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Afrique

Tunisie : nouvelle soirée d'affrontements dans plusieurs villes

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Des forces de l'ordre déployées à Tunis, le 9 janvier.

Manifestants et policiers se sont de nouveau affrontés, mercredi soir, dans plusieurs villes de Tunisie, en proie à des troubles sociaux. Mardi soir, 49 policiers avaient déjà été blessés et 237 personnes arrêtées.

La tension ne diminue pas en Tunisie, où de nouveaux heurts ont éclaté entre manifestants et policiers dans plusieurs villes, dans la nuit du mercredi au jeudi 11 janvier, troisième jour d'une contestation alimentée par des mesures d'austérité.

Depuis lundi, des troubles sociaux secouent le pays, sept ans après le début du Printemps arabe, qui avait fait tomber le dictateur Zine al-Abidine Ben Ali. Déjà la semaine dernière, des manifestations pacifiques sporadiques avaient dénoncé la hausse des prix et un budget d'austérité prévoyant entre autres des augmentations d'impôts.

"Vandalisme", selon le Premier ministre

À Siliana, dans le Nord-Ouest, des jeunes ont jeté, mercredi soir, des pierres et des cocktails Molotov sur des agents de sécurité et tenté de s'introduire dans un tribunal dans le centre-ville. La police a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes, a constaté un correspondant de l'AFP.

À Kasserine, des échauffourées ont de nouveau eu lieu à dans le centre défavorisé du pays, où des jeunes de moins de 20 ans tentent de bloquer les routes avec des pneus en feu et jettent des pierres sur des agents de sécurité, selon un correspondant de l'AFP.

À Tebourba, plusieurs dizaines de manifestants sont descendus dans la rue. C'est dans cette ville à 30 km à l'ouest de Tunis qu'a été enterré, mardi, l'homme décédé lors de heurts dans la nuit de lundi. La police a riposté par des tirs massifs de gaz lacrymogènes, a témoigné un habitant. Selon des médias locaux, des scènes similaires ont eu lieu dans des quartiers près de Tunis.

Lors d'une visite, mercredi, à El-Battan, près de Tebourba, le Premier ministre Youssef Chahed a condamné les actes de "vandalisme", qui "servent les intérêts des réseaux de corruption pour affaiblir l'État". Il a pointé du doigt le Front populaire, un parti de gauche opposé au budget.

Dans la nuit de mardi à mercredi, 49 policiers ont été blessés, 237 personnes arrêtées et des fourrières ont été attaquées lors des troubles, a indiqué le ministère de l'Intérieur en accusant des casseurs d'avoir été payés par des meneurs politiques. Aucun bilan d'éventuels blessés parmi les protestataires n'a pu être obtenu auprès des autorités.

Plus rien à perdre

"Il y a des actes de pillage et de vol, mais aussi un message politique de la part d'un pan de la population qui n'a plus rien à perdre", estime à l’AFP le politologue Selim Kharrat, soulignant que nombre de symboles de l'État ont été pris pour cible.

L'armée a été déployée autour de banques, bureaux de postes et autres bâtiments gouvernementaux sensibles dans les principales villes du pays, selon le ministère de la Défense.

Pour la politologue Olfa Lamloum interrogée par l’AFP, "la nouvelle loi de finances est la goutte d'eau qui fait déborder le vase". "Les jeunes sont déçus par rapport à la révolution, surtout à cause de la cherté de la vie", dit-elle, soulignant "l'approfondissement des inégalités sociales mis en évidence par les statistiques officielles" - hausse du taux de pauvreté, du chômage et de l'illettrisme chez les jeunes notamment.

Les protestations nocturnes ont été émaillées de violences. Un supermarché de la banlieue sud de Tunis a été pillé, mardi, par des jeunes qui ont volé argent et marchandises, selon Mohamed Baccouche, directeur adjoint d'exploitation du groupe français de distribution Carrefour.

Si la Tunisie est parvenue jusque-là à faire avancer sa transition démocratique, elle reste engluée dans la morosité économique et sociale. Dans ce contexte, un centre de réflexion, l'International Crisis Group (ICG), met en garde contre le risque de dérives autoritaires et contre la tentation d'un retour à un régime dur.

"La classe politique n'a pas encore cédé à cette tentation autoritaire", mais "dans un contexte de marasme économique, la nostalgie d'un État fort, à l'image de celui que l'ancien régime prétendait défendre, se répand", écrit ce think-tank dans un rapport publié jeudi.



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