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Les (a)vœux du président (Par Momar Mbaye)

Auteur: Momar Mbaye

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Macky Sall, president de la Republique du Senegal

Parce qu’ils s’attendaient à un miracle, nombre de Sénégalais s’estiment déçus en écoutant  chef de l’État s’exprimer le soir du 31 décembre 2015. Un monologue au cours duquel le chef de l’exécutif a encore une fois formulé des vœux pieux, en lieu et place d’actes concrets notamment sur la procédure définitive devant lui permettre de réduire son mandat en cours. Dans un an précisément, le 31 décembre 2016, Macky Sall devrait prononcer un message d’adieu à la nation, son dernier discours de président, s’il compte faire un mandat de 5 ans et organiser la présidentielle en 2017 comme lui-même en avait pris l’engagement, devant le Sénégalais et devant le monde.

Mais entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Le candidat au franc-parler, qui promettait de réduire son mandat de sept ans, une fois élu, a pris goût au pouvoir et à ses avantages. Il a aussi initié des projets d’envergure, lesquels devraient lui assurer une réélection à un second mandat. Mais tout esprit libre et honnête peut admettre que le chef de l’État a changé d’avis et s’évertue avec maladresse, à donner une forme à un « wax waxeete » qu’il voudrait faire endosser aux sages du Conseil constitutionnel, dont l’Assemblée nationale acquise à sa cause, devra nommer prochainement, 2 sur les 7 membres qui le composeront.

Faut-il d’emblée reconnaître que le président a cherché à gagner du temps. Qu’il a aussi perdu du temps en sollicitant la Cnri qui devait lui soumettre des propositions de réformes constitutionnelles, dont il connaissait d’avance, le contenu, mais qu’il finira par rejeter dans ses points les plus pertinents, inspirés des assises nationales de 2008.

En effet. S’il faut saluer l’idée du chef de l’État qui semble renoncer à l’organisation d’un référendum inopportun et coûteux, on peut toutefois s’interroger sur la consultation annoncée du Conseil constitutionnel, un organe consultatif dont l’avis, tel que l’envisagent le président de la République et son entourage, n’en sera pas moins une manœuvre politicienne par laquelle le chef de l’exécutif devrait obtenir le rejet immédiat du projet de réforme visant la réduction du mandat en cours, que l’institution devrait déclarer illégal. Cela rappelle la triste décision historique, rendue par cette même instance, en 2012, sur la candidature du président Wade à un troisième mandat. De ces « machines à forfaiture » soi-disant neutres, mais habituées à rendre des décisions impopulaires souvent en faveur du pouvoir en place, il ne faut point s’attendre à un miracle.

D’autre part, la voie parlementaire à laquelle le président de la République a fait allusion dans son discours, s’avère aussi risquée étant donné que les députés de la majorité, qu’ils soient indépendants ou sous le contrôle du pouvoir, habitués à faire la pluie et le beau temps au parlement, n’hésiteront pas à rejeter le projet de réforme et donner ainsi un quitus au président en faveur d’un septennat qui leur profiterait à tous. Macky Sall, qui avait la latitude d’évacuer cette question tout au début de son mandat, a joué et est sur le point de perdre. Dorénavant, c’est son crédit qu’il perd de jour en jour et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’il décide de lui-même et sans influence, de procéder à la réduction effective de son mandat, quelle que soit la procédure empruntée.

Si prompt à prendre des décisions à la hâte, souvent sur un coup de tête, le chef de l’État, ici, traîne des pieds et renforce les soupçons sur la bonne foi qui lui était prêtée, alors candidat. L’homme ne sait pas où il va ni quel chemin emprunter. Il tâtonne, il hésite, il décide puis revient sur ses décisions, parce que ballotté de gauche à droite par un entourage composé en partie d’intellectuels malhonnêtes, parce que devenu l’otage d’un clan, d’une famille et à la merci d’un groupuscule politique et de juristes adeptes d’une lecture très politicienne du droit.

En faisant de la manipulation de la constitution du Sénégal son jeu favori, Wade, qui souvent clignotait à gauche pour virer à droite, savait au moins faire preuve de cohérence, de fermeté et de clarté dans ses décisions furent-elles les plus impopulaires. Macky, lui, ne s’assume pas : il clignote à droite, regarde à gauche pour faire demi-tour sur la route, s’il n’est tenté de foncer tout droit… dans le mur. Attention, ça risque de faire boum?!

Auteur: Momar Mbaye
Publié le: Lundi 04 Janvier 2016

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