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Chronique

[ Chronique ] Le dégénéré d’Obama

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[ Chronique ] Le dégénéré d’Obama

Avec quelle rigueur, destin, tu me poursuis !
Je ne sais où je vais, je ne sais où je suis.
Jean RACINE

Ceux qui espéraient un virage de dernière minute s’en rendent compte effrayés, et ses propres collaborateurs affectent maintenant la mine triste quand ils voient l’homme qui enjambait les grands sujets du monde se perdre dans ses petits papiers. Abdoulaye Wade n’a plus les ressorts pour gouverner le Sénégal. Il s’abandonne à lui-même. De sa marche triomphale vers le pouvoir, de l’enthousiasme des sénégalais, du ralliement massif des transhumants apeurés, des envolées lyriques de ses thuriféraires, des portraits apologétiques des journalistes, il ne reste rien. L’opposant glorieux n’est plus qu’un vieillard délavé noyé dans son costume d’époque. Sa promesse de changement n’était qu’un leurre. Sa gestion sociale est faite d’injustice, son système économique de détournements, sa politique étrangère de fumisteries, sa réforme constitutionnelle d’autocratie. S’il fallait donner un visage à ces pratiques désinvoltes, voilà à quoi il ressemblerait.
L’homme qui régnait sur tout un pays fait maintenant comme si ce pays n’existait plus. Le Parti sur lequel il avait bâti toute sa carrière avant de s’emparer du pouvoir, il fait comme s’il n’existait plus. Il règne sur une bande de courtisans qui lui a juré de se soumettre à toutes ses volontés. Il ne sort des lèvres formolées de ce mégalomane narcissique que deux mots qui forment en réalité un seul, « moi, mon fils ».
Les partisans du chef de l’Etat, que l’on croyait enthousiastes à l’idée de le voir se représenter pour un nouveau mandat à la tête du pays, sont pris de peur et d’émoi. Ils veulent le rencontrer pour lui dire ce qu’ils pensent de tout ce carnaval, mais encore faudrait-il l’apercevoir. Sa décision de se présenter à sa propre candidature découle de cette même idée qu’Abdoulaye Wade se fait de lui-même. Son parti, s’il bouge toujours, ne fera qu’entériner une décision déjà prise. S’il a toute sa tête, il ne sera pas candidat, il sera président.
Je doutais encore des capacités du chef de l’Etat à gouverner, j’en ai eu le cœur net le 18 septembre dernier quand il a débarqué à l’aéroport de Dakar avec cette nouvelle déclaration fracassante, « le dossier du Sénégal a été adopté en moins de trois minutes. Je vous jure, en moins de trois minutes ». Un esprit qui laisse échapper de tels propos doit être soumis à l’examen psychiatrique, pas à l’analyse politique. Tout ce que Hillary Clinton avait mis au conditionnel concernant la gestion du financement du Mca, le génie de Kébémer l’a transformé dans sa propre langue au présent. Il nous a encore couvert de honte en voulant, contre vents et marées, s’accrocher à son anglais boiteux. Dès qu’il est sorti de son discours écrit, il est tombé dans le ridicule. Son ministre des Affaires étrangères s’est lui aussi révélé un sombre poète, avec son corps de lutteur. Nous avons peut-être mérité Abdoulaye Wade, mais nous ne méritons pas ces scènes d’humiliation qu’il nous fait subir à chacune de ses sorties.
Au lieu de juger une politique, nous sommes obligés de juger l’homme qui la définit. Au lieu de juger son action, nous sommes obligés de juger la morale qui la sous-tend. Dans un article paru dans le Washington Post du week-end dernier, un membre du Congrès américain s’indignait d’avoir lu sur le site seneweb.com qu’Abdoulaye Wade avait organisé une véritable « bamboula » -c’est son mot- pour la cérémonie de signature du Mcc. Il s’offusquait de ce qu’avant même d’obtenir ce financement, le président sénégalais avait déjà mobilisé deux avions et plus d’une centaine d’invités, coûtant plusieurs centaines de millions au contribuable sénégalais. Les Américains n’entendent pas livrer l’argent de leurs citoyens à des folies de ce genre. Le « Congressman » serait choqué s’il apprenait que moins d’une semaine après, le président sénégalais a convié ce même monde à New York pour l’applaudir bruyamment. Car il est clair que si Abdoulaye Wade garde son envie de vivre intacte au point de vouloir se présenter pour un troisième mandat, le bon sens l’a déjà abandonné. Pendant que les Sénégalais sont menacés par les boas qui ont envahi les eaux stagnantes dans la banlieue, leur président voyage indéfiniment. Il préfère rater la prière de la Korité plutôt que de rater le déjeuner de Barack Obama. S’il lui a fallu choisir entre les faveurs de son Dieu et ceux du président des Etats-Unis, le choix d’Abdoulaye Wade est clair. Le toast de mister Obama vaut mieux que les génuflexions de Gouye Mouride. Ce qu’il a fait après le refus catégorique qui lui a été opposé par Serigne Bara Mbacké est un bon indicateur de l’idée que cet homme se fait de ses propres croyances. Dès que son marabout a refusé de se prier à sa volonté, il a fait décoller son avion et mis la croix sur la prière. Mais avait-il même jeuné ?
Il s’avère que cette histoire de déjeuner est une grande supercherie. C’est le 14 septembre dernier que Susan Rice, chargée des questions africaines à l’Onu, a rendu public un communiqué selon lequel le président Obama devait recevoir des chefs d’Etat subsahariens. Elle avait, par la même occasion, précisé que seuls les chefs d’Etat « sérieux » y étaient conviés. Abdoulaye Wade n’y figurait pas, et la précision lui avait été faite quand il s’est rendu à New York deux jours après. L’activisme débordant de son ministre des Affaires étrangères n’y a rien fait. C’est quand la rencontre avec les pays qui participent aux missions de maintien de la paix des Nations-Unies a été confirmée que le président de la République s’est engouffré dans son avion. Là encore, il n’a jamais été question d’Aboulaye Wade, mais du Sénégal. Il n’a jamais été question de son mérite, mais celui de nos soldats. Pour masquer son exclusion de ce déjeuner des chefs d’Etat subsahariens « sérieux », il a laissé le président du Sénat entretenir la confusion dans les esprits. On ne sait pas comment cette dégringolade va finir pour le président et dans quelle mesure elle nous affectera. Karim Wade, qu’il vénère comme s’il s’agissait de son maître blanc, ne lui est malheureusement d’aucun secours. Il a fallu les locales du 22 mars 2009 pour que ceux qui voulaient le propulser au « sommet » se rendent compte que ce grand corps de deux mètres donnait sur un grand vide.
SJD


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