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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Chronique

Dieu, es-tu là ?

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Dieu, es-tu là ?



« C’est le sort des monarchies que leur sort
dépende du caractère d’un seul homme »
VOLTAIRE

Nous savions qu’on ne pouvait rien attendre de Wade. Les Saltigués du Sine nous avaient prédit des lendemains électoraux de feu. Mais nous n’en espérions pas autant. Un président est mort à la fin de l’année, un monarque s’est réveillé en lui, avec un discours du trône digne d’époque. Tout y est, y compris le cachet religieux, qui fait de nous tous, anciens enfants de la République déchue, des dignes fils du souverain monarque, représentant de Dieu sur terre. La République avait une langue officielle, le français. La nouvelle monarchie parle un wolof tout cru. La République avait une religion, la laïcité. La monarchie affiche sa nouvelle chapelle, elle est mouride. Qu’Abdoulaye Wade ait découvert tardivement ses profondes convictions mourides n’a rien de gênant. Mais utiliser les symboles de l’Etat, la télévision nationale, dans une adresse à la Nation, pour faire acte d’allégeance, et « reconnaître » le nouveau khalife est une insulte faite à toute la République. Mais Wade sait bien ce que les symboles religieux peuvent avoir de significatif, et il joue avec. En allant rendre visite au nouveau khalife avec son fils dans sa voiture, il assure déjà une transition qui tient lieu de symbole : si le pouvoir de Dieu peut se transmettre de père en fils, pourquoi pas celui des hommes ! Demain, le seul qui pourra assurer la continuité de cette manne financière pour cette confrérie qui n’a pas besoin de cette mauvaise publicité, c’est son fils Karim. C’est le message subliminal transmis à des milliers de fidèles, à une heure aussi solennelle. Le soir, il était déjà aux soins du président de l’Assemblée nationale, se rappelant déjà que dans ces trois jours de deuil, Macky Sall aussi avait le sien.
On aura tout vu durant ce septennat et cette année finissante. Mais s’il y a une chose à demander au bon Dieu, vu la place qu’on lui donne désormais dans les limbes de la « République », c’est qu’il nous épargne de Wade et de son argent. Il a fait plus de victimes que la Senelec et les Cayucos espagnols réunis.
Nous n’avons pas eu la moindre pensée pour Penda Kébé, cette jeune femme qui s’est immolée par le feu, après avoir réclamé en vain, 10 millions que lui avait promis Abdoulaye Wade, et qui ne lui sont jamais parvenus. Son geste est sans doute inexplicable et injustifiable. Mais quel drame ! L’alternance a pris des formes passionnelles de Ndigël que Wade sait bien susciter, attiser, et manipuler, en bon gourou. Des individus avalent des centaines de kilomètres pour le voir, et entament des grèves de la faim, s’ils n’arrivent pas à passer les grilles du palais de la République. Des gens bien portants, pris de passion pour le Pape, s’immolent par le feu, s’ils ne peuvent pas le toucher. Et l’objet de toute cette attention est tranquille, assurée que ce bienfait ne peut provenir que du tout puissant, dont il est désormais le digne représentant, délégataire d’une mystique venue de « tout bas ». C’est le propre de ce télé-évangéliste de salon. Tous ceux qui le rencontrent se convertissent à ses espèces sonnantes et trébuchent.  
Les mallettes à sous que Wade a introduites en Casamance sont en train, tous les ans, de faire des victimes, et il faut en imputer la responsabilité au président de la République. Il y a un an, il a reçu au palais de la République de prétendus « sages de la Casamance », leur a « offert » des véhicules et de l’argent à se partager. Cette utilisation de l’argent fait des victimes toutes les veilles de Tabaski, et ce n’est pas fini. Dans cette partie de la Casamance, l’une des rares à s’être islamisées, on a toujours prié Dieu kalachnikov à la main. Leur chef le plus sanguinaire, Salif Sadio, est parti de Diouloulou, il y a dix ans, le Coran dans le sac. Il n’y a pour eux aucune contradiction à prôner sa bonne foi, et à tuer. D’autres le font au sommet de la République, et ils donnent malheureusement la preuve qu’on peut voler, tuer, faire du mal, et dormir tranquille. Il est tellement question d’argent que quand les bandits sont arrivés, Dino Aïdara est allé chercher sa mallette à sous, en pensant qu’il allait se tirer d’affaire. C’est l’argent de la République, les jalousies qu’il crée qui tuent les fils de la Casamance, il faut s’en convaincre. Ce qui se passe maintenant n’a rien à voir avec le banditisme des coupeurs de route. Ce sont des crimes qui sont planifiés et exécutés, manifestement commandités, puisque les victimes ne sont pas choisies au hasard.

La présidence de la République n’a pas intérêt à ce qu’encore une fois, des membres du « Comité des sages » que Wade a mis en place soient impliqués dans un assassinat. S’ils peuvent le faire, ils vont manipuler les enquêteurs, forcer la main au juge d’instruction, comme ils ont mystérieusement fait disparaître le témoin principal dans l’assassinat de Lamine Badji, qui allait accuser un homme du président. Farba Senghor travaille depuis une semaine à nous faire croire, contre l’avis d’un juge, d’un procureur, des gendarmes, que les hommes du président qui ont été arrêtés « n’ont rien fait ». Ils ont trouvé un chauffeur sans scrupule, qui leur permettra de sortir de prison ces deux hommes que le juge formellement accusés de complicité d’assassinat.
Le président de la République a suscité de la convoitise avec l’argent, de la jalousie avec des postes. Des hommes, parmi ses nombreux missionnaires, se sont dit mais pourquoi untel, et pas moi. Pourquoi l’argent à lui, et pas à nous. L’année dernière, quand l’histoire de ces 65 millions offerts a éclaté, les « sages », pour échapper aux coupeurs de route et aux brigands, ont du se fendre d’un communiqué, pour préciser que l’argent était encore entre les mains du gouverneur, et qu’ils n’y avaient pas touché. Les questions d’argent parmi ces « sages » islamisés se règlent malheureusement à la kalachnikov. Les jeunes rebelles s’exécutent très vite, quand on leur demande d’aller tuer. Ils reçoivent une rançon qui vient de l’argent distribué par la présidence de la République à de prétendus rebelles repentis. Quand Oumar Lamine Badji a conduit ces sages à la présidence de la République, j’ai discuté avec plusieurs chefs rebelles, et leurs menaces étaient à peine voilées. Un d’entre eux m’a révélé que Wade lui devait dix millions depuis dix ans, parce qu’il avait demandé à ses rebelles de voter pour le Sopi, et de sécuriser ses bureaux de vote. Comprenez bien, ces chefs rebelles ont le sentiment que des gens sont sortis de nulle part, vont monnayer leur médiation à la présidence de la République, avec toujours le même procédé : ils vont dans les villages corrompre quelques jeunes, viennent les présenter à la gouvernance comme des rebelles. On offre à ces jeunes de l’argent, des soins gratuits et un séjour à l’hôtel. Leur chef est reçu à la présidence de la République avec les honneurs, nommé chargé de mission, avec des mallettes d’argent avec lesquelles il va construire dans son village. Ansoumana Badji, chef rebelle payé par le contribuable, vivant à Dakar, a acheté l’année dernière la maison de l’ancien ministre Landing Sané, pour y loger sa mère. Comprenez qu’il y ait parmi les chefs rebelles, qui disent « mais c’est injuste, ils se font de l’argent sur notre dos » ! Ce sont de malheureux innocents qui paient ainsi pour la cupidité du président de la République, et la République qui finance des assassins pour tuer ses propres fils. La haine en Casamance s’est nourrie de l’argent du contribuable. Wade a pensé régler définitivement le problème casamançais, en corrompant quelques chefs rebelles au col blanc. Ils vivent dans les hôtels à Dakar, payés par le contribuable. Des familles religieuses anciennement établies en Casamance, des dignitaires de la République paient le prix de cette trahison. Les rivalités au palais de la République ont exacerbé la violence. Chaque petit groupe d’influence a sa bande de rebelles qu’il arme, et nourrit, et qui lui obéit, quand il s’agit de supprimer un rival gênant.
Abdoulaye Wade ne se donne aucune limite avec l’argent. Jusqu’à sa disparition, le président de la République a tenté de rompre cette tranquillité et cette sobriété voulue par Serigne Saliou Mbacké, en déversant plus de 100 millions à Touba, en faisant toute la publicité nécessaire, pour que tout le monde le sache. Il est venu promettre, dès le lendemain, 20 milliards de francs Cfa par année. Le khalife disparu a survécu à la cupidité de Wade. Le chef de l’Etat avait corrompu certains membres de son entourage immédiat, très sensibles à l’argent. Il s’est arrangé avec eux, pour en faire la tête de liste de la coalition Sopi aux législatives de 2002. Nous devons son refus à la vigilance de son fils aîné. C’est cette politique de l’argent qui a fait prospérer un monstre comme Cheikh Bethio Thioune, qui aujourd’hui, se prend pour Dieu à la place de Dieu, prophète à la place du prophète, khalife à la place du khalife. Comprenez bien, c’est cette frustration que Serigne Moustapha Saliou Mbacké contient depuis trop longtemps.



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