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Cleptocratie ou le Déclin du Sénégalocentrisme

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Cleptocratie ou le Déclin du Sénégalocentrisme

Les activités socio-politiques qui dominent le pays, bien qu’ayant coïncidé avec notre grand échec  à la coupe d’Afrique des Nations, ont un lien intrinsèque avec la nature de notre état psychologique. Quelque part dans l’enchevêtrement des maisons qui se forment dans notre pays, se trouvent des familles qui, chaque fois qu’un arbitre siffle le premier coup d’envoi du match de nos lions dans une coupe d’Afrique, laissent couler une larme se remémorant un être cher disparu en 2002. La cause :crise cardiaque au premier but marqué contre la France. Mort subite due à une excitation, une joie intense que seule l’inexplicable fierté d’être Sénégalais ne sait soulever. Quelque part dans ma mémoire s’éveille l’image d’un ancien gardien de but du Sénégal qui s’enfermait dans sa chambre et se recroquevillait sur son mutisme chaque fois qu’une balle avait pénétré son camp et qu’il n’avait su défendre l’honneur de sa Nation  malgré les millions d’espoirs qui se reposaient sur ses flancs. Au coin de mon œil, passent les milliers de jeunes qui refusaient le repas du soir et versaient des larmes de désolation chaque fois que notre équipe avait perdu un coup important. Alors le lendemain, revigorés et passionnés, ils courraient supporter un autre match fort de spéculations et de suggestions pour une prochaine victoire. Cette année,  le Sénégalais s’est doté d’un autre visage, d’ un nouvel élan, d’une étrange face qui le rend amorphe, vidé, un visage différent de celui qui faisait de lui le véritable Gaïndé du continent .

 

Le Sénégal, pays des mille et une nuits

 

Sénégal , pays de la Téranga, de l’accueil chaleureux, des belles plages, des femmes aussi belles que les filaos, des discothèques et de la gastronomie . Sénégal , pays du dynamisme, de la polyvalence et de l’ouverture mais surtout de l’assimilation.  Où est passée la fougue du Sénégalais ? Par où nous est passé notre humanisme, notre joie de vivre, notre hargne à se supporter et à s’épauler ?

 

Touche Pas A Mon Institution!

 

L’hôpital Aristide Le Dantec , l’Université Cheikh Anta Diop , l’île de Gorée, le Lycée Lamine Guèye, Charles Thiororé de Saint Louis, le Théâtre Daniel Sorano, voilà les institutions incontournables qui ont fait briller le Sénégal à travers l’Afrique, ralliant d’infinis étudiants et patients sur notre pays qui a su se faire distinguer au fil des ans.  Par contre nos institutions ne sont pas seulement des buildings . Nos institutions sont également des individus qui de par leurs œuvres, représentent le Sénégalais où qu’il puisse se retrouver . Sciences : pensons Cheikh Anta Diop ; lettres , évoquons Mariama Ba et Léopold Sédar Senghor; Philosophie, laissons Souleymane Bachir Diagne faire son entrée ; Cinématographie : et voilà l’homme à la pipe, Sembène Ousmane. Peut-être à ce sujet ceux qui nous représentent le plus communément et le plus ouvertement à travers le monde sont Youssou Ndour pour sa pertinence et son charisme et Baaba Maal pour son authenticité, puis l’Orchestra Baobab pour leurs facettes multiples ainsi que nos sportifs à savoir l’équipe des lions. Ces honorables personnalités, qu’importe ce que nous pouvons leur reprocher, que l’on aime leur travail ou pas, que l’on soit d’accord avec leur philosophie ou pas, que l’on s’identifie à eux ou pas , nous leur devons respect, humilité et reconnaissance. Car ils sont devenus une institution, ils représentent notre « Sénégaléité » ou « Sénégalisme », appelez cela comme vous voulez . Devrai-je même citer ici Abdou Diouf qui, comme une cuillerée à café de sucre dans une sauce à tendance trop salée donne à la concoction un goût de professionnalisme qui a presque frôlé la catastrophe, a su dire au revoir au moment opportun .Or chaque fois que nous tournons le dos à ces figures, chaque fois que nous nous moquons d’eux ou cherchons à les ridiculiser, nous ne faisons que nous ridiculiser nous-mêmes, comme une enfant qui se fait des grimaces devant le miroir ignorant que l’autre en face c’est bien lui. 

 

Le Déclin du Sénégalocentrisme

 

Or il semble que ces derniers temps nous faisons face à une chute grave de notre « Sénégalocentrisme ». Le Sénégalocentrisme pour ceux qui  n’ont pas saisi la nuance , c’est la tendance que le Sénégalais a toujours eue de croire fermement qu’il était le nombril de l’Afrique.  Non pas que cela soit négatif tant que ça ; il n’y a rien de bien mauvais à se doter d’un « self-esteem » incroyable à condition que cela ne soit du nombrilisme.  L’on ne saurait dire par où cela a commencé : peut-être avec  l’avènement de l’internet qui donne une brèche vers les autres portes du monde et qui a fait découvrir au Sénégalais comme avant que Christophe Colombe ne découvre l’Amérique que des peuples humains « civilisés » vivaient encore sur cette terre :

 

Que la femme Nigériane sait confectionner des mouchoirs de tête aussi élaborés et fastidieux que les Signares ;

 

Que le « Bourakhé » est bien plus juteux que son confrère jumeau « Mafé » que l’on aurait probablement kidnappé des Maliens ;

 

Que le « Clichi » du Niger peut être d’une concurrence dangereuse au Dibi braisé ;

 

Que le fonio du Burkina est plus nourrissant que le couscous du Sine ; et que d’ailleurs Cocody est même plus doux que Sally Portudal.

 

Pire encore, comme réveillés d’un seau d’eau fraiche de puits, ils se sont rendus compte qu’il est possible qu’ils soient lotis parmi les pires joueurs de  football du continent, en tout cas pas mieux que la Zambie et la Guinée Equatoriale dont les représentants non plus n’ont jamais été mis au dos avec des résidus de journaux non lus.  Bref le Sénégalais enfin réveillé de son « centrisme » se débarrasse de son envoutant égo qui jusque-là lui aura enfin fait ouvrir les yeux , lui faisant comprendre une fois pour toute que dans d’autres pays d’Afrique les gens sont aussi ,sinon plus « civilisés » (redéfinissons ce mot) et organisés que nous. Là-bàs au-delà de l’équateur il y a quelque chose qui s’appelle « ambition » qui non seulement se prêche mais se pratique. Mais surtout, la vérité s’est enfin métastasée dans nos « cabessa » qu’une fine ligne nous sépare des pays qui ont été trempés de sang de révolution et de dictatoriat. 

 

 

Cleptocratie

 

L’on ne saurait dire par où  cela a commencé, par la propagande de l’internet ou par cette colère qui s’est infiltrée dans nos cœurs jour après jour,  mais quelque part entre 2002 et 2012, notre Sénégalocentrisme a vu un shift inconsidérable, une mutation qui fait s’égoutter  le drame : Incompréhensible pourquoi les journalistes se moquaient des lions à la télé; incroyable pourquoi personne n’est allé en masse les recevoir à l’aéroport ; inacceptable que nous ayons passé notre temps à les singer. Pourquoi leur  victoire aurait été la nôtre, celle d’à nous tous , mais que la défaite est seule la leur. Nous la leur avons laissée comme l’on se débarrasse d’une couche trop imbibée, comme on appelle avec gravité la mère d’un bébé diarrhéique pour la sommer de nettoyer son rejeton . Notre fougue nous a quittés , notre passion et dignité de l’être se pavanant avec. Montesquieu le disait bien, qu’il n’y a pas de République sans vertu, or nos vertus se dégoulinent comme de l’huile. La Cleptocratie de notre Sénégalocentrisme, c’est notre force et notre engagement qui nous ont été volés, brigués, contre-bandés. Seulement la question est non seulement celle de savoir comment nous avons pu laisser cela nous arriver mais également et surtout qui nous a fait cela ? Serions-nous la cause pour avoir accepté la vertu s’échapper de notre quotidien ?

 

Je peux seulement vous dire une chose : avez-vous imaginé les lions gagner la coupe d’Afrique cette année ? D’abord nous serions trop préoccupés par les festivités qui auraient pris le dessus de la priorité actuelle , les élections en l’occurrence. Mais également cette victoire aurait fait distiller les objectifs principaux de notre peuple. Comme une perruque que l’on jette avec vitesse et volonté sur une tête dotée de nattes archaïques fatiguées, empoussiérées pour aller répondre à une visite surprise. Revenus de notre déballe, nous nous rendrions alors compte qu’il n’y a plus assez de temps pour se détresser, laver ses cheveux à grande eau et se faire belle pour un rendez-vous important .

 

Enfin … Je peux seulement dire que coupe ou pas coupe, élections gagnées ou perdues chacun selon son choix de candidat, au matin du 27 Février 2012, il nous faudra tous nous munir d’un balai pour rassembler les verres cassés de la tasse de notre Sénégalocentrisme. En ramassant les valeurs qui faisaient de nous les Sénégalais que nous avons toujours été si fiers de crier à haute voix, chantons le « gniali bagnna »  de nos ancêtres. Rappelons-nous bien que nos mères nous ont portés sur leurs dos, sous le chaux soleil nous attachant avec le « mbotou » de fouleu  et de Gor . Cela est primordial pour battir un Sénégal de paix et d’unité ; car le développement durable , tel est notre objectif. Or sans paix nous ne saurons l’atteindre. 

 

Woré Ndiaye Kandji

 

Auteure « Nous Sommes Coupables »

 

Editions Phoenix 



11 Commentaires

  1. Auteur

    Petifils De Birima Mayacine Fa

    En Février, 2012 (06:12 AM)




    Pour toi, Ô Sénégal,

    Pays de lumière,

    Nous sommes comme les grands palmiers verts,

    Nos anciens depuis leurs tendresses noires,

    Ont tracé droit le chemin,

    Et forgé notre destin.



    Tel Lat Dior Ngoné Latyr,

    Tendant nos jeunes cœurs vers ton soleil,

    Oui, s’il le fallait

    Demain nous offririons notre souffle

    Pour te défendre, Ô notre patrie !





    Pour toi, Ô Sénégal,

    Pour toi notre pays,

    Sommes toujours unis dans l’action,

    Dans les champs tout comme dans les usines,

    A la ville et au village,

    Nous travaillons dans la joie

    Pour que vive le Sénégal !





    Nous disons non ! Ngoné Latyr(bis)

    Nous disons non ! A la peur qui fait fuir.

    Nous disons oui ! Ngoné Latyr(bis)

    Nous disons oui ! A l’appel de l’honneur.



  2. Auteur

    Senegalais67

    En Février, 2012 (06:15 AM)
    Tres bonne contribution.Dans certains passages c'est comme si vous parliez de moi.

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    Auteur

    Farida

    En Février, 2012 (06:24 AM)
    Bravo, voilà le discours d'une personne qui aime son pays et les siens... Salam
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    Auteur

    Amy

    En Février, 2012 (07:28 AM)
    J'ai toujours dénoncé le Sénégalocentrisme comme tu dis ainsi que l'ignorance de certaines personnes.
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    Auteur

    Qui Sommes Nous ?

    En Février, 2012 (10:22 AM)
    Les sénégalais redeviendront ceux qu'ils étaient lorsqu'ils acepteront de revenir à afrocentrisme proné par Pr cheikh anta Diop. Qu'ils écoutent aussi les conseils avisés des saltigués plutôt que les 2STV et RTS relais du marketing occidental. Pourquoi le sénégalais ne veut plus ressembler à un africain ? il veut être mondialisé, Américain en déclin, européen en déclin violent. Nous y sommes maintenant dans la violence et oui derrière le développement matériel inégal, il y a la frustration, la comparaison, tout ce que nos ancêtres avaient combattu. Les nouvelles générations de sénégalais devraient faire un travail d'africanisation au même titre que les Afros descendants. Jusqu'à aujourd'hui l'exception sénégalaise tirait son origine dans le fait que les sénégallais étaient devenus des sénégaullois plus proche d'une mentalité antillaise créole, qu'africaine. Gardons de l'occident la chirurgie, la science et l'art de la guerre défensive et developpons l'esprit social Africain
    Auteur

    Alerte

    En Février, 2012 (14:09 PM)
    La prochaine fois que le M23 sortira, que chaque leader de parti, société civile, que chaque jeune apporte son matelas, sa natte, sa tente de camping, son sac de couchage. Nous occuperons la place de l'obélisque jusqu'à ce que Wade quitte le palais et s'enfui comme un rat. Que personne ne rentre chez lui. Y a pas 2 solutions. Manifestons sans répit et dans la paix mais si on nous provoque résistons et restons sur place. C'est la seule stratégie pour avoir gain de cause. Les manifestations espacées ne sont pas payantes.
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    Auteur

    Jojo

    En Février, 2012 (15:21 PM)
    j ai remarque qu il y a des gens qui ne FONT LEUR CONTRIBUTION QUE PAR LA DIVISION DES ETHNIES AU SENEGAL, JE NE SAIS PAS S ILS sont SENEGALAIS OU PAS . MAIS ATTENTION..........ON A VUE LE RWANDA, ENTRE LES OUTTOUS CONTRE LES TOUTSIES. HALPOULARE ;SERERES, WOLOF,DIOLA,MANJACK,MAURE ECT........SOMMES TOUS AFRICAINS et SENEGALAIS. RESPECT
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    Auteur

    Commence

    En Février, 2012 (15:56 PM)
    Par enlever ta perruque de cochons ou ton greffage !!! n'ga melni JINEEH COTIWAR.....complexee..tu commences a nous les mettre...FISSEZ WAAYY..TA PERRUQUE LA TU RESSEMBLES A UNE ESCLAVE AFFRANCHIE DU SUD..VERS LE NORD..GEE!!!!!!!!!!! YOU LOOK STUPID AND DUMMY..WITH YOUR WIG..
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    Auteur

    Raz

    En Février, 2012 (16:05 PM)
    Tres belle contribution du courage tu es en bonne voie inchallahou
    Auteur

    Dof

    En Février, 2012 (18:04 PM)
    Bonne contribution. Analyse très pertinente avec un style clair et limpide! Surtout ne faites pas attention à ces énergumènes qui commentent sans lire l'article ou ayant des difficultés de compréhension. C'est ça le Sénégal aussi! Bravo et bonne continuation
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    Auteur

    Lamezo76

    En Février, 2012 (18:38 PM)
    il est vrai que chekh anta n'a jamais parlé d'afrocentrisme. Il parlait d'afrocentricité i.e l'obligation pour les africains après 1 siècle de colonisation de maîtriser les problématiques liées à la conceptualisation des idées qui leur concernent. or c'est tout le contraire que nous constatons au Sénégal. Un copiage du système occidental (nous descendons tous des gaulois).

    Comparez le mali est le senegal, vous verrez toute la différence.

    Au mali on prône les valeur de wagadou, de l'empire Mandé etc (c'est notre véritable identité), au senegal c'est la culture dakaroise qu'on prône, une copie conforme en termes de valeur de la culture occidental.

    tant que nous ne définirons ce qu'est le sénégalais et l'africain en général, nous ne seront et resterons d’éternel copieurs,
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