Depuis quelques semaines, un nom circule avec insistance dans les sphères diplomatiques : celui de Macky Sall, ancien président du Sénégal, évoqué comme candidat potentiel au poste de Secrétaire général des Nations unies en 2026. À première vue, l’idée intrigue autant qu’elle interroge. Elle renvoie à une trajectoire politique singulière, marquée par une forte présence sur la scène africaine et internationale, mais aussi par une fin de mandat agitée sur le plan national.
Ce sont des groupes d’influence panafricains comme Africa Worldwide Group qui portent cette hypothèse, mettant en avant la nécessité d’un profil africain au sommet de l’ONU. Macky Sall, fort de son expérience à la tête de l’Union africaine, de sa participation aux grandes négociations internationales et de ses réseaux tissés au fil des ans, incarnerait, selon eux, un choix crédible et rassembleur. Dans un contexte où les institutions multilatérales cherchent à se réinventer, la perspective d’un leadership africain prend sens.
Mais si cette ambition semble se dessiner à l’échelle globale, elle suscite, au Sénégal, des réactions contrastées. Certains y voient une reconnaissance du rayonnement diplomatique acquis au fil de deux mandats. D’autres soulignent que le moment est délicat, tant le souvenir des derniers mois de sa présidence reste vivace. Le report de l’élection présidentielle, en février 2024, et les tensions politiques qui ont suivi ont laissé une empreinte durable dans le débat public. Le pays vit aujourd’hui une transition marquée par de nouveaux visages, de nouvelles attentes, et un rapport plus critique à l’héritage récent du pouvoir.
Dans ce contexte, le retour de Macky Sall dans l’actualité par le biais d’une possible candidature internationale ne peut être neutre. Il pose une question de fond : celle de la place des anciens chefs d’État dans les grandes institutions mondiales. Le multilatéralisme, pour fonctionner, s’appuie sur la crédibilité, l’écoute et la capacité à rassembler au-delà des frontières. Il exige une certaine forme de continuité entre les valeurs portées et les parcours personnels. Ce décalage, ou cette correspondance, est précisément ce qui alimente les réactions contrastées autour du nom de Macky Sall.
D’un point de vue plus large, cette hypothèse ouvre aussi un débat sur la représentation du continent africain dans les instances internationales. L’idée d’un Secrétaire général issu d’Afrique suscite des espoirs anciens, souvent déçus, dans la quête d’un meilleur équilibre mondial. Encore faut-il que cette candidature, si elle se confirme, fasse consensus. Or, c’est peut-être là que réside l’enjeu principal : non dans la légitimité formelle d’un homme d’expérience, mais dans la capacité à fédérer autour d’un parcours, d’un style et d’une vision.
Macky Sall n’a pas encore exprimé publiquement ses intentions. Mais en prêtant son nom à cette possibilité, il réapparaît sur un terrain où les règles sont différentes, mais les mémoires, elles, restent longues. Son parcours, comme celui de tout ancien président, appartient désormais à l’histoire politique du pays. Qu’il puisse, demain, incarner un projet à l’échelle mondiale dépendra non seulement de ses soutiens institutionnels, mais aussi de la façon dont son image évolue, ici comme ailleurs.
Dans un monde en mutation, où les figures publiques sont constamment réévaluées à l’aune de leurs choix passés et présents, cette perspective agit à la fois comme une projection et comme un miroir. Elle interroge ce que l’on attend aujourd’hui d’un leadership mondial, et ce que l’on retient du pouvoir, une fois les projecteurs nationaux éteints.
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