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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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[ Contribution ] DECLARATION DE L’ACAD SUR LES MOUVEMENTS CITOYENS

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[ Contribution ] DECLARATION DE L’ACAD SUR LES MOUVEMENTS CITOYENS

Depuis quelques mois, des forces nouvelles portées par la volonté de faire prévaloir un autre mode de gouvernance, mues par l’ambition de donner un autre cours aux choses, s’agitent, bruyamment, dans le champ politico-social de notre cher pays. Ces forces définissent leurs actions, directement, dans la sphère de la citoyenneté.

Plusieurs, parmi ces mouvements « citoyens » très actifs et très médiatisés, revendiquent une « pureté » morale, intellectuelle, idéologique et même politique pour fonder les actes d’allégeance dont ils doivent être les objets. Ils prétendent à une mobilisation très large dans de nombreux segments de la société pour combattre le régime des Wade. Tous les thèmes sont capturés pour servir de base et de raison à leur propagande : campagnes pour la bonne gouvernance et la transparence dans les affaires de l’Etat, attribution d’une chaîne de télévision (TFM), pétitions pour la reprise des chantiers routiers perdus et, pour certains, réaction contre un limogeage du gouvernement que l’on trouve injuste, en plus du sentiment qu’on jouit d’une dimension qui doit être rétribuée à travers des dithyrambes incessantes.

La convergence de ces campagnes disparates, a modifié négativement le décor du champ citoyen traditionnel, tel qu’on l’a connu jusqu’ici.

De Dakar à Montréal ou Brescia en passant par Paris, Madrid, New York, Washington, Nice, certaines populations sénégalaises innocentes éprouvent beaucoup d’autosatisfaction en entendant ces nouveaux parangons et hérauts d’un idéal surmédiatisé.

Cette propagande se lit dans la pratique et dans les formes de mobilisation orchestrées par des médias alimentaires, plutôt sensibles à leurs bedaines qu’au nationalisme véritable dont l’engagement ne peut être suspecté de se fonder sur des intérêts personnels.

Ce sont les mêmes noms qui reviennent : Cheikh Tidiane Gadio, Youssou Ndour, Bara Tall, Mansour Sy Djamil et compagnie. Ce sont les mêmes slogans qui sont repris jusqu’à saturation. Individus et slogans sortis « magiquement » de leurs coquilles s’érigent en défenseurs hardis et impénitents des sénégalais meurtris par le régime abusif des sopistes.

Voilà les nouveaux « porteurs de nos voix ». Bizarrement, ils se ressemblent tous, par les fondements de leurs motivations. Ils ont, tous, été victimes, d’une façon ou d’une autre, des lubies de leur ancienne idole, patron ou complice : Le Président Abdoulaye WADE. Il n’est pas nécessaire de redire leurs parcours de ces dix dernières années,  ces parcours sont de notoriété publique.

Il est aisé d’accorder leurs : « déclarations patriotiques identiques » dans leurs communications. Leurs ressemblances sont plus visibles dans leur complicité, leur alliance et les personnes qu’ils mobilisent.

Nous saluons, au passage, la prise de conscience citoyenne du peuple sénégalais. Cette prise de conscience illustrée lors des dernières élections municipales de Mars 2009, gagnées par les citoyens abandonnés à eux-mêmes.

Ce phénomène est incontestable. Aucun parti politique ne peut revendiquer, à lui seul, cette victoire qui leur a été offerte par le Peuple sénégalais. Ce réveil citoyen résulte de la rupture du lien de confiance qui unissait le peuple à ses politiciens, au constat, de la situation maléfique dans laquelle il est plongé, et de l’évolution nationale qui suscite toutes les interrogations. La vie au Sénégal est devenue insupportable et c’est l’échec du modèle dominant proposé par Wade. Aujourd’hui, l’action citoyenne semble être la seule alternative pour sortir notre pays du gouffre dans lequel Wade et sa cohorte l’ont enseveli.

L’échec de la politique libérale du Président Wade, qui a régné sans partage sur l’économie nationale, est patent et, maintenant, largement admis. En dix ans, on a assisté à l’effondrement de notre croissance donc, à une baisse du niveau de vie. Une baisse plus importante et plus durable que tout ce qu’a pu connaître notre pays avant l’alternance de l’an 2000. Plus de la moitié de la population sénégalaise vit plus mal qu’au début des années 1990 avec moins d’un dollar par jour.

Cependant, cette situation est loin de signifier que les Sénégalais adopteront tous ces nouveaux messies, qui après avoir sympathisé et/ou participé, d’une façon ou d’une autre, au pillage de notre pays, prennent ou prendront avec malin plaisir le peuple comme valeur d’échange pour régler leurs comptes avec leur ancien mentor.

Les modalités de leurs démarches sont loin d’être citoyennes et même loin de servir le peuple Sénégalais.

Ce peuple qu’ils avaient abandonné, oublié durant dix années pendant lesquelles, avec leurs silences complices, le Président Wade et sa famille semaient la désolation et la terreur dans ce pays, nôtre.

Non, nous ne l’accepterons pas !

Leurs discours sont en retard et ne sont guère en phase avec le code institutionnel correspondant aux principes de la citoyenneté.

Le mouvement citoyen était là aux moments où ils servaient, ou flirtaient avec ces gens mêmes qu’ils combattent aujourd’hui. Cette force citoyenne a déjà obtenu des résultats visibles et palpables dans les banlieues et les coins les plus reculés, les plus démunis du pays. Cette force citoyenne a permis d’éclairer la monarchisation du pouvoir à laquelle ils ont assisté avec lâcheté, sans aucun égard pour le peuple. Au contraire ils ont favorisé cette monarchisation.

Pourquoi ne l’ont-ils pas dénoncé dès le début de sa conception ?

Où étaient-ils en 2002, 2003, 2004 jusqu’en 2009, lors des modifications successives de notre constitution pour des enjeux politiciens. Où étaient-ils lors du bradage des ICS aux Indiens ?

Où étaient-ils lors des multiples bradages des parts importantes de notre patrimoine national, en vue d’accumuler des fonds de campagne électorale, en vue de s’offrir des voyages luxueux à l’étranger ? Où étaient-ils quand on construisait un monument onéreux, inopportun dans le mépris des besoins urgents des populations ? Où étaient-ils durant toutes ces années de délestage, de pénurie de gaz, de cherté du pain, de rareté du sucre, de l’augmentation arbitraire des prix des denrées de première nécessité, de manque de médicaments dans les hôpitaux ? Où étaient-ils quand ce régime abusif violentait les journalistes, quand il acculait les honnêtes citoyens, quand il poussait les enseignants à des grèves sans retenue, quand élèves et étudiants étaient martyrisés ? Cette énumération n’est pas exhaustive.

Aucun de nos nouveaux Solon et Lycurgue ne s’avisa alors de s’ériger en rempart devant le peuple. Aucun d’entre eux ne prit le parti de dire non, de défendre les principes Républicains. Aucun d’entre eux ne se démarqua du système, n’osa contredire Wade. Aucune de leurs voix ne s’éleva, ne retentit. Ils applaudirent à toutes les injustices. Ils se turent devant toutes les exactions. D’où la légitime question :

Pourquoi notre peuple devrait-il, aujourd’hui, les élever au rang de vigiles insomniaques des intérêts du peuple et de la Nation ?

Pourquoi devraient-ils être perçus comme les représentants des forces citoyennes populaires ?

En mettant l’accent sur ses responsabilités, la mobilisation citoyenne a recréé un vaste élan d’espoir dans notre pays. Elle a redonné souffle à l’idée qu’un autre Sénégal est possible si nous y croyons. Cette évolution de la conscience citoyenne est perceptible dans la floraison d’idées et de propositions nouvelles postulant à de meilleures conditions de vie. Elle s’appuie sur la montée d’une expertise citoyenne qui s’ancre petit à petit dans les consciences. Elle transparait lors des marches des marchants ambulants, au cœur des lassitudes des ménagères, des protestations des imams, des jeunes, des handicapés, des travailleurs syndiqués ou non. Ces mouvements sont dirigés par des responsables de toutes les couches, dans tous les horizons de notre pays. Voila les mobilisations qui sont aujourd’hui porteuses de la demande sociale et politique qui commence à peser sur les institutions de l’état. Et cette force dans sa constitution et son évolution a des échos sonores chez nos partenaires financiers, chez les pays supporters de l’avancée de la démocratie dans le monde, dans les écoles et les universités et sur le débat intellectuel à travers les média.

Nous ne laisserons jamais ces « nouveaux arrivants » squatter  tous ces efforts consentis durant toutes ces années d’un combat entamé au moment où ils humaient les efflues émanant du Palais Présidentiel.

Nous disons non à  leur démarche politicienne de Récupération. Le nouveau modèle citoyen est, en fait, un modèle de reconquête nationale. Il démontre que la bataille intellectuelle n’est pas la seule forme de lutte sociale. Il a tiré les leçons des échecs et des faiblesses des modèles précédents des sociétés civiles et des politiciens. Le nouveau modèle propose une nouvelle cohérence nationale comme alternative incontournable quant à la recherche de solution à nos problèmes. Il a tiré profit de la contestation géosociale du système politique qui s’est effondré progressivement depuis 2000. Le mouvement citoyen sénégalais construit une alternative incontournable autour d’une ligne directrice, celle du respect des populations. Dans chaque quartier et chaque village du pays, on voit progresser la prise de conscience de l’impasse portée par le régime du Président Wade. Une contre-tendance montre qu’il est possible de réguler les complots  politiciens, l’injustice, le gaspillage, la corruption, les abus de pouvoir qui doivent désormais être combattus par un engagement citoyen pour obtenir le respect des droits du peuple.

Cet engagement est essentiel pour rappeler les valeurs et les principes, pour exiger des garanties, pour contrôler toute mise en œuvre de politiques ou décisions visant le contraire des intérêts du peuple sénégalais. Cependant, il est nécessaire de prendre des dispositions pour contrecarrer les visées des mouvements « carnivores » politiciens récupérateurs. Des initiatives pour protéger l’autonomie des vrais mouvements citoyens sont absolutoires.

Aujourd’hui, le mouvement citoyen sénégalais a, chemin faisant, défini les principes nouveaux devant fonder les politiques économiques et sociales de notre pays.

Le vrai mouvement citoyen refuse la subordination de la justice. Il veut renforcer l’égalité, le contrôle démocratique des instances de régulation, la garantie et l’approfondissement des droits fondamentaux, la prise en charge des problèmes des Sénégalais, trouver des solutions sénégalaises proposées par les Sénégalais eux-mêmes.

A l’idée simple, voire simpliste, qu’une bonne gouvernance et une transparence assurées par des institutions démocratiques permettent de résoudre tous nos problèmes, on peut répondre que la conscience citoyenne est la seule voie de l’assurance d’une politique économique adéquate qui peut garantir, équitablement, l’accès aux services de base et la satisfaction des besoins fondamentaux pour tous les Sénégalais.

Combattons pour préserver l’honneur et la dignité du peuple Sénégalais qui souffre toujours la misère. Ce combat, certes, est plus difficile, dès lors que le pouvoir corrompu et corrupteur a su mettre en place, en accompagnement, au décor démocratique de façade, une société civile virtuelle et une opposition mal gérée, chargées toutes deux de polluer l’environnement de la lutte politique et sociale. Mais il est possible de gagner la bataille, de remporter la victoire. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous auto-organiser et de nous mobiliser pour défendre notre République démocratique et unie, consacrée aux valeurs de la citoyenneté.

A cet effet, l’Alternative Citoyenne And Defar Sunureew (ACAD) exige de toutes les forces citoyennes réelles plus de lucidité et de responsabilité allant dans le sens de la dynamique de lutte pour la citoyenneté, en œuvrant dans une démarche constructive de rassemblement citoyen. Il appelle la population à resserrer les rangs, en faisant de ces moments difficiles qu’ils vivent, des moments de fraternité ; en faisant de la redynamisation du combat citoyen un credo pour le recouvrement de nos droits démocratiques, allant tous dans le sens de briser le joug esclavagiste qui nous est imposé par un régime totalitaire squatteur de la souveraineté populaire.

Enfin, l’ACAD., tout en rendant hommage aux martyrs et victimes du régime abusif du Président Wade, tient à réitérer sa détermination inébranlable à faire aboutir les idéaux véhiculés par sa plate-forme ratifiée lors de son dernier Congrès extraordinaire de Bologne, en Italie.

Citoyennement.

Vive le Sénégal

Vive le peuple Sénégalais

Vive l’ACAD.

www.acadsenegal.com



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