Docteur en Sciences Islamiques (Thèse portant sur « La Problématique de Gestion des Affaires Religieuses dans les Etats d’Afrique de l’Ouest – diagnostics et solutions : Le cas du Sénégal ») Al Quaraouiyine / Maroc – 2022.J'ai suivi avec intérêt le débat qu'a suscité l'annonce de création d'une Direction destinée à la gestion des Affaires Religieuses et l'insertion des diplômés d'arabe. Bien que passionnant, il est constaté que la plupart des contributions à ces débats sont allées dans le sens de questionner la pertinence de cette décision. Or, je pense qu'au vu des changements de paradigme qui s'annoncent à l’horizon, et devant cette nouvelle voie jusque-là inexpérimentée dans toute la trajectoire de notre pays, l’urgence est de se pencher sur ces questions avec une approche opérationnelle. Le temps du chercheur n'est pas celui d'un politique qui a besoin d'une assistance pointue. L'attente des Sénégalais ne laisse pas aux ces derniers le temps de rester dans les périphériques par rapport aux urgences.
En ma qualité de spécialiste, ayant écrit une thèse de doctorat sur le sujet, je me permets de proposer ici les esquisses de ce que doit être notre politique de Gestion des Affaires Religieuses.
Se faisant, j’entends participer dans l’élaboration d’une politique nationale des Affaires Religieuses basée sur des études et des réflexions menées sur le sujet pendant des années, et tenant compte des préoccupations, de la particularité, et des aspirations du peuple Sénégalais.
Ici, Il sera question de fixer des objectifs stratégiques qui doivent servir de repère pour ces politiques de gestion des Affaires religieuses, fixer les axes d’intervention, et les divisions qui seront chargées de l’exécution de la politique religieuse de l’Etat du Sénégal.
Il me semble utile de préciser que ces propositions portent exclusivement sur la partie chargée des affaires musulmanes au sein de ladite Direction, les autres communautés peuvent développer des propositions partant de leurs propres spécificités.**Objectifs stratégiquesLa gestion des Affaires Religieuses doit porter sur des objectifs stratégiques bien définis. Compte tenu de nos réalités sociétales et de nos préoccupations, ces objectifs peuvent être formulés à travers les points suivants :
o l’organisation et l’encadrement de la vie religieuse au sein de la communauté musulmane, dans le respect de l’ordre public conformément aux dispositions de la Constitution.o Harmoniser, dans la mesure du possible et sans aucune contrainte, les pratiques religieuses au sein de la communauté musulmane.o Valoriser et promouvoir le patrimoine musulman sénégalais ;**Domaines d’intervention de cette institutionPour bien cerner l'action du Bureau des Affaires Musulmanes, les domaines d’intervention de celui-ci doivent être clairement identifiés. Les axes suivants peuvent servir de référence pour identifier les domaines d'intervention de ce Bureau :1. Les lieux de culte,2. Les cultes publics (ceux qui sont en rapport avec la sphère publique),3. Les discours religieux et le vivre-ensemble,4. L’enseignement religieux,5. Le Waqf et la Zakat.**De la composition du Bureau des Affaires Musulmanes au sein de cette Direction:Pour la bonne exécution de cette politique de gestion, il est important de créer des des offices, chacun chargé de dérouler la politique du bureau des Affaires Musulmanes dans son domaine spécifique.Ces offices peuvent être constitués ainsi :1) Un office consacré aux lieux de culteChargé de :-La gestion des lieux de cultes,-Les autorisations de construction de lieux de cultes, après des études d'impact et le respect du cadre confessionnel-L’accompagnement technique et financier des projets de construction,-La conformité2) Un office de culte publicChargé de :-Veiller à l'organisation du pèlerinage à la Mecque (Ceci peut emmener occasionnellement à la jonction de la Délégation Générale au Pèlerinage Aux Lieux Saints à cette Division)-La fixation du calendrier des grandes fêtes religieuses : Korité, Tabaski, etc., cela peut nécessiter la création d’une Commission/ conseil national officiel chargé de superviser ce travail. 3) Un office du discours religieux et du vivre-ensembleChargé de : -La définition des limites à respecter dans les discours religieux de façon à éviter les stigmatisations et de porter atteinte aux symboles ou figures religieuses,-La Fatwa (émettre des avis religieux conformes, en cas de besoin), ceci peut nécessiter la création d’un conseil national de Fatwa pour ne pas laisser la place à d’éventuels avis religieux qui peuvent impacter négativement sur la vie religieuse de la communauté.4) Un office consacré à l’enseignement religieuxChargé de :-L’enseignement religieux, de sa promotion et de son inspection,-Les daaras, -Les autorisations d’implantation d’établissements d’enseignements religieux, et veiller au respect des cahiers de charges en respectant le cadre confessionnel national et local,5) Un office consacré au Waqf et à la ZakatChargé du Financement des cultes musulmans à travers des mécanismes mis en place par la sharia pour financer le service de culte public à savoir :1) La Zakat (impôt obligatoire, selon des conditions précises), 2) Le Waqf (biens donnés ou légués afin d'être détenus en fiducie perpétuelle ou temporaire, en faveur de causes caritatives générales ou spécifiques d'intérêt social ou cultuel), 3) La Sadaqa (aumône, ou don spontané, non obligatoire et non soumise à des conditions particulières. Ces trois mécanismes peuvent financer l’enseignement et l’éducation religieuse et les cultes, à condition d’être organisés, encadrés et bien gérés (de la récolte à la distribution). Ceci peut nécessiter la jonction de la Haute Autorité du Waqf à cette Division.Pour finir, il est constaté, ces derniers jours, l’éruption de différents profils d’un peu partout, promus pour diriger cette Direction. Un administrateur civil, laïc, serait bon pour être à la tête de cette Direction. La Direction étant composée de deux départements : l’un chargé de l’insertion des diplômés d’arabe, et l’autre chargé des Affaires Religieuses, aura à la tête de chaque département un chef. Au sein du département des Affaires Religieuses il peut y avoir des divisions au nombre des religions prises en compte ; avec des chefs à la tête de chaque division.Le directeur de cette Direction doit être un bon connaisseur des Affaires Religieuses, et avoir une bonne connaissance de la scène religieuse du Sénégal (du passé et de l’actuel), doté d’un sens de leadership, modéré, non clivant, et consensuel.Puisse Allah éclairer la vision des dirigeants pour choisir le meilleur.
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