Une cinquantaine de militants de l'opposition tchadienne ont été arrêtés dimanche à N'Djamena, selon la police, alors qu'ils préparaient le retour de leur leader, en exil depuis la sanglante répression il y a un an d'une manifestation contre le maintien de la junte au pouvoir.
Le président en exil du parti Les Transformateurs, Succès Masra, a pour sa part assuré sur X (ex-Twitter) que ce sont plus de 200 de ses partisans qui ont été interpellés alors qu'ils rénovaient le siège du mouvement et collaient des affiches.
Les forces de l'ordre "ont constaté des regroupements illégaux des militants du parti Les Transformateurs (...) visant à troubler l'ordre public", à l'approche de "l'anniversaire de l'insurrection du 20 octobre 2022", assure la police dans un communiqué, annonçant "une cinquantaine" d'interpellations "pour nécessité d'enquête".
Plus de 200 ont été arrêtés, rétorque M. Masra sur X, en montrant des photos de jeunes gens collant des affiches appelant à l'accueillir à l'aéroport de N'Djamena le 18 octobre.
Le 10 septembre, il avait promis de revenir au Tchad le 18 octobre pour "continuer la lutte au côté du peuple".
Mais, jeudi, un mandat d'arrêt international de N'Djamena contre M. Masra, daté du 8 juin 2023, avait été rendu public, réclamant son arrestation où qu'il soit à l'étranger pour "incitation au soulèvement insurrectionnel". En cause, une vidéo de mai dans laquelle le parquet l'accuse d'appeler "aux armes" des Tchadiens du sud du pays dont il est originaire.
Le 20 avril 2021, aussitôt après l'annonce de la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé pendant 30 ans d'une main de fer ce pays d'Afrique centrale, une junte de 15 généraux avait proclamé son jeune fils, le général Mahamat Idriss Déby Itno, président pour une période de transition de 18 mois avant des élections.
Mais, 18 mois plus tard, en octobre 2022, il la prolongeait de deux ans en invoquant la décision d'un Dialogue de réconciliation nationale boycotté par la grande majorité de l'opposition et les plus puissants des groupes rebelles armés.
-Tortures, exécutions-
A l'échéance des 18 mois, le 20 octobre 2022, des manifestants s'étaient rassemblés, pacifiquement à N'Djamena selon des journalistes de l'AFP, pour protester contre cette prolongation.
Au moins 73 personnes avaient péri, selon le pouvoir, essentiellement des jeunes hommes tués par balles par les militaires et policiers, mais l'opposition et les ONG parlaient de centaines de morts ou disparus, durant ce "Jeudi Noir" et dans de gigantesques rafles qui ont suivi.
Plus de 600 jeunes, dont 80 mineurs, avaient été arrêtés et expédiés dans une prison en plein milieu du désert, à Koro Toro, à plus de 600 km de N'Djamena. Là, ils avaient été jugés dans un procès de masse à huis-clos et condamnés pour la plupart à de la prison ferme. Ils ont été, depuis, graciés par Mahamat Déby et remis en liberté pour la grande majorité.
Mais des ONG locales et internationales assurent que des centaines de personnes ont été torturées ou exécutées le 20 octobre ou les jours suivants, notamment durant le transport des détenus à Koro Toro. Les autorités ont démenti.
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