Une ex-prostituée au secours des enfants de la rue

Elle avait coutume de divertir des hommes riches dans les nightclubs de Rotterdam. Mais Lenneke Meulenkamp, 26 ans, a changé. Après avoir décidé de dédier sa vie à Jésus, elle aide maintenant les enfants de la rue de Kivulu, un bidonville de Kampala.

Un pont étroit traversant des eaux d’égout marque le début du bidonville de Kivulu. De jeunes garçons accourent vers Lenneke pour la saluer, contournant des amoncellements de détritus en feu. "Tante Lenn !", crient-ils avant qu’elle ne les serre dans ses bras. "Je suis si heureux de pouvoir aller maintenant à l’école", dit Ali Lugwama, 14 ans. Autrefois il dormait sur un banc en bois entre deux cabanes et n’avait jamais vu une salle de classe de l’intérieur.

Femme de caractère
Alu Lugwama et cinq autres garçons vont maintenant à l’école, après que Lenneke eut convaincu le directeur de les accepter. Mais les frais de scolarité n’ont pas encore été payés : Lenneke espère que de bons Samaritains se montreront suffisamment généreux envers son organisation Hearts Vision pour permettre aux jeunes garçons de continuer à fréquenter l’école. A l’avenir, Lenneke veut construire un logement convenable pour Ali et ses amis, qui actuellement dorment à même le sol dans une cabane.

Lenneke est une femme de caractère, mais dans le passé elle était moins sûre d’elle-même. "Mon beau-père, le mari de ma mère, me souillait", me dit-elle dans un petit restaurant bordant la route de Kampala, qui sépare le bidonville de Kivulu de l’hôtel Hilton en construction. "Quand je suis allée vivre seule, à l’âge de 17 ans, j’avais un petit ami qui abusait de moi. Il autorisait ses amis à coucher avec moi." Par la suite, Lenneke apprend à se défendre. Elle met son petit ami et ses copains à la porte et réussit à envoyer son beau-père derrière les barreaux.

Conversion
Elle s’installe alors à Barneveld, une petite ville de tradition protestante dans le centre des Pays-Bas. "J’avais besoin d’argent et j’ai donc décidé d’entrer dans la prostitution. Je me rendais en train à Rotterdam, où je travaillais dans des clubs privés". Cela n’a pas duré plus de six mois. "Parfois on passait de bons moments, les autres filles et moi. J’avais besoin de beaucoup d’attention et on m’en donnait plein dans ces clubs. Mais je n’étais pas heureuse. Je me suis mise à chercher un partenaire sympa sur des sites spéciaux de l’Internet."

Elle rencontre alors un chrétien pratiquant sur le web. "Il m’a dit ce que Jésus pouvait faire pour moi. Je suis donc allée à une église à Amsterdam. Il y avait un concert donné par une chorale d’enfants ougandais : Watoto. J’ai adoré : j’en avais les larmes aux yeux. C’est là et à ce moment-là que je me suis rendu compte que Dieu m’aime. Mon devoir était d’aider les enfants de la rue."

La conversion de Lenneke semble sérieuse. Elle rompit même avec l’homme qui à l’origine suscita son intérêt pour la religion. "Bien qu’il croie en Jésus, il voulait qu’on ait des relations sexuelles avant le mariage. Mais je ne fais plus ça. Mieux vaut attendre mon futur mari."

Espoir en l'avenir
En Ouganda, Lenneke voit beaucoup de gens qui ont besoin d’elle. "Je donne amour et attention aux enfants de Kivulu. Parfois je passe la nuit avec eux. On est une dizaine, les enfants et moi, à dormir par terre, alors que les rats et les cafards grouillent autour de nous." La jeune femme est pleine d’espoir en l’avenir : "Je suis sûre que Dieu va nous fournir l’argent pour aider ces enfants’’, dit-elle, avant de retourner à Kivulu. Ce soir, il y a une soirée dansante à l’église et elle y emmène huit enfants de la rue. Les vêtements ont séché après avoir été lavés dans les eaux d’égout. "Bon ! On y va !"