Au Sénégal, dès qu’un dignitaire sent la tempête judiciaire approcher, un réflexe : sortir le chéquier. Pas pour indemniser l’État, mais pour éviter la case prison. Le mot-clé ? Cautionnement. Grâce à la loi pénale, même un présumé détourneur de deniers publics peut dormir chez lui – à condition de payer, souvent très cher.
Légal ? Oui. Automatique ? Non.
Moralement neutre ? Pas vraiment.
Mais cette « caution salvatrice » n’efface ni les faits reprochés, ni les poursuites. Elle permet simplement d’échapper à la détention préventive… pendant que d’autres, bien moins fortunés, croupissent pour des délits mineurs.
Théoriquement, elle garantit juste que l’accusé reste à la disposition de la justice, dans le respect de la présomption d’innocence. Certes.
Mais le spectacle de millions déversés en quelques jours, dans des dossiers où il est question de deniers publics, interroge. Comment ceux qui nient avoir détourné le moindre franc trouvent-ils si vite autant d’argent liquide à consigner ?
À croire que l’innocence, elle aussi, a un prix. Peut-être que l’État ne récupère pas tout... mais au moins, il découvre enfin où était caché le magot.
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