Vendredi 29 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Afrique

SERIGNE MBOUP, PDG DE CCBM : «Nous sommes en train de mettre en place une structure de financement des projets commerciaux»

Single Post
SERIGNE MBOUP, PDG DE CCBM : «Nous sommes en train de mettre en place une structure de financement des projets commerciaux»

Cette interview a été réalisée vendredi, 18 novembre, alors qu’elle était prévue pour la veille, mais la conférence de presse de Serigne Mboup donnée ce jour-là, en a repoussé la réalisation. Ce recul nous a permis, avec la coopération de l’interviewé, de la soustraire en très grande partie du thème de sa conférence de presse qui était d’apporter un démenti à des informations parues dans la presse la veille, et d’aller au fond à des problématiques auxquelles il fait face en tant qu’homme d’affaires, gros investisseur; et surtout, belle occasion pour lui, de s’expliquer sur son parcours si heurté en un temps très court, en tant que repreneur de la Sotexka, et dont un des épisodes a engendré ce qui, il nous a semblé au moment de l’interview, n’était, pour lui, qu’un épisode de plus dans une vie de combats.

 
Serigne Mboup, Parlez nous de votre groupe et de ses ambitions 
Comme vous le savez, le groupe Ccbm est une société familiale, que nous avons développée à la disparition de notre père, qui travaillait pour son compte personnel. Aujourd’hui le groupe polarise six pôles d’activités que sont l’Alimentation et les Grandes surfaces, l’Electronique et Equipement, Automobile et Machinerie, le pôle Transport et touristique, l’Immobilier et la Construction, enfin le pôle Services et Technologies. Je ne vous énumèrerez pas les sociétés qui dépendent de chaque pôle, soit directement, soit sous le régime de la franchise. Ce serait fastidieux. Chaque pôle a sous sa férule deux, trois, voire quatre sociétés. Le secteur d’activité de base du groupe est le Pôle alimentaire, avec plusieurs sociétés de production et de distribution ainsi qu’une chaîne de superettes franchisées. Cette dernière activité est une exclusivité Ccbm. Et elle est innovatrice. En quelques années, cette initiative a donné naissance à plus de vingt commerces sous le label Pridoux. 
La franchise consiste pour Ccbm à offrir une assistance commerciale, et même sur le plan du marketing, aux franchisés pour leur assurer une rentabilité financière. Le franchisé est maître de son affaire qui lui appartient, mais nous lui fournissons sa marchandise, en lui assurant une régularité dans son approvisionnement, et des services d’assistance techniques pour optimiser sa gestion. Et si les Pridoux sont un soutien à la politique de l’emploi, le projet des boutiques Easy, qui consiste à mettre en place des magasins de référence, vise à soulager les consommateurs sénégalais de la cherté des denrées de premières nécessités soumises à l’inflation, en exerçant un contrôle strict sur les prix par une politique volontariste tournée vers cet objectif. 
Nous faisons du social et ce n’est pas seulement dans ce secteur-là, et sous cette forme. Nous sommes en train de mettre en place une structure de financement des projets commerciaux, comme les Pridoux, où il s’agit d’aider le promoteur qui n’en a pas les moyens à trouver un financement, à travers les mécanismes du micro-financement. Nous visons aussi à soutenir la consommation à travers cette structure de micro-financement. Les travailleurs pourront ainsi bénéficier de prêts leur permettant d’acquérir des biens de consommation, voire immobiliers. 
Que ce soit pour les franchises comme pour cette dernière initiative, nous ne prétendons pas avoir inventé la roue. C’est des choses que nous avons vues faire par nos partenaires étrangers Volkswagen et Samsung. Volkswagen Bank existe, comme Samsung Bank aussi, et elles qui soutiennent leurs partenaires et leurs clients. Nous voudrions, chez nous à notre échelle, à notre dimension, faire la même chose, en commençant par une structure de micro-finance indépendante, qui fonctionne selon les règles de fonctionnement de ce secteur d’activité. 
Récemment, nous avons investi dans l’agriculture dans le but de soutenir la politique d’autosuffisance alimentaire des autorités. Ccbm s’est fixé l’objectif de produire, dans cinq ans, trente mille tonnes de riz. Du riz que nous entendons produire, traiter, et commercialiser nous-mêmes. 

En fait, après ces six pôles dont vous avez parlé, vous vous lancez dans l’agro-industrie ? 
Voilà, dans l’agrobusiness. Au moment où je vous parle, nous avons acquis mille hectares dans la vallée, à Ronkh que nous avons nous-mêmes aménagés. Nous avons ainsi creusé un canal de douze kilomètres pour amener l’eau sur place et avons déjà exploité 75 hectares de ce périmètre de 1000 ha. Et nous préparons à en exploiter 500 l’année prochaine, alors qu’aujourd’hui, dans la vallée, les plus grands producteurs de riz en sont à 100 ou 200 hectares. Et même là aussi, nous entendons faire évoluer l’affaire vers la franchise. Nous sommes comme dans une phase test. Plus tard, nous allons nos approcher des populations, des agriculteurs locaux pour les accompagner dans l’acquisition de matériels agricoles, l’approvisionnement en semences et intrants divers, et après qu’ils auront produit, nous allons acheter leur production pour la commercialiser. A l’état actuel du projet, nous avons déjà investi plus de 800 millions. 

Vous entrez là, dans un domaine nouveau pour vous. Est-ce une volonté d’étendre vos activités qui peut faire penser qu’après cela, vous allez encore vous lancer dans autre chose ? 
Non. Vous savez, toute expansion a des limites. Nous voulons certes augmenter nos capacités, mais beaucoup plus en franchises. Aujourd’hui, tout ce que nous voulons faire, nous souhaitons le faire avec des partenaires, nous voulons aider ceux que nous trouvons dans les secteurs d’activité que nous investissons, en assurant plutôt le service, laissant les gens conduire leur propre affaire, tout en bénéficiant de l’expérience et des moyens de Ccbm que nous sommes en train d’étendre même, je vous l’ai déjà dit, aux services financiers de type bancaire, en commençant par la micro-finance. Pour motiver les promoteurs, leur permettre de s’étendre, d’embaucher beaucoup plus de travailleurs, et devenir indépendants. C’est difficile, parce que c’est une pratique que les gens ne connaissent pas, mais avec le temps et les résultats obtenus au fur et à mesure, nous arriverons à convaincre de la pertinence de la démarche. 
En fait c’est ce que nos partenaires, Samsung et Volkswagen, font avec nous à l’échelle internationale, que nous appliquons à l’intérieur du pays. Ils auraient bien pu, parce qu’ils en ont les moyens, venir ouvrir leurs propres succursales ici, leurs propres représentations, mais ils ont trouvé que c’était trop lourd, et certainement moins rentable que la formule du partenariat qu’ils ont instaurée avec nous à la satisfaction de toutes les parties. 

Vous êtes assurément une grosse entreprise. Dans d’autres pays, il est de coutume, pour évaluer une entreprise, de dire qu’elle pèse tant, en terme financier. Peut-on savoir combien pèse Ccbm ? 
On ne peut pas parler comme ça chez nous. Le poids financier d’une société monte et descend, selon les conjonctures. C’est dommage que nous n’ayons pas une bourse des valeurs qui englobe tout le gros business, et qui pourrait donner, au jour le jour, l’état des sociétés. Il est très difficile aujourd’hui que je vous annonce que Ccbm pèse tant. Ce que je peux vous dire c’est qu’aujourd’hui, Ccbm est l’un des acteurs économiques à capitaux sénégalais les plus dynamiques. Nous avons réalisé, 2010, un chiffre d’affaires, hors taxes, de 42 milliards et employons près de 800 salariés hors franchisés. 

L’environnement juridique comme l’environnement économique sont favorables, comparativement aux pays de la sous région et de l’Afrique sub-saharienne même. Le Sénégal ne peut être comparé qu’aux pays qui l’entourent et avec lesquels il partage des réalités politiques, économiques et sociales plus ou moins similaires. On ne peut pas dire qu’on est les meilleurs, mais, il est certain que nous nous portons bien. Aujourd’hui, en tant que président de la Chambre de commerce de Kaolack, je suis chargé de promouvoir l’investissement dans la région, et par-delà, le Sénégal. J’ai donc une vision moins tendue que si je regardais cet environnement sous le seul regard de l’homme d’affaires. Et je peux vous assurer que le Sénégal est un pays très attractif, où un groupe comme le nôtre, ou avec des ambitions plus grandes ou moindres, peut tirer son épingle du jeu. Mais l’environnement économique aussi évolue, il faut veiller à l’entretenir en restant à l’écoute de tous les acteurs et de l’évolution du monde en matière économique. Et ça, ce n’est le rôle des autorités de l’Etat seulement. Tous les citoyens du pays doivent participer à entretenir un environnement sain, sécurisant pour les investisseurs. Les entreprises de secteurs différents, voire concurrentiels, doivent entretenir cet environnement. Il ne doit pas être pollué par des querelles entre elles, je parle de toutes les entreprises, y compris les vôtres, vous journalistes. La presse, je la considère comme un partenaire. Elle joue un rôle économique, en plus de son rôle traditionnel ; elle emploie des gens et participe à la vie économique de diverses façons. Elle doit donc être attentive, comme les autres opérateurs à entretenir un climat de confiance dans ce pays. Elle peut le faire en jouant son rôle de vigile de la bonne gouvernance, économique ou politique. C’est l’occasion pour moi, de revenir, si vous le voulez bien sur ce qui nous a mis au devant de l’actualité et qui m’a contraint à donner cette conférence de presse, jeudi, dernier (NDLR : 17/11). Vous dites, je crois « C’est les trains qui n’arrivent pas à l’heure qui constituent l’information » ; mais ça, ce n’est pas parole d’évangile, pour parler comme le musulman que je suis, « du waxu Yalla », c’est un homme qui a dit ça un jour, et tout le monde l’a repris. Et cela jure avec ce que Dieu dit dans le coran (NDLR : l’interviewé cite le coran dans le texte, et fournit la traduction en français) : « Allah n'aime pas qu'on profère de mauvais paroles sauf quand on a été injustement provoqué. Et Allah est omniscient » (sourate AN-NISA, verset 148). 
Celui qui dit donc que seules les choses négatives doivent susciter l’intérêt, ne tire pas cela de la recommandation divine, or la parole de Dieu n’est pas comparable à celle de l’homme, elle prime sur elle. 
C’est dans ça que j’ai été formé, c’est le Coran que j’ai appris, que c’est par le Coran que j’ai été instruit. On entend souvent dire au Sénégal que tel n’est pas instruit, en parlant des gens comme moi. Pour ma part, je ne peux pas croire que quelqu’un soit plus intellectuel que moi au Sénégal, parce que ce que j’ai appris, ce sont des enseignements venus d’Allah, à travers son saint Coran qui a fait le tour de tout ce que l’homme sait aujourd’hui et saura jamais, en matière de science, de technologie, de droit. Le Prophète Mouhammad (PSL) est un précurseur dans tous ces domaines. Et moi, je n’ai pas eu un enseignement au rabais. Je maîtrise parfaitement le Coran que j’ai appris à Coki. La gestion que je pratique est basée sur les connaissances acquises à travers cet enseignement. 
C’était juste une parenthèse avant d’en venir à ce qui s’est passé aujourd’hui, avec certains de vos confrères, notamment Libération de Yakham Mbaye et le site Dakar Actu de Cheikh Yérim. C’est déplorable, parce que, comme je l’ai dit tantôt, c’est des partenaires. La presse fournit aux opérateurs économiques des informations importantes et utiles, elle sert de support publicitaire aux entreprises, portent leurs messages sous forme d’informations, sans aucune contrepartie. Vous êtes là aujourd’hui, hier, toute la presse était à ma conférence de presse et a relayé l’information qui démentait ce qui avait été écrit ; même si on a senti une certaine solidarité entre les journaux, mais ça c’est normal. Et c’est cette solidarité-là que je voudrais que la presse, en tant que des entreprises, témoigne aux autres entreprises. 
Encore une fois, tout en jouant son rôle. Si on m’avait juste appelé avant d’écrire –et je crois que c’est ce que dit votre déontologie- j’aurais donné la bonne information. Ils en auraient tenu compte dans leurs papiers- parce qu’il n’est pas question pour moi de penser que la presse devrait ne jamais parler de moi - et il n’y aurait eu aucun problème. 

Mais vous-même, en tant que patron d’un grand groupe qui brasse des intérêts importants, vous semblez -et j’en reviens à ma précédente question sur la diversification- embrasser des affaires de plus en plus éloignées de vos secteurs de base. Est-ce que ce n’est pas la porte ouverte à certains problèmes, du genre que vous connaissez avec la Sotexka, devenue Domitexka ? 
Mais tous ça a une histoire, et elle va me permettre d’éclairer la lanterne de mes Amis Yérim et Yakham qui sont les patrons de ces journaux. Ce sont mes amis, parce si, avec quelqu’un, vous avez des relations telles que vous vous parlez, vous vous rendez des visites et échangez sur des questions personnelles, sur votre travail, vous êtes des amis. Cette histoire la voici : 
Quand je suis devenu président de la Chambre de commerce de Kaolack, Jean Marc Segondi, qui était le repreneur de Sotexka est venu me voir, dans l’inquiétude, pour que je lui apporte mon concours dans la relance de l’entreprise. Après l’avoir écouté, je lui ai dit que vraiment, je ne connaissais rien au textile – bien qu’à Kaolack, tous ceux qui connaissent mon père, savent qu’il a été le premier Sénégalais à se lancer de façon remarquable dans ce secteur du textile- et qu’il me fallait connaître le dossier à fond avant de lui répondre. Il faut me mettre en rapport avec quelqu’un qui m’en imprègne. 
Segondi m’a mis en rapport avec Lamine Kane. Bizarrement, ce dernier, quand il est venu, s’est mis à descendre Ségondi. Il n’a vraiment pas fait preuve de loyauté envers ce dernier, ni de patriotisme d’entreprise ; il était venu avec de mauvaises intentions, c’était évident. Mais je suis resté à l’écoute, et plus on avançait dans nos discussions, je me suis rendu compte que Ségondi n’était plus si présent et avait fini par disparaître. Il était parti à Paris où il est resté, m’appelant de temps en temps, sinon c’est moi qui l’appelait et il me disait toujours qu’il ne pouvait pas revenir, qu’il était malade, qu’on l’avait menacé et toutes sortes de chose. 
Et puis un jour, voulant avoir le cœur net de tout ça, alors même que je devais aller en Chine chercher des investisseurs, je suis passé à Paris le voir –ce que je vous dis là, son avocate, Me Aïssata Tall Sall, peut en attester- pour le convaincre de revenir. Mais en coulisse, la même personne, Lamine Kane, avec quelques fonctionnaires du ministère qui ont d’autres intentions dans l’affaire, l’avaient menacé et monté les travailleurs contre lui, tellement qu’il avait vraiment peur de remettre les pieds au Sénégal, croyant qu’on allait l’arrêter ou autre chose. Je ne sais pas ce qu’il a pu faire ou pas, vraiment, mais d’abord, j’étais engagé dans cette affaire et je n’aime pas baisser les bras sans raison valable, ensuite, mon rôle en tant que président de la Chambre de Commerce de Kaolack me confère d’autres responsabilités, je vous l’ai déjà dit, une autre vision de pourquoi et comment promouvoir l’investissement. Le sort qu’était en train de connaître cette entreprise me fit d’autant plus mal que j’étais fils de Kaolack. 
A mon retour, une personnalité originaire de Kaolack, une personne discrète qui a une bonne réputation, dont je tairai le nom, sollicitée par le même Lamine Kane, mais aussi certainement soucieuse de la bonne marche de l’usine et du sort des travailleurs m’a appelé pour me dire que puisque maintenant Segondi est parti, Lamine Kane souhaiterai que tu lui apportes ton soutien pour que vous démarriez l’usine. Il ne lui a pas pris longtemps pour me convaincre parce que « kilifa la ». 
Quand je l’ai quitté, j’ai appelé Lamine Kane pour lui rendre compte de ma rencontre avec la personne en question et de ma décision de reprendre avec lui. Mais je lui ai bien fait comprendre que je ne lui faisais pas entièrement confiance, vu la façon dont il s’était comporté avec Ségondi. Il m’a juré sur le bon Dieu que tout ce qu’il avait entrepris il l’avait fait par patriotisme, pour que l’affaire reste entre Sénégalais. Et s’est engagé à travailler dans la loyauté et la transparence ; et puis lui aussi étant un ressortissant de Kaolack, cette fibre là a joué. Il m’a mis un peu en confiance, mais pas totalement, parce qu’il voulait que je le parraine pour le faire entrer dans le capital, ce que j’ai refusé. Je lui ai dit que quand j’entrais dans une affaire, c’était pour la contrôler à 100%. Ce qu’il pouvait faire, puisque c’est lui qui connaissait le dossier, c’était d’aller discuter avec l’Etat, que je reprenne l’affaire en location gérance, que l’on travaille pendant un an et qu’on évalue ce qu’on avait fait ensemble. Là, je pourrais envisager d’autres options. Il a dit « d’accord ». 
J’ai donc accepté de redémarrer l’usine avec lui comme Directeur général, mais j’ai mis un dispositif de contrôle serré autour de lui. Je lui ai collé un Directeur général adjoint et mis les finances de l’entreprise sous le contrôle de mes services financier ici, à la maison mère, à Dakar. Toutes les opérations se faisaient ici, et après validations alimentait un compte domicilié à Kaolack sur lequel il avait la signature. Compte qui était alimenté par les comptes principaux de l’entreprise domiciliés à Dakar, avec double signatures, dont lui-même, bien sûr, puisqu’il était quand même Directeur général. Le compte de Kaolack était alimenté pour les dépenses courantes dûment arrêtées, les salaires etc. Il retirait l’argent et procédait aux payements, le compte était une sorte de compte de transit. 
Et je lui ai laissé toute latitude de traiter avec les employés et de procéder aux actes de gestion courante. Mais première surprise, j’ai constaté des incongruités dans son comportement, parce ce qu’il avait dit aux employés était différent de ce sur quoi on était tombé d’accord. Lors de la première rencontre avec les employés chez le ministre, Abdoulaye Baldé, je me suis rendu compte que c’était un piège, puisqu’il n’avait jamais été question que je m’occupe du passif social comme il l’avait fait croire aux autorités et aux employés. J’ai tout de suite démonté tout ça. Devant les média aussi j’ai démenti que je devais m’occuper du passif social. Je ne devais endosser aucun passif social et c’est dans le contrat qu’on avait signé. L’affaire avait été rendue confuse par des affirmations sur des terrains qui devaient me revenir, alors que ni la Sotexka, ni Sotiba n’ont de terrain qui leur appartienne. J’avais demandé qu’on enlève tout ça du contrat. 
Tout cela avait semé la confusion dans la tête des travailleurs. Certains étaient restés pour travailler, d’autres étaient restés chez eux, réclamant des choses que seul Kane leur avait fait croire, la production marchait cahin-caha, dans une ambiance suspicieuse. Or, je l’ai déjà dit, sans confiance entre les acteurs à tous les niveaux, une entreprise ne peut marcher. J’ai donc décidé de fermer l’usine, fermer pour y voir plus clair, reprendre la situation en main avant de redémarrer, parce qu’il n’était pas question pour moi de me retirer comme Lamine Kane le croyait, ou peut-être l’espérait-il. J’avais mis mes billes, je n’allais pas me retirer comme ça. 
Quand je prenais la décision, il n’était même pas au courant, parce que pendant deux mois il m’avait retardé. J’avais convoqué les délégués du personnel à Saly où j’étais en séminaire, ils sont venus et je leur ai fait part de ma décision. Ils ont tenté de s’y opposer, mais je leur ai démontré qu’ils ne le pouvaient pas, c’était mon affaire, et je pouvais prendre cette mesure pour la sauver. Ce qu’ils pouvaient exiger était que je leur paye leurs droits. Ils ont compris et nous sommes tombés d’accord. Je les ai mis en rapport avec mes services, ils ont traité le dossier, ont convenu des termes financiers, sont allés devant l’Inspection du Travail, qui a validé les accords signés, on a payé, devant l’inspecteur, 100% des sommes sur lesquels on est tombé d’accord et chacun est parti. Alors, Kane, on peut le comprendre, était un peu vexé… 

C’était quand tout ça ? 
C’était au mois de mai, au mois de mai dernier. L’usine avait démarré en janvier, en mai, on ne pouvait plus continuer. Et, j’avais écris aux autorités pour leur expliquer pourquoi j’avais pris la décision de fermer l’usine, provisoirement, bien entendu. C’était parce que les engagements qui avaient été pris ne permettaient pas de travailler dans un climat serein propice à la rentabilisation et surtout la pérennisation de l’affaire. Je leur réaffirmais que je ne me retirais pas du tout. Puis, j’ai pris un huissier pour procéder à l’inventaire de tout ce qui s’y trouvait comme matériels et comme stock de produits finis et de matières premières. Cela s’est fait en présence de tout le monde, y compris Kane lui-même. J’ai mis des gardiens avec pour instruction d’interdire l’accès à quiconque n’avait pas mon autorisation expresse. 
Parce qu’il y a eu des précédents. Depuis le départ de Ségondi, les biens de Sotexka ont été pillés par des gens comme lui. Par exemple, à l’usine de Louga, des machines d’une valeur de 50 milliards étaient laissés là-bas, des biens de l’Etat. Ce qui s’est passé à Louga est scandaleux et inimaginable. De temps en temps, un certain huissier débarquait, avec quelqu’un, pour dire : « La société me devait ceci, me devait cela ». Et ils enlevaient des machines, les vendaient. Heureusement que…, je ne vous dirais même pas ce que j’ai fait pour que cela s’arrête. Et je me suis dit que pour ce qu’on m’a confié à Kaolack, des choses pareilles ne se passeront pas. 
Et je n’avais tort de procéder ainsi. Parce que, quelques jours après, des travailleurs se sont présentés à l’usine prétendant pouvoir y entrer parce qu’ils étaient des travailleurs de Sotexka. On les a empêchés et après j’ai écris à Lamine Kane une sommation pour lui dire de ne plus rien entreprendre au nom de Sotexka, que je lui retirais ma confiance. Mais il m’a demandé que je l’aide en le gardant, quitte à ne lui payer que la moitié de son salaire, ainsi, entre temps, si on avait besoin de lui, il se mettra à disposition, etc. Je lui ai répondu que j’étudierais sa proposition. 
J’avais payé leurs droits à tous les travailleurs, mais lui, c’était un Directeur général et je n’en avais pas encore fini avec lui. Jusqu’au moment où je vous parle, lui n’a pas encore reçu de lettre de licenciement. Cependant, il reste chez lui, il ne travaille pas, c’est ainsi qu’il m’a écrit pour me faire cette proposition de lui payer 50% de son salaire. Après ça un jour, j’étais aux Etats-Unis, il m’a appelé pour me dire qu’il avait des clients intéressés par de la marchandise de Sotexka, des produits finis et qu’il voulait que je l’autorise à accéder à l’usine pour la leur montrer. J’ai donné l’autorisation, il est entré a trompé la vigilance des gardiens et a enlevé la marchandise. 
Un mois après, nous avions confectionné les fiches de paye des gardiens, envoyé l’argent et, à notre grande surprise, ils nous ont dit que Lamine Kane les avait payés. Mais avec quoi ? J’avais même pensé qu’il avait corrompu les gardiens pour pouvoir accéder à se guise à l’usine. Je l’ai appelé pour lui demander avec quoi il avait pu payer les gardiens. Il me dit que c’est avec l’argent de ce qui restait de marchandises en stock que j’ai vendues. Je lui ai alors dit qu’il était dans le tort parce qu’il n’avait pas le droit de faire ça. 
Non seulement c’est contre toutes les procédures avec lesquelles on a travaillé, durant quatre mois, mais pire, il a vendu les produits et versé directement l’argent, 35 ou 40 millions, dans le compte de Kaolack dont il a seul la signature. Alors que c’est dans les comptes de Dakar que nous avons toujours versé les produits des ventes de marchandise ou toute autre rentrée d’argent. Le compte de Kaolack était un compte de dépenses seulement. 
Il a ensuite expliqué qu’il avait utilisé l’argent pour se payer lui-même, payer les gardiens, et je ne sais plus quoi. Je lui ai donné 72 heures pour mettre de l’ordre dans ça, sinon je porterai plainte. Depuis, je ne l’ai plus revu. Et j’ai porté plainte auprès de la gendarmerie, qui a fait son enquête et transmis le dossier au procureur qui l’a transmis à un juge d’instruction. Et c’est pour confirmation de cette plainte que, d’après mon avocat qui m’en a informé, je suis convoqué chez le juge, le 28 prochain. 
C’était ça tout le tintamarre fait autour de ma convocation auprès du juge. J’y vais en tant que plaignant dans une affaire où, on vient de la voir, je suis victime à la fois de mon penchant au compromis, parce que je n’avais pas confiance au départ, et de ce que je crois qu’on peut investir cette même confiance pour amener les gens à être droit ; mais aussi de mon patriotisme régional, tenant coûte que à ce que cette affaire marche entre les mains de Kaolackois. De Sénégalais avant tout, bien entendu… 

Et là qu’allez-vous faire, laisser tomber ? 
Non, évidemment. Au même moment où j’engageais cette action, j’avais écris à l’Etat. J’avais eu le temps de comprendre pourquoi mes prédécesseurs dans cette affaire, Ibrahima Codou Fall, Sécondi, avaient échoué. Le premier, on ne s’est pas encore rencontré, mais je l’ai appelé deux fois, nous n’avons aucun problème - au contraire-, il m’a permis de comprendre ; Sécondi, il a disparu, mais nous avons beaucoup échangé, j’ai fini par comprendre que ce qui les avait perdus, c’est cette formule de la location gérance. 
C’est comme si on vous louait une maison, elle ne vous appartient pas, vous y habitez seulement, mais c’est à vous de l’entretenir, changer des carreaux, élargir des portes, ajouter un pan de mur ici, alors que c’est la maison d’autrui. C’est l’Etat qui est propriétaire, il avait loué à Ibrahima Codou Fall, puis à Sécondi. Moi j’ai écris à l’Etat pour lui demander de vendre ses actions dans Sotexka, utiliser le produit de cette vente pour solder ses créances diverses, jusqu’aux travailleurs dont certains réclament des arriérés de salaires qui portent sur dix ans. 
Les autorités ont donné leur accord, mais m’ont demandé de négocier avec les créanciers, une fois qu’on aura trouvé un accord l’Etat paiera. Ce que j’ai fait. Je vous épargne les détails, mais nous sommes tombés d’accord avec les travailleurs qui réclamaient des milliards, avec parfois dix années d’arriérés de salaire. En les raisonnant sur l’opposition entre le souhaitable et le possible. Avec la Sonam, nous avons trouvé un accord amiable sur une somme. Avec la Senelec, c’était plus difficile, parce qu’elle ne peut pas abandonner ses créances, même en partie, mais nous avons convenu de payer les factures en cours et de solder la créance par un moratoire. 

Un plan de reprise comme un autre quoi ? 
Un plan de reprise comme un autre, voila ! Et c’est ce que voyant - parce qu’aujourd’hui, l’usine revit, des travailleur reviennent-, la personne isolée par ces initiatives, Lamine Kane qui, lui, est envoyé au tribunal, alors qu’il se sentait indispensable, a manigancé tout ça. Pour me mettre en mal avec des gens que je considérais comme des amis. Pour te dire comment une personne peut en manipuler d’autres pour les induire en erreur. Mais même Dieu pardonne et nous recommande le pardon quand on nous fait du tort. Mais à condition que celui qui nous l’a fait soit sincère dans son repentir (NDLR : l’interviewé cite encore le coran dans le texte, et fournit la traduction) : « Quiconque agit mal ou fait du tort à lui même, puis aussitôt implore d'Allah le pardon, trouvera Allah pardonnant et miséricordieux » (sourate NISA, verset 110). 
Et c’est pourquoi, quand ils m’ont dit qu’ils avaient été abusés, je les ai écoutés avec ouverture. 

Alors, vous allez donc retirer votre plainte ? 
Cette plainte, elle ne me servira à rien. Si on condamnait des patrons de journaux comme Yakham et Cheikh Yérim, ce sont des travailleurs qui en pâtiraient. Et ça ne me rapporterait rien, au contraire ! J’aurai le sentiment d’avoir porté un coup à une entreprise, moi qui suis chargé de les promouvoir. Mais j’attends de voir jusqu’où je peux leur faire confiance, parce que je ne suis pas seul dans cette histoire, il y a mon entreprise, mes collaborateurs, ma famille, je leur dois protéger notre image... 
Propos recueillis par Pape Samba KANE



21 Commentaires

  1. Auteur

    Unobservateur

    En Novembre, 2011 (16:35 PM)
    Serigne Mboup, un grand patron ne doit jamais se rabaisser à répondre par média interposé à un va-nu-pied comme Cheikh Yerim Seck. Tu dois charger tes avocats de parler à la presse à ton nom. C'est ce que font les patrons. C'est une erreur de communication de ta part. Tu lui donne de l'importance qu'il n'a pas et tu lui fait une publicité.

    Concentre toi sur tes activités et laisse la prochaine fois tes avocats et tes attachés de presse répondre à de simples va-nu-pieds qui te dénigre.



    Un admiratif de Feu ton père Bara Mboup, un vrai battant  :up: 
  2. Auteur

    You-nouss

    En Novembre, 2011 (16:38 PM)
    Un homme respectueux humble et travailleur, un exemple pour les jeunes senegalais, juste un conseil, tu es une caravane de reussite qui passe, ne paye pas attention aux chiens qui aboient sur ta route.
    {comment_ads}
    Auteur

    Assane Dieng Niox

    En Novembre, 2011 (16:57 PM)
    serigne ,continues ton chemin et tu es toujours sur la bonne voie,laisse les gens parler....
    {comment_ads}
    Auteur

    Publicité

    En Novembre, 2011 (17:01 PM)
    La SONATEL se paye une publicité contre la nation avec nos sous.
    {comment_ads}
    Auteur

    Niangine

    En Novembre, 2011 (17:31 PM)
    Serigne mboup mayma khaliss loool, espagne metti na.
    Auteur

    Africaine2

    En Novembre, 2011 (17:31 PM)
    Salam, ce journaliste cheikh Yerim Seck c'est un vaurien un vendu une personne malhonnête je sais de quoi je parle car je l'ai vu et entendu une fois sur un débat sur France24 ou il insultait DADIS CAMARA t il coupait la parole a tout le monde il monopolisait la parole durant le débat jusqu'à la présentatrice en avait marre de ses interventions une personne arrogante sans scrupules ce jour là j'ai eu honte la honte de ma vie car il se vantait d'être journaliste à Jeune Afrique et qui parlait sans arrêter vraiment trés malhonnête alors je demanderai à ce grand Monsieur SERIGNE MBOUP PDG DE CCBM DE NE PAS SE RABAISSER A CE VOYOU, vous êtes plus éduqué et plus posé et sage qu'à cet espèce qui n'a aucune éducation, je vous supplie ne vous rabaisser pas à ce niveau des langages de rues qu'il colpote, vous êtes issue d'une grande famille honnête et connu, ce tout petit être n'arivera jamais a votre niveau, tout simplement c'est de la jalousie. ce n'es tpas pour rien que le journal Jeune Afrique l'ont mis dehors......VOUS ËTES NOBLES D'UNE GRANDE FAMILLE QUE TOUT LE MONDE CONNAIT, Amine, ne vous rabaisser pas à ce niveau de langages de rues, un opportunistes mal élevés et malhonnête, vous avez beaucoup plus de valeur qu'à cette individu sans valeur, QUE DIEU VOUS PROTEGE ET COURAGE. WaSalam
    {comment_ads}
    Auteur

    Boko Araam

    En Novembre, 2011 (17:32 PM)
    Serigne ne nous prend pas pour des fous! Comment 1 milliard payé par l'etat pour des voitures peuvent se retrouver dans un compte d'une société de textile (même si tu es propriétaire de cette dernière). :?: 
    {comment_ads}
    Auteur

    Boy Vegas

    En Novembre, 2011 (17:48 PM)
    en tout cas he is a good humble hard working man. most of all no matter what success bring to them, they never forget them childhood friends, he still hanging with the same friend from saloum. big respect for him

      <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/jumpy.gif" alt=":jumpy:">  
    {comment_ads}
    Auteur

    Alllo

    En Novembre, 2011 (18:02 PM)
    exemple gua déééé , s'il y'aurai quelques autres au senegal comme toi, se serait important  :sn: 
    Auteur

    Amy

    En Novembre, 2011 (18:07 PM)
    c'est un sénégalais qui a beaucoup de mérite, qu'on doit respecter. S il y avait 10 Serigne Mboup au sénégal, on n'aurait moins de chômeurs.

    Il mérite plus d'égards
    {comment_ads}
    Auteur

    Senegaal Ci Senegaal

    En Novembre, 2011 (19:37 PM)
    Plus de "Serigne Mboup" et moins de libanais dans le milieu des affaires et de l'entreprise au Senegal, et le pays s'en portera mieux.
    {comment_ads}
    Auteur

    Doxandem

    En Novembre, 2011 (20:58 PM)
    Vraiment un exemple à suivre .Bonne continuation mon grand.Wala bok
    {comment_ads}
    Auteur

    Bo

    En Novembre, 2011 (22:40 PM)
    serigne mboup amoul morome yérim va travailler coureur de jupons
    • Auteur

      Reply_author

      En Novembre, 2022 (16:03 PM)
      Comme changement tu parles sûrement de l'inauguration prévue de lUAM.
      En fait seuls deux bâtimentspedagogiques son prêt sur 5 de prévus. Ils vont inaugurer avec 5 fondements qui représentent une suspension des travaux
    {comment_ads}
    Auteur

    Ndogolii

    En Novembre, 2011 (04:30 AM)
    le senegal a besoin des gens comme vous de vrai travailleur mais pas des paresseux et des geulards
    {comment_ads}
    Auteur

    Boy Chaam

    En Novembre, 2011 (05:20 AM)
    Who is srrigne mboup what he does in Senegal how did he start his business? ???¿
    {comment_ads}
    Auteur

    .passant

    En Novembre, 2011 (08:49 AM)
    au senegal, on refuse catégoriquement le développement, alors certains ne s’empêcheront pas de mettre des bâtons dans les roues de ceux qui veulent avancer.
    {comment_ads}
    Auteur

    Al

    En Novembre, 2011 (09:37 AM)
    yérim seck yamal sa palace
    Auteur

    Michael Jordan

    En Novembre, 2011 (11:49 AM)
    Un exemple à suivre,une personne à soutenir,un travailleur hors pair ce Serigne Mboup.
    {comment_ads}
    Auteur

    Gbs

    En Novembre, 2011 (15:25 PM)
    qui peut me donner le contact de Mr Mboup?
    {comment_ads}
    Auteur

    Vengeresse

    En Novembre, 2011 (16:56 PM)
    c'est un bon travailleur ce Mr
    {comment_ads}
    Auteur

    Lafrance

    En Décembre, 2011 (09:33 AM)
    mercie

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email