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[ Contribution ] CINQUANTENAIRE, CONSTRUCTION NATIONALE ET ETATS UNIS D’AFRIQUE

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[ Contribution ] CINQUANTENAIRE, CONSTRUCTION NATIONALE ET ETATS UNIS D’AFRIQUE

Au moment où le SENEGAL s’apprête à célébrer les cinquante ans de son accession à l’indépendance une analyse s’impose à nous. Même s’il ne s’agira pas, Ici, de faire un bilan on pourra essayer d’explorer des pistes qui nous mèneraient  à un renforcement d’efficacité et à une rectification. Car, aujourd’hui, dans notre pays, un problème demeure : l’emploi des ressources publiques et la résolution des besoins. Constituants essentiels de la demande sociale. La rectification souhaitée reste, dans l’esprit du grand nombre, une rigueur qui aiderait à réduire les obstacles qui empêchent son épanouissement. Certains obstacles persistent depuis 1960 et ne cessent, encore, de générer des effets difficiles à réprimer. Parce que la cause continue d’exister. Il est temps, avant de continuer, de marquer, en 2010, une pause pour, enfin, évaluer la marche, tester la démarche et étudier le parcours.

Cette pause s’impose devant l’acuité avec laquelle se présente l’état de non développement et l’aliénation du futur qui ne cesse de décimer, socialement, le peuple du SENEGAL pourtant très patriote. Et non  passif. L’indépendance aura permis de changer par rapport à la méthode .La démocratisation aura contribué, également, à réduire le niveau des écarts sociaux. L’alternance, à son tour, à la réalisation de la fin du cycle de la décolonisation à essence institutionnelle.

Maintenant, l’Etat du SENEGAL devrait refuser de naviguer sans boussole et combattre, avec rigueur, l’improvisation, l’impréparation et le laxisme. Pour que puisse s’amorcer un développement à hauteur d’homme. Où, subséquemment, le citoyen pourrait échapper à certaines agressions de nature à façonner son étranglement.

Ce second appel, après celui consacré aux conflits d’intérêt, s’adresse aux hautes autorités afin que le cinquantenaire soit, au-delà du rituel, un moment consacré à une introspection collective. Au terme de laquelle la rectification attendue pourra, alors, être possible. La potentialisation de l’impasse sera, en ce  moment, réduite à sa plus simple expression. Il est permis, maintenant, de s’interroger, avec environ 12millions d’habitants, sur notre politique pour pouvoir offrir à chaque citoyen un minimum de ressources afin qu’il ne soit ni victime, ni esclave de la précarité. Sans conteste le cadre pour s’émanciper et s’épanouir existe. Par contre, s’ajuster pour vivre demain reste moins évident devant l’escalade de la pauvreté et la rareté des moyens. Rareté de moyens caractérisée par l’accentuation des besoins, l’intensification de la pression démographique, la persistance du chômage de masse, l’absence de perspectives sociales. Dans un pays où l’âge du célibat culmine vers cinquante ans. Où l’improbabilité de créer des richesses nationales reste, de jour en jour, évidente. Autant de raisons pour que l’Etat revoie sa politique et révise ses approches.

Convenons, ensemble, que l’urgence n’est plus à démontrer. D’autant que la mise en action de solutions interpelle l’Etat. Devant la nécessité de sortir de l’impasse dans laquelle la non croissance nous installe depuis vingt ans. La population souhaite que le cinquantenaire soit l’occasion de revoir la démarche pour que l’Afrique, comme le prévoyait le colonisateur, ne soit l’avenir de l’Europe.

Aucun alarmisme, nul nihilisme ne guident cette approche ou ne la sous-tendent. Mais il est temps de s’interroger sur les moyens qui pourraient nous permettre de passer de la colonie d’hier à un Etat nouveau après cinquante ans de République. Parce que les colonies ayant, par exemple, appartenu à l’ancienne A.O.F devraient s’interroger sur l’itinéraire à suivre pour bâtir, au cours des prochaines années, une économie bien en mesure d’assurer un minimum social à chaque citoyen de leurs pays respectifs.

Certains estiment que le désordre demeure le choix stratégique pour pratiquer notre gouvernance et sa méthode. La turbulence et l’immobilisme n’ont épargné, sans nuance, aucun des pays constituant l’ex A.O.F. Et leurs populations évoluent, selon toute vraisemblance, vers un futur gouverné par des incertitudes. L’euphorie, voire, le délire généré par les indépendances n’ont point réduit le pessimisme social. Or, les citoyens estimaient, dur comme fer, que les ruptures amorcées avec la Loi Cadre installeraient espoir et espérance.

Mais la paupérisation et ses corollaires immenses, la concussion et la corruption en l’occurrence, ont tué tous les rêves et installé le désespoir. Désespoir confirmé par une accentuation du niveau de la précarité sociale bâtie essentiellement sur une absence de rigueur et un règne sans partage de l’impunité.

Comment admettre, dans nos Etats francophones, l’absence notoire d’une ligne de fermeté et le diktat du népotisme ? Il est utile, en cette année où beaucoup de Nations en Afrique francophone célèbrent les cinquante années de leur accession à l’indépendance, d’analyser la nature de leur rapport avec la France. Cette analyse arrive, à notre sens, à point nommé pour confirmer Victor Hugo qui dans Discours sur l’Afrique la « considérait  comme un univers ignoré et barbare auquel l’Europe, si elle voulait devenir un Nouveau Monde, se devait d’apporter la civilisation.» C’était le 18 mai 1879 au cours d’un banquet célébrant l’abolition de l’esclavage.

La même analyse aide, aussi, à interpeller l’élite africaine sur le devenir du continent. Pour prouver la non pertinence de la vision d’Hugo qui stipulait de façon héroïque  que l’Afrique est l’avenir de l’Europe. Peut-être! Mais cinquante années d’exercice d’une souveraineté nous aident-elles à démontrer le contraire ?

Turbulence, agitation et conflictualité constituent le premier solde qui se dégage du bilan en attendant de nous avancer dans une approche très fine de la gestion de notre souveraineté.

Une étude analytique ou même certains faits simples contribuent à identifier les avantages et les pures pertes enregistrés pendant l’exploitation de la souveraineté, après cinquante années d’indépendance. Il ne faudrait, peut-être, pas recourir, après cinquante années d’exercice du pouvoir d’Etat, à un procès genre Nuremberg. Mais souhaiter une évaluation, une critique et une autocritique pour éviter une déconfiture méthodique de l’Etat et de la République.

L’indépendance en 1960, l’Alternance en 2000, cinquante années de marche, de démarche et de parcours exigent, avant d’inaugurer une étape, circonspection et introspection collectives. Afin de nous préserver d’une aventure ambigüe en empruntant, malheureusement, une voie sans issue. La nouvelle intelligence collective est une solution. Pourquoi ne pas l’utiliser ?

Alors, l’impasse guette-t-elle la population du SENEGAL ?

Non, parce que notre fondamental moral prohibe le recours à la violence et notre dignité  ne souffre, en retour, la soumission ou la dépendance. Le pouvoirisme semble, sauf erreur, devenir le système de pertinence des acteurs politiques. Mais, attention, la passivité n’est point sénégalaise. Cependant notre peuple est plus persévérant que patient. Que personne ne s’y trompe.

Nous appelons l’attention de Monsieur le Président de la République du SENEGAL sur le fait que le panafricanisme commençait à prospérer par l’approche NEPAD, la mutation de l’OUA en Union Africaine et la volonté affirmée et maintenue de promouvoir les Etats Unis d’AFRIQUE. Par le biais d’un fédéralisme viable. L’attention des populations du SENEGAL mérite d’être appelée devant la renaissance du désordre politique qui semble, sauf erreur, érigé en règle de gouvernance.

Notre inquiétude, mieux, nos angoisses proviennent du fait que le SENEGAL baigne dans un ordre politique où la motivation pouvoiriste devient prépondérante. Et toutes les tactiques ne visent, principalement, que l’accès au pouvoir ou sa conservation. Boycott des élections, tenue d’Assises, culte de la stigmatisation et verrouillage du pouvoir sont le point commun de tous les appareils politiques. Au lieu de proposer des approches prenant en compte, à court et à moyen termes, les préoccupations des populations.

Cette forte tendance en politique politicienne détourne tous les acteurs sociaux des lignes programmatiques ou des fondamentaux politiques. Rendant, malheureusement, impossible le respect des règles du jeu démocratique. Le pouvoir et le contre pouvoir n’intègrent plus la gravité de la situation socio économique  caractérisée, particulièrement, par le manque pathologique de revenus et de perspectives qui sévit, par exemple, en milieu urbain et dans les banlieues. Par ailleurs, l’inexistence de solutions pour corriger les effets négatifs générés par la faiblesse du social (victime grave, impuissante et terrifiée de la précarité) est dramatique.

Le cinquantenaire reste, selon l’opinion, une occasion privilégiée pour engager un dialogue à grande échelle. Pour, d’abord, conscientiser les acteurs sociaux sur la nécessité de rectifier la démarche en se consacrant, avec abnégation, à la construction nationale. Il serait, ensuite, intéressant de reconsidérer la substance de notre ordonnancement institutionnel et de l’adapter à nos facultés financières. Le financement supporté par notre budget serait-il conforme à nos ressources et à nos priorités qui devraient, plus, privilégier la création de richesses et de revenus ? Les dépenses publiques gagneraient à hâter l’accès à un niveau social décent pour prémunir le citoyen contre sa dégradation et sa dévalorisation.

 
 

Wagane FAYE

Professeur d’Anglais

Coordonnateur des Cadres du F.A.P

Vice Président de la Commission des Cadres et Experts de la CAP21

E-mail : [email protected]



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