Félix Atchadé, Seydina Oumar Touré et la tentation de l’épuration (Par Adama Ndiaye)
Interpellé le 24 octobre dernier sur le cas Samba Ndiaye, cacique de l’ancien régime nommé Président du Conseil d’Administration de la SNHLM - nomination pourfendue par plusieurs cadres du pouvoir dont le Premier ministre -, le Président Bassirou Diomaye Faye s’est posé en rassembleur : “Nous devons faire preuve de dépassement (…) Nous avons annoncé des appels à candidature, donc nous ne nous bornons pas seulement aux gens qui font partie de nous (PASTEF). Ceux qui, par le passé, nous ont injuriés y font également partie. Les Sénégalais nous ont fait confiance grâce à notre projet, et ce projet inclut tous les Sénégalais”.Cet appel au dépassement et au rassemblement irrigue-t-il son camp ? On peut en douter après les sorties récentes du ci-devant capitaine de gendarmerie Seydina Oumar Touré et de l’intellectuel proche de PASTEF Félix Atchadé, qui tient une chronique régulière dans le journal, Yoor Yoor.Dans un tweet publié le 24 novembre, M. Touré pourfend ce qu’il appelle des “éléments subversifs” au sein de l’administration. “L'étreint SIC) de ces fonctionnaires réactionnaires comme disait le capitaine Thomas Sankara, doit être rapidement annihilé, au risque de ramer à contre courant et c’est fatal en politique”, propose-t-il. https://x.com/SeydinaOTOure/status/1871471223760200154Comment “annihiler” ces “fonctionnaires qui “refusent d’accepter le changement et réfutent catégoriquement l’idée de se soumettre à l’autorité du nouveau pouvoir” ? C’est la question qu’on est tenté de poser au Directeur général de l'Agence d'Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP). Propose-t-il d’épurer, de dékoulakiser l’administration sénégalaises de ses “éléments subversifs” ? Le propos de Félix Atchadé est beaucoup moins inquiétant mais tout aussi révélateur. Dans un éditorial publié ce lundi 30 décembre, M. Atchadé réclame rien de moins que l’excommunication de Souleymane Bachir Diagne de la Radio Télévision Sénégalaise. En résumé, M. Atchadé estime pour le déplorer que la RTS invite trop Souleymane Bachir Diagne. Pour lui ce dernier “n’a aucune légitimité pour commenter l’actualité sénégalaise” après son “silence” lors des troubles politiques entre 2021 et 2024.En conclusion, M. Atchadé - une réincarnation de M. Marat ou des intellectuels communistes qui dressaient à tout bout de champ des listes noires de collègues à faire taire - voit en Souleymane Bachir Diagne l’intellectuel organique de ce vieux système à défaire. “Le Sénégal est à un tournant historique, et si un véritable changement est envisagé, il doit s’accompagner d’un renouvellement des voix intellectuelles et politiques qui animent le débat public. La transformation passe par une prise en compte des luttes populaires et par la mise en avant de ceux qui les incarnent réellement”, estime-t-il. Plus prosaïquement, M. Atchadé somme la RTS et les autres médias publics - qu’il conçoit au passage comme des organes de parti et de propagande - à n’inviter que des compagnons de route de l’épopée de PASTEF. Une curieuse conception de la démocratie et du débat public. Adama NDIAYE
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