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[ Contribution ] Arrêtons le massacre pendant qu’il est temps

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[ Contribution ] Arrêtons le massacre pendant qu’il est temps

« Tout bon citoyen a non seulement le droit, mais encore est obligé, de publier ce qu'il croit utile au bonheur de ses semblables. »  [Baron d’Holbach]  Extrait d’ Examen des prophéties

La recrudescence des attaques « des rebelles du MFDC » contre les populations singulièrement civiles, pose problème et doit faire réfléchir tout le peuple sénégalais mais, tout particulièrement les hommes politiques qui ont l’ambition de diriger notre pays. Ce qui se passe en Casamance est inadmissible, sous quelque angle, que l’on puisse se trouver et si nous désirons seulement et véritablement, une paix juste, définitive et durable dans cette région Sud du pays. 

     Le MFDC, cette organisation sans tête ou plutôt aux mille têtes, doit être pris pour ce qu’il est, c’est-à-dire un ennemi masqué, et qu’il soit combattu tel qu’il se présente à nous chaque fois. C’est un mouvement dont la direction  politique visible ou celle en tout cas supposée, qui est en face de nous, est impuissante et n’a aucun pouvoir d’influence et moins encore de décision sur les branches ou les bandes armées. Son chef utilise le double langage et le langage codé, autrement  dit, la technique de la guérilla à savoir : semer toujours l’ennemi pour mieux lui porter des coups décisifs et spectaculaires donc, le démoraliser et le ridiculiser. 

     La naïveté du Gouvernement Sénégalais sortant est déconcertante, elle frise même l’enfantillage voire, l’incapacité. Comment un Etat républicain,  respectueux de ses propres lois, peut-il accepter de négocier avec un mouvement qu’il  qualifie lui même d’illégal et de rebelle, parce que créé en marge des lois de la République ? De surcroît, celui-ci se rebelle en prenant les armes contre l’autorité centrale et même contre les populations civiles, pour réclamer l’indépendance d’une région du pays. L’expérience et la pratique accumulées dans les rapports avec le MFDC, depuis le début du conflit, devraient nous édifier et nous conduire à une conclusion maintenant et une bonne fois pour toute, sur le respect et la valeur des accords signés d’une part, et d’autre part, sur la valeur de la parole donnée et la crédibilité de leurs dirigeants. Les accords de Cacheu comme ceux de Banjul I, II, III et IV sont demeurés stériles ou lettres mortes. Les déclarations énigmatiques de son  chef historique Labé Diamacoune Senghor, en disent long et devraient convaincre maintenant tous les septiques de notre pays, de se départir de tout optimisme béat. Pour le Secrétaire Général du MFDC « la seule vérité, la seule justice ou la seule raison qui vaillent, c’est l’indépendance de la Casamance, un point c’est tout ». Alors que dans notre Constitution, il est clairement stipulé que, le Sénégal est un  et indivisible. Donc, l’indépendance d’aucune région n’est négociable et n’est même pas envisageable dans aucun cas de figure. Et, quoi qu’il en soit, l’intégrité de notre territoire doit être intouchable dans ses limites actuelles et présentement.  

     Aujourd’hui, le pouvoir a changé de mains, mais les mêmes raisons demeurent aujourd’hui, plus que jamais. Il doit être exclu dans l’esprit de qui que ce soit, et pour quelque raison que ce soit, de marchander l’intégrité du territoire. Les nouvelles autorités qui manifestent une ferme volonté de trouver une solution au problème casamançais doivent bien mesurer, les limites de leurs responsabilités, qu’elles sachent que le peuple sénégalais n’acceptera pas la paix à n’importe quel prix. Déjà, le Secrétaire Général du MFDC a annoncé la couleur dans la mesure où, il considère l’ancien régime et le nouveau, comme bonnet blanc et blanc bonnet. Par ailleurs, tout le monde est témoin, que la branche armée du MFDC, n’a jamais été liée par un accord de cessez le feu quelconque, la preuve, ses attaques armées et autres pillages se sont accrus dans la période. Par conséquent, il est urgent et prioritaire de prendre toutes les dispositions utiles et nécessaires pour arrêter le massacre et protéger les populations civiles et militaires. Ceci est du ressort exclusif du Gouvernement de la République, toute autre attitude est considérée à mes yeux, comme de la démission, de la faiblesse, voire de la complicité avec ceux qui veulent saper l’unicité et la cohésion nationales. Que les démagogues et autres rêveurs, complices inconscients et sympathisants du MFDC, qui sont tapis dans le Gouvernement s’abstiennent de faire le double jeu. Ceux qui vivent de ce conflit aussi doivent être démasqués et châtiés comme des ennemis de notre peuple. 

     Le MFDC a déjà ridiculisé suffisamment notre vaillante armée nationale et même continue encore de le faire, par la faute du Gouvernement d’alors qui l’avait paralysée, et celui d’aujourd’hui, en lui refusant les pleins pouvoirs et les moyens adéquats pour la défense des populations civiles innocentes et militaires, ainsi que la défense des frontières de la région Sud. Le MFDC se joue royalement du pouvoir en place, avec la complicité par moment, des Etats limitrophes, impliqués dans le processus de paix. Tout en étant garants des accords, ces Etats en question livrent parfois leur territoire pour ne pas dire, à chaque fois que de besoin, comme refuge ou arrière garde aux rebelles et autres bandits coupeurs de route. Les observateurs avertis et de bonne foi ont dû noter, qu’à chaque fois que le MFDC se trouvait devant des difficultés de tous ordres, procédait toujours, pour s’en sortir, à un appel par personne interposée, pour solliciter des discussions, voire des négociations sans lendemain. En vérité, c’est pour trouver le temps de se réorganiser, de trouver des moyens : armes, argent, nourriture,  médicaments et aussi, pour aplanir les divergences entre factions, qui ne sont d’ailleurs qu’apparentes au fond entre les différents groupes difficilement, identifiables. 

     C’est quand même curieux cette impuissance du Pouvoir en place à juguler cette guerre, pour une armée de métier reconnue sur le plan international et qui est citée plus d’une fois, dans les théâtres d’opération de l’ O N U. Nous subissons quotidiennement les assauts répétés des rebelles, elles prennent l’initiative de frapper sur des victimes innocentes, quand elles veulent et là où elles veulent sans riposte à la hauteur. Pendant ce temps, nous nous résignons à ramasser nos morts, à les enterrer ou à penser nos blessés. On ne se préoccupe jamais, à situer les responsabilités des attaques, à riposter énergiquement, pour y mettre fin définitivement. Le gouvernement passe toujours l’éponge sur les exactions des rebelles et comptabilise nos morts en Pertes et Profits. Un encouragement presque par impunité ! 

     A l’issue de Banjul IV, il paraîtrait que, parmi leurs exigences entre autres, on pouvait  noter : «  l’intégration d’Atika, la branche armée du MFDC dans l‘armée nationale, le retrait des forces armées de la Casamance jusqu’au niveau, où elles étaient en 1979, la libération des prisonniers, l’approvisionnement en matériel de tout genre et autres financements non dénommés etc.» Tout ceci contre quoi ? apparemment contre un cessez le feu. Mais tout le monde sait que, de cessez le feu, il n’y a jamais eu, ni avant ni pendant les négociations moins encore aujourd’hui, parce que jusqu’à ce jour, les armes continuent de tonner au cœur de Ziguinchor, à ses environs (Boutoute, Nyassia etc.) et dans toute la région. 

     A ce jour combien de blessés ont été évacués sur l’Hopital Principal ? Nul ne le saura jamais, parce que notre Gouvernement excelle dans l’art de camoufler la vérité à son peuple. De telles exigences sont inacceptables pour tout Etat qui se respecte et pour tout homme digne d’assumer des responsabilités dans un Etat, doué de raison tant soit peu. A la limite, c’est de la provocation pure et simple de Labé Diamacoune à l’endroit de l’armée nationale, du Gouvernement et au delà du peuple sénégalais. Toutefois, je me réjoui de l’attitude du Professeur Madior Diouf car, parmi eux tous, il est le seul, à avoir une position de principe nette, claire, sans équivoque et invariable, sur la question casamançaise. 

       Je me pose d’ailleurs, comme beaucoup d’entre nous, la question de savoir : Est-ce que le pouvoir sait-il négocier ? Si toutefois, par mégarde, par démagogie ou pour une autre raison quelconque, on accédait à la demande ci-dessus du MFDC, on commettrait une erreur historique monumentale et grave de conséquence. Ce serait une aubaine offerte au MFDC pour se réarmer militairement, déstabiliser l’armée nationale, se venger sur les populations civiles qui lui ont résisté hier et enfin proclamer tout bonnement l’indépendance de la région sud. 

     Chers compatriotes, le bilan en termes de perte en vies humaines et en matériel  occasionnés par la guerre en Casamance, ne sera jamais fait par le gouvernement du Sénégal. Ou bien, si c’est le cas, il n’osera jamais, officiellement en publier le résultat exhaustif. De grâce arrêtons le massacre avant qu’il ne soit trop tard. 

PS :

     Cet article publié en 2001, est plus  que d’actualité en ce mois d’octobre 2009. Le pouvoir de Me Wade s’est montré encore, plus irresponsable et incapable, que celui des socialistes, pour ce qui concerne le conflit  en  Casamance. Me Wade prétendait pouvoir régler ce conflit en 100 jours seulement, cela fait 9 ans aujourd’hui et, la situation non seulement n’a pas trouvé de solution, mais, elle s’est empirée davantage. 

     Je réitère avec force mes propos de 2001 et demande instamment à ce que l’Etat prenne entièrement ses responsabilités, de concert avec l’armée nationale, en déployant les forces nécessaires et en nombre suffisant, dans toutes les zones concernées par le conflit, afin de sécuriser toutes les populations civiles et militaires, car aucune vie ne vaut plus que l’autre. Par conséquent, tuer son prochain, gratuitement, n’est permis à personne et aucune cause ne peut le justifier. Historiquement, les causes justes et nobles, parmi lesquelles, celles révolutionnaire et de progrès sont incompatibles avec l’injustice en général. Et à notre connaissance, le MFDC n’a jamais condamné ou même dénoncé officiellement, ces actes de banditisme, de brigandage et criminels. C’est pourquoi L’armée devra riposter à la dimension de toute attaque, d’où qu’elle vienne, pour que le Sénégal reste et demeure à jamais un pays indivisible et une nation à composantes diversifiées, dans la paix et la sécurité de tous ses enfants. 

                                         Mandiaye Gaye

                                   [email protected]  



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