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CONTRIBUTION : Politisation de la religion et de l’armée : au secours, le danger arrive !

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CONTRIBUTION : Politisation de la religion et de l’armée : au secours, le danger arrive !

Comme disait Voltaire, «l’ennui c’est quand on dit tout». Ainsi, si on juge l’actualité politique du Sénégal depuis l’avènement de l’alternance, on ne peut qu’acquiescer. Les annonces quotidiennes émanant du pouvoir et qui font la «Une» des journaux confirment la déliquescence profonde de la vie politique sénégalaise. Oubliés les bons résultats de la croissance et de la lutte contre le chômage, les débats publics sur la vie de la nation et notamment dans le cadre des politiques de développement, l’actualité politique se trouve malheureusement dominée par des coups d’annonces entachés de dérapages de discours politiques. Les manipulations vont bon train dans tous les sens et tous les moyens sont bons pour gagner les prochaines élections législatives et présidentielles.

Comment comprendre l’actuel chaos politique vers lequel s’achemine notre République ? Quelle malédiction guette alors notre nation libre et pacifique, ce rare pays africain à avoir réussi son pacte républicain de stabilité ? Peuple sénégalais, l’heure est grave ! Il est bien temps que chaque citoyen, en ce qui le concerne, assume ses responsabilités face à l’histoire, car nous serons tous comptables de ce qui adviendra à la République et à nos descendants. Notre République tombe. Nos valeurs disparaissent. Et nos institutions se banalisent. La solution à la crise n’est pas de se soulever contre qui que ce soit. Mais de faire preuve de clairvoyance pour ne pas céder à toute tentation qui pourrait porter atteinte à notre stabilité.

En effet, si on ne peut refuser les progrès du pouvoir de l’alternance en matière de croissance économique et d'emploi, un constat est toutefois net : Wade a lamentablement échoué sur le plan politique. Jamais, le pays n’a connu autant de tourbillons dans le paysage politique sénégalais et, si le ridicule tuait, il provoquerait sans doute un tsunami au sein de la classe politique, tellement on a tout entendu, tout vu ! Car lorsqu’on rompt le critère d’équité et d’équilibre pour céder au populisme, un seul résultat s’impose : la polémique. A ce titre, les Sénégalais doivent prendre garde à la politique des faux-semblants, car légiférer au gré des circonstances électoralistes peut s’avérer dangereux pour la République.

Le jeu auquel se prête aujourd’hui le régime de Wade pour se maintenir au pouvoir après 2007 pourrait bien mener le pays au bord du chaos. Depuis l’avènement de l’alternance, le pays a connu un tournant politique qui fait la grandeur d’un homme : toutes les lois sont directement décidées par Wade et il ne reste plus qu’à passer à l’étape suivante, à savoir recevoir la convocation de la Dic pour tout opposant qui dit le contraire. Sachant que toute loi proposée par le président passe sans difficulté à l’Assemblée grâce au vote de la majorité présidentielle fidèle à son chef.

En effet, après avoir politisé la religion, c’est au tour de l’armée de rentrer dans cette danse politique : deux bombes à retardement qui exploseront si, on n’y prend garde, sur la figure des Sénégalais.

Certes, dans le monde antique, religion et politique ne se dissociaient pas : les dieux étaient ceux de la Cité, ceux d’un peuple, exceptionnellement un seul Dieu. Le domaine de la religion et de la politique est le même : donner du sens à la vie des hommes, créer un collectif. Pourtant, la modernité paraît vouloir la séparation du religieux et du politique, et la croyance devenant de nos jours une affaire privée. Car par ces interactions constantes entre religion et politique, l’élément religieux, en se mobilisant pour bouleverser l’ordre établi, ne se sépare pas souvent d’autres combats enracinés dans des zones de cœxistence pas toujours harmonieuse ; mieux ces deux éléments complexes semblent même conflictuels de nos jours.

L’entrée en politique de certains «marabouts» et le caractère suspect de certains religieux tapis dans l’ombre, doit, à cet effet, soulever une grande inquiétude quant à l’avenir de la politique sénégalaise, car le hooliganisme politique guette notre nation. L’agression du journaliste de Rfm par des talibés du marabout Cheikh Béthio Thioune n’est qu’un effet d’annonce de ce que l’on pourrait appeler la dérive totalitaire.

Mais le plus inquiétant reste sans doute l’entrée en jeu politique à laquelle le président souhaite convier l’armée. Autoriser le vote de nos loyaux et braves militaires, c’est demander à chacun de nos officiers supérieurs de créer des milices au service de chaque dirigeant politique. L’ordre républicain ne sera-t-il pas là bafoué ? L’armée étant le principal instrument de sécurité de l’Etat, son rôle, loin de l’enfermer dans sa cage en l’excluant de la vie politique nationale, est de prévenir la guerre et maintenir la paix. Elle assure d’emblée la défense du pays et de sa population et apporte ainsi son soutien aux autorités civiles lorsqu’elles doivent faire face à une grave menace pesant sur la sécurité intérieure ou à d’autres situations d’exception. Grosso modo, elle doit jouer le rôle clef d’arbitre. Et qui dit arbitrage, dit impartialité. Certes, d’aucuns prendront sans doute l’exemple de nos pays voisins où les militaires participent au choix de leurs dirigeants politiques, mais en fait, y a-t-il un seul de ces pays qui a échappé au soulèvement de l’armée conduisant à des coup d’état militaires ? Je reste encore intimement pessimiste de la maturité démocratique de nos pays africains qui permette à nos hommes de tenue de s’immiscer dans la vie politique de nos nations, tout en restant fidèles aux principes et valeurs d’une armée républicaine afin d’éviter tout conflit d’intérêt entre les fonctions de représentation du peuple et l’appartenance à un corps au service de la défense de ce même peuple.

Faut-il alors, par pure stratégie politique de barrer la route à l’opposition, renoncer à nos principes républicains ? Ainsi, une question fondamentale en forme de paradoxe s’impose : faut-il aller jusqu’à refuser la démocratie au peuple sénégalais qui la désire tant et qui l’a si longtemps conquise ? Hélas, la politique caricaturale, les Sénégalais n’en veulent plus car, comme l’analysait si bien Diderot, la politique ne saurait se réduire «à un genre de morale particulière et supérieure auquel les principes de la morale ordinaire ne s’accommoderaient qu’avec beaucoup de finesse».

Que le pouvoir de l’alternance ne soit pas surpris des sanctions de vote en 2007, si élections il y a, car les motifs ne manquent pas.

Toumany MENDY - Paris E-mail : [email protected]



1 Commentaires

  1. Auteur

    Lily-dia

    En Décembre, 2010 (14:42 PM)
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