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Les champions Haut-lympiques

Auteur: Aliou Ndiaye

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L’histoire ouvre un nouveau registre. Car, ce n’est pas avec une paire de ciseaux qu’on coupe l’aile aux oiseaux dans les cieux. Du haut des nues et des sentiments patriotiques, un volatile audacieux sème  la paix jusque sur le boulevard de la République. Exit le temps des drôles d’oiseau, l’oiseau rare s’est  posé sur le temple de Thémis. Il s’appelle Ibrahima Ndoye, il est Premier Substitut du procureur. Il se nomme Omar Diéye, il est juge. C’est  un magistrat, un anonyme pour la plupart des sénégalais. C’est  un migrateur superbe, un poète dans l’âme et un progressiste authentique. Les révolutions sont toujours faites par des romantiques, mais ce sont les scélérats qui en vivent. La grève des magistrats et le verdict du procès de Bara Tall portent quelque part les empreints de ces champions haut-lympiques. Pour leur patrie, ils ont préféré la hauteur qui surplombe au gouffre qui plombe. Ils  ont gagné la bataille du droit. Mais, il leur  reste la campagne pour la justice. Ce  sera une guerre des métaux. L’homme va affronter la machine. Electorale.
Comme dans un film de science-fiction, l’avenir du genre  se jouera et se joue tous les jours de l’année. Bara Tall et ses co-accusés sont certainement  soulagés par le verdict du tribunal correctionnel de Dakar. Cependant, la bataille a été rude et l’avenir tout aussi incertain. Le pouvoir libéral garde sous sa manche l’épée de Damoclès de l’appel. Le double degré de juridiction offre la possibilité  de suspendre le jugement et ses effets dans une stratégie éprouvée du pourrissement. La désinvolture et le vandalisme institutionnel n’ont que trop prospéré. Les travailleurs de ces entreprises doivent être remis dans leur bon droit. Et  la justice dans son bon vouloir. Les magistrats ont exprimé leur désir sans équivoque de liberté et d’indépendance. Ce n’est pas une rébellion sordide. C’est  une guerre de libération salutaire. Le Sopi a passé toutes  les frontières de la bienséance républicaine. Même les apparences  n’ont pas été sauvées. Le protocole de Reubeuss a été brandi à la télévision par le président de la République lui-méme.  C’était la plus grande offense  faite à des magistrats dans l’exercice de leurs fonctions. Le pays  tout entier attendait un sursaut d’orgueil. Les événements récents ont rassuré. Il y a encore, dans  ce Sénégal, des hommes aux capacités d’indignation intactes. La constitution consacre bien l’indépendance des magistrats, quoique la tutelle de la Chancellerie sur le parquet est un bâton et un corset. Sentir sur sa nuque la botte d’un maitre fut une gloire pour l’esclave. Mais  le temps de la servitude est révolu. Depuis bien longtemps. 
Le verdict du procès de Bara Tall et de ses co-accusés ressemble à un simple repli stratégique. La démission reconduction de Cheikh Tidiane Sy du ministère de la Justice n’est pas forcément symptomatique d’une tergiversation. Un plan de confiscation du pouvoir a besoin de quelques serviteurs zélés pour prospérer. Déjà, Wade doit passer l’obstacle de la validation de sa candidature. La  résistance opposée par une partie du pouvoir judiciaire dans l’affaire Bara Tall peut inspirer et encourager quelques esprits naturellement frileux. La situation difficile du pays favorise aussi les changements de comportement. La carte de la continuité, incarnée par Karim Wade, s’est effrontée à l’épreuve de la gestion gouvernementale. Wade-fils est même devenu une sorte de Jean Pierre Raffarin tropical. Beaucoup de communication, mais très peu de réalisation. Sanglé dans ses beaux  costumes taillés sur mesure, il a fait de la séduction au Parlement  autour de son fameux plan « Takkal ». Sur le terrain, le discours n’est pas encore suivi d’effets. Les mêmes problèmes de combustible continuent à se poser. Des centrales sont aux arrêts et les délestages se succèdent. Mais l’impuissance  de Karim Wade se lit à l’échelle d’un autre de ses plans. Qui se souvient encore du fameux plan Zéro nid-de-poule ? Il avait été lancé en grande pompe, en technicolor et en mondovision. Un an après, les nids-de-poule continuent de faire  des pieds de nez aux contribuables sénégalais. En banlieue, les trous sur la chaussé ont des circonférences olympiques. Au début était le verbe facile. A l’arrivée, il y a l’échec prévisible. C’est dans la difficulté qu’on reconnait le talent.
Auteur: Aliou Ndiaye
Publié le: Lundi 23 Mai 2011

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