Soixante-seize militants du parti de Premier ministre tchadien Succès Masra ont été arrêtés pour faux et usage de faux documents lundi à N'Djamena, lors de l'élection présidentielle remportée à 61,03% par Mahamat Idriss Déby Itno, a déclaré samedi à l'AFP une source judiciaire.
"Soixante-seize militants des Transformateurs sont placés sous mandat de dépôt à la maison d'arrêt de Klessoum (à 20 km de N'Djamena). Ils sont poursuivis pour faux, usage de faux, usurpation de titre et complicité", a déclaré samedi à l'AFP, Oumar Kedellaye, procureur de la République de Ndjamena.
La télévision d’État avait rapporté mardi l'arrestation de "présumés faux délégués", tous pour le compte des Transformateurs, le parti dirigé par M. Masra, ex-farouche opposant et candidat à la présidentielle face au général Déby qui l'avait nommé Premier ministre quatre mois avant le scrutin.
Le code électoral autorise la présence de délégués des candidats dans les lieux de scrutin, sous réserve de leur accréditation par l'Agence nationale des élections (ANGE).
Il est reproché aux militants arrêtés d'avoir "eux-mêmes fabriqué des cartes d'accès dans différents bureaux de vote", a précisé le procureur de la République.
"Certains sont accusés d'avoir filmé les procès-verbaux et d'autres ont insisté pour assister au dépouillement. On reproche à certains de nos militants d'avoir fabriqué des procès-verbaux", s'est indigné Sitack Yombatina, le vice-président des Transformateurs, qualifiant ces accusations de "ridicules et fantaisistes".
Mercredi, le parti dénonçait déjà des "arrestations arbitraires" mais aussi des "menaces et des violences graves" visant ses sympathisants, "le refus d'accès à des bureaux de vote" pour observer le dépouillement, et "des violations inimaginables, y compris des tirs à balles réelles, afin de s'accaparer des bulletins et des procès-verbaux".
Leur président Succès Masra, qui n'a recueilli que 18,53% des voix selon la commission électorale nommée par Mahamat Déby, avait dénoncé, une heure avant la proclamation officielle, des résultats falsifiés et appelé ses partisans à se "mobiliser pacifiquement, mais fermement".
L'opposition, violemment réprimée et dont les principales figures ont été évincées de la course à la présidence, considère Masra comme un "traître", candidat pour donner un "vernis démocratique" au scrutin.
Ce scrutin devait marquer la fin d'une transition militaire de trois ans, mais nombre d'observateurs l'estimaient joué d'avance en faveur de Mahamat Déby, proclamé chef le 20 avril 2021 pour remplacer son père Idriss Déby Itno. Ce dernier venait d'être tué par des rebelles en se rendant au front, après avoir dirigé d'une main de fer, 30 années durant, ce vaste pays sahélien, parmi les plus pauvres du monde.
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