le Rwando-Congolais Miko Rwayitare, créateur en RDC du premier réseau mobile du continent. À l’époque, l’entrepreneur ne visait que quelques milliers de « happy few », et ses téléphones, qui ne permettaient même pas d’envoyer un SMS, avaient encore la taille d’une brique.
En trois décennies, les opérateurs ont traversé toutes les crises sans trembler. Leurs services étaient trop basiques pour être frappés par l’éclatement de la bulle internet de 2001, puis ils sont devenus trop essentiels pour endurer la crise financière de 2008 ou frémir au moment de l’effondrement des cours du pétrole en 2014. La pandémie de Covid ne les aura pas plus ébranlés, au contraire.
Mais à la différence des bouleversements précédents, l’industrie des télécoms n’est plus la seule à porter la révolution numérique africaine. Après le développement des réseaux 2G, puis 3 et 4G, des câbles sous-marins, du paiement mobile, le continent a entamé un nouveau saut technologique, celui de l’économie des plateformes.
Dans les domaines du e-commerce d’abord, depuis quelques années, mais aussi des services financiers, de l’accès à l’énergie, de l’agriculture, de la santé ou de l’éducation. Même les États s’y sont mis avec l’espoir de réconcilier administrés et administration, tout en améliorant leur gouvernance.
Autour de MTN, Vodacom, Orange et les autres, ce sont donc des milliers de startupers, d’investisseurs, d’incubateurs, d’opérateurs de réseaux en fibre optique ou de datacenters et d’influenceurs, qui ont enrichi l’écosystème. Cette profusion d’acteurs nous a poussé à établir, pour la première fois, le classement des 50 personnalités qui font l’Afrique numérique, avec l’envie de le reproduire chaque année.
Une entreprise ambitieuse, qui mêle dans un même palmarès des dirigeants d’opérateurs télécoms aux centaines de millions d’abonnés, des patrons de fonds d’investissements spécialisés dont les plus importants approchent 100 millions d’euros, des entrepreneurs à la recherche de financements, des fondateurs de start-up devenues licornes, mais aussi des représentants des Gafam, ces sociétés tentaculaires aux moyens presque illimités, et enfin quelques décideurs publics.
"Des candidats choisis parmi une liste de plus de 300 noms
Avec beaucoup d’humilité, nous rendons compte au travers de cette sélection de la place que chacun occupe à nos yeux dans une effervescence, qui s’est encore accentuée à la faveur de la crise sanitaire, sous la pression de populations confinées avides de ses nouveaux services numériques.
Pour étalonner nos candidats, choisis parmi une liste de plus de 300 noms, nous avons retenu une série de critères, qui vont de la capacité d’innovation, en passant par la puissance financière, le montant des levées de fonds réalisés, le leadership et la notoriété, en valorisant au premier chef les événements survenus au cours de la période 2020/2021. Bien sûr, ce palmarès ne saurait prétendre à une vérité absolue, mais il présente la vision de JA d’une révolution que nous suivons depuis ses débuts.
Nous aurions pu d’emblée y placer les dix premiers opérateurs télécoms sans lesquels rien ne serait possible, mais nous voulions aussi mettre en évidence l’adoption du e-commerce, l’explosion des fintechs, notamment au Nigeria, plus que jamais dans le viseur de groupes mondiaux tels Visa ou Mastercard, l’intérêt grandissant pour les services d’accès à l’énergie, le développement des datacenters et les premiers projets vraiment significatifs des Gafam, notamment dans le domaine des infrastructures.
Réduire la liste à 50 noms nous a aussi amenés à exclure pour cette édition les grandes institutions financières comme IFC ou CDC, qui jouent pourtant un rôle important, et à constater l’absence des acteurs des pays du Maghreb parmi les projets les plus ambitieux
Pour finir, on notera que les femmes sont, dans cet écosystème, encore peu nombreuses à occuper les tous premiers rôles. Elles sont pourtant loin d’être absentes.
On peut citer, en plus des personnalités figurant dans notre sélection, Odunayo Eweniyi, cofondatrice de la start-up Piggyvest, Coura Carine Sene, qui dirige Wave Sénégal, Fatoumata Ba, dont le fonds n’est pas encore totalement opérationnel ou Andreatta Muforo, partner de la société d’investissement TLCom, représentée dans le classement par son fondateur. Des figures féminines qui, souhaitons-le, parviendront à se faire une place plus importante dans les prochaines éditions de notre top 50.
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