Wole Soyinka devait se rendre à Nairobi lors de l'attentat du WestGate, pour un festival de littérature. L'un de ses amis, qui y a assisté, est mort. Le prix Nobel nigérian lui rend un hommage poignant dans cette tribune contre le terrorisme.
Jamais, depuis l’apartheid, notre Humanité n’a subi de telles pressions et n'a eu à relever des défis aussi intenses et persistants. L’Histoire se répète. Encore une fois, une minorité d’assassins se prétend supérieure à tous les autres, s’arroge le pouvoir de dicter aux autres son mode de vie, décide qui pourra vivre et qui devra mourir, ou qui fera la loi et qui devra s'y soumettre. L'Islam, la religion dans laquelle [les terroristes] se drapent n’est qu’une couverture.
Le vrai problème réside, comme toujours, dans le Pouvoir et la Soumission, avec ici comme instrument le Terrorisme. Regardons avec objectivité la vraie nature de la domination qu’ils cherchent à nous imposer, nous qui vivons soi-disant dans des "lieux de vice et de débauche, d’impureté et de décadence". Nul besoin de chercher très loin. Leurs modèles se trouvent tout près de nous. Dans une Somalie chaudement disputée. Dans un Mali récemment libéré. Par intermittences en Mauritanie. Dans une Algérie enchaînée pendant des années de troubles, elle qui tente encore de restaurer une fragile entreprise de laïcisation. Leur modèle consiste donc à instaurer l’exclusion. Mais aussi l’irrationalité et les restrictions dans la vie quotidienne. Le mépris de la culture et du pluralisme. L’établissement d'un apartheid sexiste. La diabolisation de la différence. C’est le règne de la peur.
Infidèles
Nous avons remporté une victoire en abolissant l'apartheid, et que la race ne soit plus un critère de citoyenneté. Réaffirmons notre refus, sur notre continent, que la religion soit établie comme une seconde nature humaine, indiquée sur nos documents d'identité, et de laquelle déprendrait notre nationalité, mais également le droit même d’exister sur Terre.
J'ai envie de croire que nous étions tous présents à Nairobi*. Dans un rassemblement de l’humanité, nous étions présents aux côtés de toutes les victimes mutilées et décédées. Nous étions aux côtés de [Kofi Awoonor, poète ghanéen, ami de Soyinka, mort dans l'attentat de WestGate], l’un des plus distingués d’entre nous, l’un des meilleurs écrivains africains qui a pu nous représenter dans le monde. Nous étions présents au Mali avant même que ce pays ne s'unisse pour repousser la vague d’atavisme religieux et la régression humaine qu'il entraîne. Nous étions aux côtés des étudiants de Kaduna, des victimes de l'Etat de Plateau, de Borno, des écoliers de Yobe, des conducteurs d’okadas, ces motos-taxis bringuebalantes, et des petits marchands de Kano, aux côtés de tous ceux qui ont été systématiquement massacrés depuis tant d’années [tous ont été le théâtre d'attentats perpétré par le groupe islamiste Boko Haram au Nigéria].
Les victimes du centre commercial de Nairobi ont été soumises au même test diabolique que celui administré aux élèves de Kano [fin septembre, une quarantaine d'étudiants ont été assassinés au nord du Nigéria] : ceux qui ne réussissaient pas à réciter le verset demandé du Coran étaient considérés comme des infidèles, et emmenés pour se faire égorger méthodiquement.
Nous, écrivains, avons été présents dans les épreuves traversées par l’Algérie, consignées pour la postérité par Karima Bennoune dans son livre "Your Fatwa Does Not Apply Here" [Votre Fatwa ne s'applique pas ici, non traduit]. Nous étions aux côtés de Tahar Djaout, auteur du "Dernier Été de la raison" [Éd. du Seuil, Paris, 1999], lui aussi assassiné par des fanatiques religieux. Nous sommes de simples survivants qui ne cessent de demander : quand tout cela s’arrêtera ? Comment tout cela se terminera ? Ceux qui font écho à Karima et cette miraculeuse survivante qu’est Malala [cette jeune pakistanaise défend le droit des filles à l'éducation], tous clament ensemble : non, votre Fatwa ne s’appliquera jamais ici.
Nous continuons à demeurer auprès de tous ceux qui sont tombés, auprès de vos victimes du fléau de votre sectarisme, de votre solipsisme religieux et de votre spiritualité toxique. Nous continuerons à rester à leurs côtés, à dénoncer, et à condamner. Nous nous sommes rangés dans le camp de l’Humanité, face à ceux qui s’opposent à elle.
Nous pleurons Kofi Awoonor, notre collègue, notre frère, mais avant tout nous dénonçons ses assassins, cette virulente sous-espèce humaine qui se lave les mains dans le sang des innocents.
Scalp
Seuls les lâches tournent leurs armes meurtrières contre ceux qui sont désarmés, seuls les pervers glorifient cet acte ou le justifient. Les vrais combattants ne mènent pas la guerre contre des innocents. On ne peut que qualifier d’obscène la profanation de la vie humaine. Elle est sacrée.
Le vrai problème réside, comme toujours, dans le Pouvoir et la Soumission, avec ici comme instrument le Terrorisme. Regardons avec objectivité la vraie nature de la domination qu’ils cherchent à nous imposer, nous qui vivons soi-disant dans des "lieux de vice et de débauche, d’impureté et de décadence". Nul besoin de chercher très loin. Leurs modèles se trouvent tout près de nous. Dans une Somalie chaudement disputée. Dans un Mali récemment libéré. Par intermittences en Mauritanie. Dans une Algérie enchaînée pendant des années de troubles, elle qui tente encore de restaurer une fragile entreprise de laïcisation. Leur modèle consiste donc à instaurer l’exclusion. Mais aussi l’irrationalité et les restrictions dans la vie quotidienne. Le mépris de la culture et du pluralisme. L’établissement d'un apartheid sexiste. La diabolisation de la différence. C’est le règne de la peur.
Infidèles
Nous avons remporté une victoire en abolissant l'apartheid, et que la race ne soit plus un critère de citoyenneté. Réaffirmons notre refus, sur notre continent, que la religion soit établie comme une seconde nature humaine, indiquée sur nos documents d'identité, et de laquelle déprendrait notre nationalité, mais également le droit même d’exister sur Terre.
J'ai envie de croire que nous étions tous présents à Nairobi*. Dans un rassemblement de l’humanité, nous étions présents aux côtés de toutes les victimes mutilées et décédées. Nous étions aux côtés de [Kofi Awoonor, poète ghanéen, ami de Soyinka, mort dans l'attentat de WestGate], l’un des plus distingués d’entre nous, l’un des meilleurs écrivains africains qui a pu nous représenter dans le monde. Nous étions présents au Mali avant même que ce pays ne s'unisse pour repousser la vague d’atavisme religieux et la régression humaine qu'il entraîne. Nous étions aux côtés des étudiants de Kaduna, des victimes de l'Etat de Plateau, de Borno, des écoliers de Yobe, des conducteurs d’okadas, ces motos-taxis bringuebalantes, et des petits marchands de Kano, aux côtés de tous ceux qui ont été systématiquement massacrés depuis tant d’années [tous ont été le théâtre d'attentats perpétré par le groupe islamiste Boko Haram au Nigéria].
Les victimes du centre commercial de Nairobi ont été soumises au même test diabolique que celui administré aux élèves de Kano [fin septembre, une quarantaine d'étudiants ont été assassinés au nord du Nigéria] : ceux qui ne réussissaient pas à réciter le verset demandé du Coran étaient considérés comme des infidèles, et emmenés pour se faire égorger méthodiquement.
Nous, écrivains, avons été présents dans les épreuves traversées par l’Algérie, consignées pour la postérité par Karima Bennoune dans son livre "Your Fatwa Does Not Apply Here" [Votre Fatwa ne s'applique pas ici, non traduit]. Nous étions aux côtés de Tahar Djaout, auteur du "Dernier Été de la raison" [Éd. du Seuil, Paris, 1999], lui aussi assassiné par des fanatiques religieux. Nous sommes de simples survivants qui ne cessent de demander : quand tout cela s’arrêtera ? Comment tout cela se terminera ? Ceux qui font écho à Karima et cette miraculeuse survivante qu’est Malala [cette jeune pakistanaise défend le droit des filles à l'éducation], tous clament ensemble : non, votre Fatwa ne s’appliquera jamais ici.
Nous continuons à demeurer auprès de tous ceux qui sont tombés, auprès de vos victimes du fléau de votre sectarisme, de votre solipsisme religieux et de votre spiritualité toxique. Nous continuerons à rester à leurs côtés, à dénoncer, et à condamner. Nous nous sommes rangés dans le camp de l’Humanité, face à ceux qui s’opposent à elle.
Nous pleurons Kofi Awoonor, notre collègue, notre frère, mais avant tout nous dénonçons ses assassins, cette virulente sous-espèce humaine qui se lave les mains dans le sang des innocents.
Scalp
Seuls les lâches tournent leurs armes meurtrières contre ceux qui sont désarmés, seuls les pervers glorifient cet acte ou le justifient. Les vrais combattants ne mènent pas la guerre contre des innocents. On ne peut que qualifier d’obscène la profanation de la vie humaine. Elle est sacrée.
Nous lançons cet appel à ceux qui veulent instaurer la Fatwa, avec tout le poids moral qui s’y attache, à ceux qui violent le droit à la vie. La vie est un don de Dieu, y porter atteinte est un sacrilège. Ils ont ajouté le scalp de notre collègue à leur collection, un intellectuel exceptionnel qu’un million d’êtres de leur espèce ne pourront jamais remplacer.
Nous saluons le courage et les sacrifices des soldats qui se battent pour que ces intrus — Al Qaida et autres — avec leurs arrogants desseins, ne puissent anéantir les libertés et la tolérance. Elles sont notre identité dans la région, et sur le continent tout entier. Nous ne devons jamais nous dérober pour reconnaître cette cruelle réalité.
Aujourd’hui, j’exhorte toutes les forces du progrès à reconquérir l’Afrique ! A la sauver des mains de ces forces obscures qui cherchent à instaurer un nouveau régime de despotisme religieux, de cruauté comme nos peuples n’en ont jamais connus, même sous le joug du colonialisme européen. Ces bouchers continuent à évoquer l’islam, aussi nous en appelons à nos confrères et consœurs [musulmans] : reprenez votre islam. Reprenez cet islam qui se réclame d’une Culture du Savoir, honore ses fidèles comme le Peuple du Livre, un islam de partisans historiques des vertus de l’intelligence et de ses produits. Ce que la tragédie de Nairobi nous apprend, c'est qu’il n’existe aucun endroit appelé Ailleurs. L’Ailleurs est ici, parmi nous, dans le présent. Je vous invite donc à remplir cette mission : reconquérir l'islam, reconquérir notre continent et, ainsi, reconquérir notre Humanité.
*Le professer Wole Soyinka est Prix Nobel de Littérature. Il a prononcé cet hommage lors d'une conférence réunissant des écrivains nigérians à Lagos.
Nous saluons le courage et les sacrifices des soldats qui se battent pour que ces intrus — Al Qaida et autres — avec leurs arrogants desseins, ne puissent anéantir les libertés et la tolérance. Elles sont notre identité dans la région, et sur le continent tout entier. Nous ne devons jamais nous dérober pour reconnaître cette cruelle réalité.
Aujourd’hui, j’exhorte toutes les forces du progrès à reconquérir l’Afrique ! A la sauver des mains de ces forces obscures qui cherchent à instaurer un nouveau régime de despotisme religieux, de cruauté comme nos peuples n’en ont jamais connus, même sous le joug du colonialisme européen. Ces bouchers continuent à évoquer l’islam, aussi nous en appelons à nos confrères et consœurs [musulmans] : reprenez votre islam. Reprenez cet islam qui se réclame d’une Culture du Savoir, honore ses fidèles comme le Peuple du Livre, un islam de partisans historiques des vertus de l’intelligence et de ses produits. Ce que la tragédie de Nairobi nous apprend, c'est qu’il n’existe aucun endroit appelé Ailleurs. L’Ailleurs est ici, parmi nous, dans le présent. Je vous invite donc à remplir cette mission : reconquérir l'islam, reconquérir notre continent et, ainsi, reconquérir notre Humanité.
*Le professer Wole Soyinka est Prix Nobel de Littérature. Il a prononcé cet hommage lors d'une conférence réunissant des écrivains nigérians à Lagos.
16 Commentaires
Bro
En Octobre, 2013 (10:12 AM)MERCI WOLE SOYINKA !!!
OUI LES MUSULMANS SE DOIVENT DE REPRENDRE EN MAIN LEUR RELIGION.
IL N Y A PAS A PASSER PAR QUATRE CHEMIN SINON TROUVER LA BETE DANS SON ANTRE ET LA NEUTRALISER.
LE MONDE CONNAIT LES MAINS CRIMINELLES QUI ENDOCTRINENT CES ANIMAUX , QUI LES FINANCENT ET LES ARMENT.
OU QU ILS SOIENT CES COMMANDITAIRES DE CETTE VISION QUI N A RIEN DE MUSULMAN DOIVENT ETRE POURCHASSES ET NEUTRALISES.
LA LACHETE COLLECTIVE DES NATIONS DU MONDE ATTEND QUE CES BETES PARVIENNENT A SE PROCURER DES ARMES NUCLAIRES ET LES BALANCER DANS UN PAYS.
LES IDEOLOGUES DE CETTE VISION DE LISLAM DOIVENT ETRE ANEANTIS ET AU PLUS TOT.
WASSALAM
Merci...
En Octobre, 2013 (10:22 AM)Tellement bien qu'il n'y a pas de commentaires....
Moi tout ce que j'entends à chaque attentat de terroriste islamiste, c'est le silence assourdissant des instances dirigeantes et de la communauté musulmanes.....
Dans les textes (pas tous) l'islam est une religion de tolérance... Dans la réalité, c'est loin d'être le cas !
Bien
En Octobre, 2013 (10:32 AM)Merci Wolé Soyinka!!!
L'Afrique doit se réveiller et botter le cul à ces écervelés mentaux.
Bro
En Octobre, 2013 (10:34 AM)OUI JE DIS ET REPETE QUE LE MONDE SAIT OU SE TROUVE LES COMMANDITAIRES DE CES CRIMES AU NOM DE L ISLAM ET QUE AUSSI CES BETES SAUVAGES DOIVENT ETRE NEUTRALISER AU PLUS TOT.
WASSALAM
Hola!!!!!
En Octobre, 2013 (11:01 AM)Farida
En Octobre, 2013 (11:15 AM)Xeme
En Octobre, 2013 (11:20 AM)Titi
En Octobre, 2013 (13:04 PM)F_m
En Octobre, 2013 (13:36 PM)Laissez le tigre crier sa tigritude!
Il la crie tellement fort: "Seuls les lâches tournent leurs armes meurtrières contre ceux qui sont désarmés" !!!
Sohinka ne dira jamais des mots pareils aux israéliens bras de l'injustice en Palestine ni aux américains force de la lâcheté en Irak et en Afghanistan ou aux français puissance du désordre dont la sortie en Libye a tellement coûté à l’Afrique!
Le "Tigre" ne sautera jamais sur la VRAIE proie pour la dévorer. Il semble même avoir été AFFAIBLI par la PROIE depuis des lustres!
Dof
En Octobre, 2013 (13:39 PM)IL N YA PAS DE SUJET PLUS BRULANT QUE LE TERRORISME POUR REMUER VOS MENINGES. AMOINS QUE......
ON DIT QUE CE SONT LES GRANDS MOMENTS QUI FONT LES GRANDS HOMMES (BAMBA, LAT DIOR, CHEIKH OUMAR, MANDELA, SAMORY, NKRUMAH, DE GAULLE.....). NOUS AVONS IDRISS DEBY ET SOYINKA. NOUS ATTENDONS DE VOIR LES GRANDS DE CE COTE CI DE L'AFRIQUE
Asterix
En Octobre, 2013 (14:10 PM)Loyale
En Octobre, 2013 (17:50 PM)alors poser la question de vous mêmes les américains et les européen ne font pas pur que sa n'ont ils pas tué 1000 fois plus de victime sans défense et civile que l'ensemble de victime réunit tué par les soit disant islamiste.
la vie humaine est sacrée quand seulement c'est pas un musulmans honte a cette réflexion égoïste, honte a ceux qui la défende ou qui la justifie. loiyale
Ba
En Octobre, 2013 (18:28 PM)tu n'es qu'un misérable déchet. pendant ce temps les grandes firmes pétrolières des "pays libres" saignent ton pays et polluent tes terres dans une impunité totale. tu fais pitié petit singe de nègre béni oui-oui.
Lawson
En Octobre, 2013 (18:29 PM)Foufon
En Octobre, 2013 (18:48 PM)Vivafrica
En Octobre, 2013 (11:23 AM). L'Afrique est un enjeu de luttes d'influences entre ces deux entités plus celles des puissances dites émergentes qui veulent également leur part de gâteau... L’AFRIQUE EST-ELLE UN « CADAVRE VIVANT » ENCERCLEE PAR TOUS LES PREDATEURS DE LA TERRE ?
Les Africains doivent se ressaisir et pour cela ne doivent-ils pas commencer par se respecter eux-mêmes ? Je suis ému de voir qu'en pleine conférence des ministres des affaires étrangères, alors que les cercueils de 300 jeunes africains sont alignés sur le sol italien, il n'ait été fait aucune allusion à ses jeunes Africains morts... aucune minute de silence... aucune pensée. Cependant, des chefs d'Etats qui ont les mains couvertes du sang des peuples africains veulent rester en paix durant leur "INTERMINABLES MANDATS...."
Pour conclure, disons que les religions étrangères ont détruit celles de l'Afrique, les cultures imposées dominent les cultures africaines, et le pillage économique va bon train... Mais l'Africain se veut et surtout s'exhibe aujourd'hui encore plus musulman que l'Arabe et plus chrétien que l'Européen...
Par tous les moyens il veut plaire à "SES" maîtres. A chaque africain les siens.........................
Luttons pour rester nous-mêmes, respectons-nous d’abord et le monde entier nous respectera.
Respect, dignité et honneur pour nos langues et nos cultures.
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